Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Margot Klein, Thomas Kox, Giona Melotto, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen négocie un accord financier entre l’UE et le Mercosur
- L’Ukraine sanctionne plusieurs dirigeants géorgiens
- En Roumanie, des documents confidentiels suggèrent que Moscou se serait impliqué dans la campagne de Calin Georgescu
Bonjour, entamons ce journal en évoquant une décision politique très controversée que s’apprête à prendre Ursula von der Leyen.
Bonjour, oui la présidente de la Commission européenne vient d'atterrir à Montevideo, en Uruguay ce jeudi 5 décembre afin de négocier un accord financier entre l’UE et le Mercosur, une alliance de plusieurs pays sud-américains dont le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie.
Pourquoi cet accord est-il tant contesté et par qui ?
Le pays le plus opposé à cet accord, qui a mis 25 ans à être négocié, est la France. Le pays craint une perte de compétitivité sur l’industrie du bétail, un désastre environnemental mais aussi un sacrifice de son marché agricole. D’ailleurs, des protestations massives d’agriculteurs ont eu lieu ces derniers mois pour protester contre la signature d’un tel accord. A l’inverse, parmi les partisans, on compte notamment l’Allemagne, autre géant européen, qui y est, pour sa part, très favorable.
Cette décision d’Ursula von der Leyen, malgré la ferme opposition de la France, traduit, pour beaucoup d’observateurs, une baisse de l’influence française à Bruxelles.
Et selon de nombreux analystes, la chute du gouvernement de M. Barnier ce mercredi 4 décembre risque de renforcer cette tendance alors que la crise politique française pourrait, selon certains, se transformer en crise de régime.
Cet accord de libre échange avec le bloc Mercosur permettrait, selon la Commission européenne, de développer massivement les échanges commerciaux avec l’Amérique du Sud.
Oui, notamment l’import en Europe de matériaux rares comme le lithium à bas prix. Ces minerais sont entre autres utilisés pour produire des voitures électriques, particulièrement importants notamment pour l’industrie automobile allemande. Ursula von der Leyen a d’ailleurs déclaré sur le réseau social X que, je cite, “ la ligne d'arrivée de l'accord UE-Mercosur est en vue”. Elle a défendu l’accord, soulignant qu’il permettrait de créer un marché de 700 millions de personnes, du jamais vu.
L’accord survient aussi alors que le retour prochain de Donald Trump à la Maison-Blanche fait peser la menace d’une guerre commerciale avec les Etats-Unis.
Le libre-échange de produits sud-américains avec l’Europe créerait donc de nouvelles opportunités économiques. Mais pour ses détracteurs, dont nombre d’agriculteurs, l’accord permettrait l’import de bœuf élevés dans des conditions contraires aux normes européennes sur l’alimentation et la sécurité alimentaire. Et les activistes environnementaux alertent aussi sur le désastre que pourrait causer l’accord pour la déforestation et la biodiversité.
Poursuivons notre journal en Géorgie, où l’Ukraine a sanctionné plusieurs dirigeants.
Jeudi 5 décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré sanctionner près de 20 dirigeants géorgiens, dont le premier ministre Irakli Kobakhidze et le fondateur du parti prorusse au pouvoir Bidzina Ivanichvili.
Et Paul, quelle est la raison de ces sanctions ?
Les sanctions sont une réponse à la répression violente des manifestations pro-Europe qui se tiennent actuellement suite au résultat contesté des élections législatives de fin octobre 2024. C’est le parti prorusse accusé de dérives autoritaires du Rêve Géorgien qui l’a emporté, mais de nombreux observateurs dont l’UE accusent le parti de fraudes électorales. Suite à cela, de nombreuses manifestations pro-démocratie et pro-europe ont éclaté mais sont violemment matées par les forces de l’ordre, qui utilisent notamment du gaz lacrymogène sur la foule. De nombreux manifestants ont par ailleurs été arrêtés et sont blessés.
Les sanctions du président ukrainien visent donc ceux qui ont contribué à cette répression.
Volodymyr Zelensky a d’ailleurs déclaré que “les sanctions visent la partie de la Géorgie qui , je cite, livre [le pays] à Poutine.” Il fait ainsi référence aux liens étroits qu’entretient le parti au pouvoir à Tbilissi avec Moscou. “Nous devons être unis face à Moscou”, a-t-il ajouté.
Et les sanctions sont économiques, avec des gels d’actions mais ce n’est pas tout.
Les individus visés font aussi face à une interdiction de se rendre sur le territoire ukrainien. D’autres pays, comme la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie, ont également imposé des sanctions similaires.
Terminons ce tour des actualités en Roumanie, où le président sortant Klaus Iohannis vient de publier des documents confidentiels sur la campagne de Calin Georgescu.
M. Georgescu est le candidat d’extrême droite et prorusse arrivé en tête du premier tour des élections présidentielles il y a deux semaines. Mais suite à sa victoire, des accusations d’irrégularités pendant sa campagne sont sorties, mettant en cause notamment la plateforme TikTok.
Et selon ces documents classifiés des services secrets roumains, M. Georgescu aurait bénéficié de soutien étranger pour sa campagne.
Et pas n’importe lequel. A demi-mot, ces documents suggèrent que Moscou se serait impliqué dans la campagne et aurait tout fait pour faire pencher la balance en faveur de M. Georgescu, une victoire que personne n’avait vu venir. Cela a été fait en rémunérant des influenceurs et autres membres de groupes extrémistes pour promouvoir la candidature de Calin Georgescu notamment sur Tik Tok.
Et cette campagne TikTok qui semble avoir été financée par des agents étrangers rappelle le cas de la Moldavie.
Les Moldaves ont eux aussi voté il y a quelques semaines pour élire leur président, et Moscou a été accusé de lourdes ingérences lors de la campagne. Le Kremlin aurait donc utilisé des méthodes similaires à celles employées en Moldavie pour influencer la campagne électorale en Roumanie. Moscou aurait aussi été l’auteure de cyberattaques sur le système électoral roumain au moment du vote.
Un journal de Pierre-Henri d’Esterno et Paul Thorineau.