Lynn Rietdorf, pouvez-vous, tout d’abord, nous faire un petit rappel de ce qu’est la COP?
La COP est la «Conférence des Parties» à la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique en bref la CCNUCC. La première conférence des Nations Unies dédiée au changement climatique a eu lieu à Rio de Janeiro au Brésil en 1992, il y a donc 30 ans.
Depuis 1995 les parties à la CCNUCC (aujourd’hui 195 pays) se réunissent chaque année pour trouver des solutions globales à la crise climatique.
Il y a eu deux COP clés depuis, celle de 1997 qui a donné lieu au protocole de Kyoto, et celle en 2015 qui a donné lieu à l’Accord de Paris.
Dans le protocole de Kyoto les pays développés dont l’Union Européenne, le Canada, le Japon et la Russie, se sont engagés à réduire leurs émissions chacun d’un certain pourcentage. Cet engagement était juridiquement contraignant et punissable. A noter que les Etats-Unies qui étaient alors les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre n’ont jamais ratifié le protocole de Kyoto. Alors que le Canada s’est retiré du Protocole de Kyoto en 2011.
L’accord de Paris quant à lui, prend une tout autre approche. Tous les pays, les pays en voie de développement inclus, déterminent eux-mêmes un objectif de réduction de GHG et la revoient tous les 5 ans, sans encourir de pénalité s’ils n’atteignent pas leur objectifs. Ce sont lesdites contributions déterminées aux niveau nationale. Ensemble ils devraient assurer que le réchauffement climatique reste bien en dessous de 2°C des températures historiques.
Où sommes-nous aujourd’hui avec l’objective de 2°C?
Alors, le réchauffement actuel est de 1,2 °C et avec les contributions actuellement communiqués nous somme en voie d’atteindre 2,4 °C. Pour atteindre l’objectif de 2°C, les pays devraient donc mettre sur la table des objectifs bien plus ambitieux. C’est ce qui a été promis lors de la COP26 l’année dernière. Tous les pays étaient censés revoir leurs objectifs en vue de les rehausser avant la COP27 cette année. Or, en termes de grands émetteurs, seul l’Australie a annoncé un nouvel objectif plus haut depuis.
Quels vont être les sujets sur la table en Egypte cette année?
Cet année, la COP27 a lieu en Egypte du 7 au 20 Novembre. La présidence égyptienne a annoncé que le premier sujet de cette COP27 sera les pertes et dommages (loss and damages) en anglais.
Jusque là les pays développés ont refusé de reconnaitre leur responsabilité historique envers les pays en voie de développement qui sont souvent les plus touchés par le changement climatique, alors que leurs émissions historiques sont bien plus basses.
Les pays en voie de développement demandent l’établissement d’une facilité financière pour les pertes et les dommages. Les pays en développement refusent une telle facilité financière qui impliquerais aussi l’aveu de la responsabilité historique.
Malheureusement, aucun compromis semble en vue.
Le deuxième sujet clé sera le rehaussement des contribution nationales, mais là encore, aucun des grands émetteurs comme la Chine, l’Inde, les Etats-Unis ou même l’Europe ne semble prêt à se dépasser eux-mêmes.
Le Parlement Européen votera une résolution cette semaine dans laquelle il demande le rehaussement de l’objectif et demande à créer une facilité financière pour les pertes et dommages.
Les états membres de l’UE sont attendus de donner le mandat officiel de négociation à la Commission le 25 octobre. Mais il y a une réticence générale chez les Etats de l’UE de rehausser l’objectif avant que les négociations législatives sur le paquet fit for 55 aboutissent.
Les négociations ne seront jamais terminés avant le début de la COP27. Donc l’Europe loupera cette occasion importante de donner l’exemple à l’international pour atteindre l’objectif commun de garder le réchauffement climatique en dessous de 2°C. Les états membres sont également opposés à la création d’une facilité financière pour les pertes et les dommages.
La COP27 risque donc d’être une grande déception et de ne pas faire avancer de manière signifiante la lutte contre le changement climatique, dans cette année qui a été si lourde en conséquences de ce dernier
Entretien réalisé par Laurence Aubron