Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. Avec Joris Schamberger, Ariane Dana, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Les élections municipales en Turquie
- La découverte d’un réseau d’influence russe actif jusqu’au sein du Parlement européen
- La légalisation du cannabis en Allemagne
À la une de ce journal, les élections municipales en Turquie. Un scrutin qui a tourné à la déroute pour le Président Recep Tayyip Erdogan et son parti l’AKP.
Pourtant le chef d’État, réélu il y a moins d’un an, nourrissait de fortes espérances pour ce scrutin qui s’est transformé en vote sanction. En ligne de mire : la capitale Ankara et Istanbul, dont le Président Erdogan a été le maire dans les années 1990 et dans laquelle vit 20% de la population. Deux villes qui étaient jusque-là dirigées par l’opposition et que l’AKP souhaitait à tout prix récupérer. En témoigne l’implication du chef d’État dans la campagne et dont les apparitions médiatiques se sont multipliées pour soutenir les candidats de son parti.
Loin des espoirs d’Erdogan c’est le parti kémaliste, le CHP qui a conservé ces deux villes tout en s’emparant de plusieurs autres bastions de l’AKP.
Les cinq plus grandes villes du pays, Ankara, Istanbul, Izmir, Bursa et Antalya seront désormais dirigées par un maire d’opposition. Autre chiffre évocateur : au niveau national les kémalistes ont récolté 37,5% des voix, soit 2% de plus que l’AKP. Un résultat catastrophique pour le Président Erdogan qui a reconnu lors d’un discours à Ankara que ce résultat “n’était pas celui que son parti espérait”.
Pour l’opposition en revanche, c’est un large succès après la désillusion de la présidentielle du mois de mai dernier.
Pour rappel, le CHP nourrissait de grands espoirs l’an dernier de bousculer le Président Erdogan qui semblait plus vacillant que jamais. Pourtant, le chef de l’Etat turc, au pouvoir depuis 2003, avait malgré tout réussi à déjouer les pronostics, conservant son poste au terme d’un scrutin décevant pour l’opposition. Cette victoire aux municipales est donc le plus important succès électoral depuis l’accession de l’AKP au rênes du pouvoir.
Comment peut-on expliquer cette défaite historique de l’AKP ?
Le parti au pouvoir subit encore les retombées du séisme qui a fait 53 000 morts dans le sud-est du pays en 2023. Il paie le retard qu’a pris la reconstruction des plus de 650 000 logements détruits il y a un an. S’ajoute à ce contexte particulièrement difficile pour la population une inflation totalement hors de contrôle. Les prix ont augmenté de 67% dans le pays en un an, tandis que la valeur de la livre turque est à un niveau historiquement bas.
Poursuivons ce tour de l’actualité en évoquant la découverte d’un réseau d’influence russe actif jusqu’au sein du Parlement européen, incitant les eurodéputés à demander une enquête au Parlement.
Oui, depuis Prague, une nouvelle secousse ébranle le paysage politique européen. Le mercredi 27 mars, les services de renseignement tchèques ont mis au jour un réseau d'influence financé par Moscou, ayant des ramifications jusqu'au cœur même du Parlement européen. Ce réseau, dont les activités ont été dévoilées au grand jour via le site Voice of Europe, a soutenu la diffusion de la propagande prorusse concernant l'Ukraine, tout en achetant des faveurs et des voix de parlementaires européens.
Dans une déclaration officielle, Prague a révélé les dessous de ce plan russe, suscitant des réactions en cascade au sein de la sphère politique européenne.
Oui, le vendredi 29 mars, les groupes libéraux et Verts au Parlement Européen ont rapidement appelé à une enquête interne approfondie pour éclaircir les ramifications et les conséquences de cette infiltration. Le Premier ministre belge, Alexander de Croo, a souligné que ce réseau russe avait ciblé des eurodéputés, les rémunérant pour propager la propagande du Kremlin et influer sur les décisions européennes.
Cette nouvelle affaire secoue le Parlement européen déjà ébranlé par le "Qatargate" depuis 2022.
Oui, les soupçons de corruption impliquant le Qatar et le Maroc ont jeté une ombre sur l'intégrité de certains élus européens ; une ombre renforcée par cette nouvelle affaire. De nombreux eurodéputés ont fermement affirmé que la démocratie européenne doit être protégée contre de telles menaces, en particulier à l'approche des élections européennes de juin. Une porte-parole de l'institution a indiqué que les conclusions des autorités tchèques étaient en cours d'examen, notamment en ce qui concerne le média Voice of Europe.
Terminons ce journal en nous rendant en Allemagne, où le cannabis a été légalisé avec la mise en application d’une des lois les plus libérales d’Europe.
Oui, depuis le lundi 1er avril, l'Allemagne s'est jointe à la courte liste de pays européens ayant opté pour la légalisation du cannabis à usage récréatif. Cette décision historique fait de l'Allemagne l'un des trois seuls États européens à franchir ce pas, aux côtés de Malte, qui a ouvert la voie en 2021, et du Luxembourg en 2023. Cette loi phare pour le gouvernement du chancelier Olaf Scholz autorise ainsi l’achat de jusqu’à 25 grammes de cannabis par jour par le biais d’associations à but non lucratif, ainsi que de cultiver chez soi jusqu’à trois plants pour son usage personnel.
Des restrictions demeurent tout de même.
Oui, les consommateurs sont limités à une quantité maximale de 50 grammes par mois, et des zones interdites de consommation ont été définies, notamment autour des écoles. De plus, l'accès à cette substance est strictement interdite aux mineurs. Des restrictions considérées comme insuffisantes par les détracteurs de cette nouvelle réglementation. Si elle doit, d’après le gouvernement, permettre de lutter plus efficacement contre le trafic, la légalisation du cannabis à usage récréatif a en effet beaucoup clivé au sein de la société comme au sein du parlement.
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.