À quelques mois des élections européennes qui se tiendront le 9 juin prochain, cette chronique de Mathieu Maillard sur euradio a pour but d'informer chaque semaine sur un fait lié à cette élection.
Matthieu Maillard vous nous parlez aujourd’hui de la grande enquête EurHope qui concernait l’opinion des jeunes européens sur l’UE à l’approche des européennes. Comment celle-ci s’est-elle déroulée ?
Alors pour mobiliser les jeunes avant les élections européennes, deux organisations, Make.org et JEF Europe leur ont proposé de participer à une grande consultation citoyenne qui s’appelait « EurHope ». Les 5 069 propositions reçues ont été ensuite soumises au vote des participants, dont les résultats ont été présentés le vendredi 10 novembre dernier.
Et quels sont les principaux éléments de l’enquête ?
Alors on peut révéler qu’un sujet fait l’unanimité : l’écologie.
Sans surprise, les jeunes ont développé beaucoup de propositions sur la lutte contre le réchauffement climatique. Parmi les idées écologiques les plus défendues on peut citer l’accélération de la transition énergétique et la réduction des émissions de carbone, le renforcement de la protection de la biodiversité, le soutien des industries qui vont vers le recyclage et la durabilité… Mais aussi un appel à développer un transport ferroviaire plus efficace et plus accessible.
Sur le plan institutionnel, après l’affaire de corruption au sein du Parlement européen, le « Qatargate » découvert fin 2022, on retrouve aussi une forte demande pour des règles plus strictes pour lutter contre ce type d’agissements. Créer une institution pour étudier et poursuivre ces affaires de corruption, empêcher une influence excessive des lobbys, rapprocher le salaire des politiques du salaire médian… Ces propositions font consensus sur un fond de méfiance forte à l’égard de la représentation politique en général.
Pour protéger l’emploi, les participants ont soutenu massivement l’idée du Made in Europe, notamment pour retrouver une industrie européenne et une production indépendante . Cela passe aussi par un soutien européen dans les politiques d’Éducation, autant dans le salaire des professeurs à augmenter que dans la garantie d’une gratuité de l’accès à l’université.
Et qu’est-ce qui a l’inverse ne fait pas du tout consensus ?
Alors il y’a une chose frappante qui revient quasi systématiquement c’est le futur institutionnel de l’UE. Alors si l’idée d’une Europe plus intégrée est validée, son expression dans le futur mode de fonctionnement est beaucoup plus divisée. Il n’y a pas de blanc-seing pour l’Europe fédérale, mais pas non plus pour une Europe des Nations. Ces idées suscitent un fort débat entre les participants. Parmi toutes ces idées, une suscite pourtant plus d’accord : celle d’une assemblée chargée d’élaborer une constitution pour l’Europe.
Pour le climat aussi, le mode opératoire divise. Les décisions prises au niveau européen semblent faire peur. Chaque fois qu’une proposition est relativement vague et fait référence à des mesures écologiques sans détailler le secteur spécifique concerné, elle devient un sujet de débat. Dans ce cas, la controverse naît indépendamment du fait que la proposition soit pour ou contre de telles mesures.
Enfin, si l’idée d’une diplomatie européenne fait consensus, les opinions sont beaucoup plus tranchées quand on aborde l’idée d’une armée européenne. Les avis sont très partagés sur l’opportunité de créer une armée européenne en lieu et place des armées nationales. Les propositions relatives à cette idée soulignent qu’elle réduirait la dépendance à l’égard des États-Unis en ce qui concerne les moyens militaires stratégiques.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.
