Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe -14 octobre 2025

Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne (au centre) était présente à Paris pour discuter de la mise en place du plan de paix à Gaza (09/10/2025 / EC - Audiovisual Service) Aujourd'hui en Europe -14 octobre 2025
Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne (au centre) était présente à Paris pour discuter de la mise en place du plan de paix à Gaza (09/10/2025 / EC - Audiovisual Service)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Gaza : Reconstruire avec des briques européennes
  • OTAN : Russie, une menace menacée 
  • Chine : Face aux retombées de la guerres économiques entre Pékin et Washington, l’Europe reste zen

On ouvre ce journal à Gaza, où , des foules ont accueilli les prisonniers palestiniens libérés par Israël en fin d'après-midi hier après que les derniers otages aient été libérés dans les heures qui avaient précédé. 

Oui, plusieurs cars remplis d’ex-prisonniers ont rejoint les villes de Ramallah, en Cisjordanie occupée, et de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza. 1968 prisonniers au total, dont certains retrouvaient la liberté après des années de captivité, voire des décennies. Leur libération s’est effectuée en échange de celle des 20 derniers otages israéliens vivants jusqu’alors retenus par le Hamas dans la bande de Gaza.

Dans le même temps, Donald Trump rejoignait ses homologues à Charm El-Cheikh, en Egypte - 31 dirigeants de pays et d’organisations internationales, réunis pour parler de la suite. La mise en œuvre du plan de paix n’en est qu’à ses débuts, et nombreux États cherchent à définir le rôle qu’ils vont y jouer.

Notamment l’Europe est bien disposée à augmenter sa présence à Gaza et son investissement.

Oui, les chefs d’Etats de l’UE étaient nombreux au sommet : le Premier ministre espagnol, la présidente du Conseil italien, le chancelier allemand, le président français, ou encore le président du conseil européen, Antonio Costa. 

Sur France 3 dimanche, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, expliquait que l’Europe allait, je cite, “très vraisemblablement” augmenter sa présence sur le terrain, dès qu’un cessez-le-feu durable sera instauré. Il a notamment insisté sur l’importance d’un “mandat clair des Nations unies” dans l’organisation internationale de stabilisation que requiert le plan de paix - mais si les Etats-Unis ont déjà annoncé envoyer des troupes armées, la France, elle, ne s’est pas encore prononcée. Jean-Noël Barrot a reconnu au passage que la crise politique nationale “réduit la capacité française à agir à l’extérieur”.

Mais si l’Europe n’a pas encore clairement défini son rôle dans le plan de paix, il faut le rappeler elle est déjà très présente sur place.

Oui, à commencer par sa mission de surveillance au poste-frontière de Rafah, l’EUBAM, qui régule les passages entre l’Egypte et la bande de Gaza. Ses principales fonctions avaient été interrompues entre 2007 et 2025, puis de nouveau en mars cette année, mais elle devrait reprendre ses activités dès la mise en place du cessez-le-feu.

Ce n’est pas tout, la mission de l’EUPOL COPPS, initiée en janvier 2006, vise à renforcer la police en Palestine et renforcer le développement d’instances juridiques et pénales de l'Autorité palestinienne. Jean-Noël Barrot a par ailleurs rappelé le caractère essentiel de cette mission, pour “garantir que les forces palestiniennes assurent elles-même la sécurité dans la bande de Gaza” après le départ du Hamas et des forces du Tsahal. 

Reste à voir quel rôle va endosser l’Europe dans le désarmement du Hamas justement, une étape cruciale de la deuxième phase du plan de paix. La direction du Hamas - organisation terroriste pour l’Union européenne rappelons-le - a, jusqu’ici, rejeté cette proposition.

On continue ce journal à Bruxelles, au siège de l’OTAN, en revenant sur cette mise en garde des services secrets allemands quant à un risque de conflit militaire avec Moscou d’ici 2025 alors que les attaques de la Russie en Ukraine s’intensifient à l’approche de l’hiver.

Oui, “pour étendre sa zone d’influence et rendre l’Europe dépendante de la Russie”, Moscou “n’hésitera pas, si nécessaire, à entrer en conflit militaire direct avec l’Otan”. Ces mots, ce sont ceux de Martin Jäger, chef des services secrets allemands. Un avertissement qui intervient après de nombreuses incursions de drones dans l’espace aérien de l’Europe et la multiplication de stratégies de désinformation dans certains pays de l’Est comme la Pologne ou la Moldavie.

En visite à Kyiv ce lundi, la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, alertait justement sur le “risque d’escalade” de ces intrusions de drones. La Russie, selon elle, “joue avec la guerre”. Kaja Kallas était en Ukraine pour discuter de la poursuite du soutien financier et militaire de l’UE à Kyiv.

Sa présence faisait notamment suite au bombardement de plusieurs infrastructures énergétiques ukrainiennes.

Oui, des attaques qui ont entraîné des coupures d’électricité dans pas moins de sept régions du pays. Depuis plusieurs semaines, Moscou cible stratégiquement ces infrastructures à l’approche de l’hiver - la semaine dernière déjà, dans la nuit de jeudi à vendredi, la capitale ukrainienne s’est retrouvée partiellement dans le noir. Sans chauffage ni électricité donc, alors que les températures atteignent déjà les cinq degrés à Kyiv la nuit.

Parallèlement, la défense ukrainienne pourrait bénéficier d’une nouvelle arme : des missiles à longue portée, les Tomahawks américains. Donald Trump a averti dimanche qu’il réfléchirait à en livrer à l’Ukraine si le conflit ne se réglait pas rapidement. Une annonce “extrêmement préoccupante” a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. 

On termine ce journal en s'intéressant à la guerre commerciale entre Washington et Pékin, qui a pris une nouvelle tournure, avec des conséquences potentiellement graves pour l’Europe.

Oui, jeudi dernier, souvenez-vous, la Chine a décidé d’imposer une régulation très stricte à tous ceux qui souhaitent lui acheter des terres rares - ces matériaux essentiels, notamment dans les nouvelles technologies. Pour les Etats-Unis, qui imposent déjà des droits de douanes exorbitants au pays, c’est la goutte de trop : Donald Trump a menacé samedi de mettre en place une nouvelle taxe de 100% sur les importations chinoises.

Pas de quoi faire trembler le gouvernement de Pékin cependant qui a déclaré qu’il n’avait “pas peur” d’une “guerre tarifaire”. 

L’Europe pourrait également payer une partie des conséquences de cette guerre tarifaire.

Oui, car si la Chine ne peut plus vendre aux Etats-Unis, elle peut très bien rediriger ses exportations vers le reste de l’Asie et l’Europe, quitte à en écraser la concurrence. Entre février et août 2025 - soit depuis l’accession de Donald Trump au pouvoir - les exportations chinoises à destination du vieux continent ont grimpé de 16,8 milliards d'euros, 3% de plus en 6 mois.

L'excédent chinois vient donc inonder le marché européen, à moindre prix. La commission pourrait, comme c’était le cas pour l’acier ou les panneaux solaires, mettre en place des droits de douanes et des barrières tarifaires pour protéger le marché européen.

Un journal de Paul Thorineau, Ulrich Huygevelde et Baptiste Maisonnave