Dans le cadre d’un partenariat avec le Comité européen des régions, euradio suit de près le travail de cette assemblée consultative, qui regroupe plus de 300 élu·es locaux et régionaux des 27 États membres de l’UE.
Pour cette nouvelle émission, nous recevons Pierre-Paul Léonelli, Adjoint au Maire de la ville de Nice et Conseiller régional de la Provence-Alpes-Côte-d'Azur.
Il est également l'auteur d'un projet sur la Recyclerie des Moulins qu'il nous présente dans cette interview.
Pour commencer, quelques mots sur l'actualité de votre territoire, comment la population traverse-t-elle cette période plus que compliquée et inédite ?
C'est une période très compliquée pour tout le monde et plus particulièrement pour certains commerçants. Je pense notamment aux restaurateurs, patrons de bars... tous ceux qui vivent aussi du tourisme. Nous arrivons à la veille des vacances de février, je pense aussi à tous les professionnels des stations de sport d'hiver.
Je crois qu'il n'y a pas trop de solution. Nous avons un couvre-feu à 18h qui nous permet quand même de faire un certain nombre de choses dans la journée. Je pense que c'est la solution la moins pire si on la compare au premier confinement. Il faut espérer que ce soit efficace. Et j'ai beaucoup d'espoir avec le vaccin qui nous permettra à mon avis d'avoir une immunité et surtout des résultats, pour éviter que cette pandémie ne continue à faire des dégâts.
On a beaucoup parlé d'un ressentiment des élus locaux du Sud par rapport à des décisions trop centralisées, est-ce un reproche que vous feriez aussi ?
Je suis beaucoup plus mesuré. Je pense que quand on gouverne, bien que ce soit une mairie, une région, un gouvernement, c'est toujours très compliqué de pouvoir faire l'équilibre. Le seul reproche que je puisse faire au gouvernement, c'est de donner des dates et des faux espoirs. (...)
Il faut être très prudent et très humble sur ces sujets, et, toute raison gardée, cesser de porter des jugements et des critiques. Au contraire, il faut construire tous ensemble et essayer de trouver des solutions.
Vous avez vous-même supervisé un projet niçois intitulé "La Recyclerie des Moulins", qui vise à recycler les déchets tout en créant du lien social, c'est bien cela ?
Tout à fait. On est dans un projet qui répond à ce que nous appelons l'économie sociale et solidaire. C'est un projet qui nous tenait à coeur et nous sommes d'ailleurs actuellement en train d'en préparer un second sur un autre quartier de la ville de Nice.
La dimension innovante de ce projet c'est qu'il est polyvalent, social et créateur d'emploi, est-ce bien cela ?
Oui tout à fait. D'abord, ce projet a une fonction de collecte tri de tout ce qui était encombrant. Nous sommes dans un quartier dit sensible (Les Moulins) où il y a beaucoup d'encombrants et de dépôts sauvages. Ca nous permet donc de collecter tous ces encombrants qui sont sur le domaine public.
Il a une fonction de recylerie avec un atelier de réparation et un espace de vente.
Et enfin une fonction pédagogique autour du développement durable et de l'environnement.
La Recyclerie des Moulins a été inaugurée en mai 2018. C'est un projet qui fonctionne très bien. On a collecté 296 tonnes d'encombrants, qui ne se trouvent donc plus sur le domaine public. 60 collectes à domicile ont été organisées. Sur ces 296 tonnes, on a collecté pratiquement 18 tonnes de "dépravés", c'est à dire tout ce qui concerne les appareils électroniques. On rentre donc dans ce qu'on appelle l'écosystème.
Tout ça peut être valorisé. On a notamment 13 salariés en insertion qui reconstituent ce qui était au départ destiné à être jeté ou brulé à l'usine de valorisation énergétique. Pour donner un ordre de grandeur on a valorisé 4,6 tonnes d'objets et permis à plus de 6 300 objets d'avoir une seconde vie et d'être revendus.
(...) On fait un peu ce que font Emmaüs mais à une échelle métropolitaine. Pour vous donner un ordre de grandeur, la recyclerie rapporte 17 000 euros à l'année, grace aux ventes.
Vous avez également obtenu des fonds européens pour mener ce projet. Y 'a -t-il aussi un échange de bonnes pratiques au niveau européen ?
Tout à fait. La chance que nous avons c'est d'abord que la région est porteuse de fonds européens à travers le FEDER. Deuxièmement, on a un président (Renaud Muselier) qui a été député européen. On a donc les leviers et les clés pour pouvoir monter nos dossiers.
Il faut savoir que la Recyclerie des Moulins coûte à peu près 1,95 million d'euros. Elle a bien sûre été financée par la métropole, l'Europe et des financements régionaux et nationaux. Sur ce million, l'Europe a apporté 390 000 euros, ce qui est quand même une somme considérable.
Une dernière question, comment fédère-t-on autour d'un tel projet ? Les habitudes des habitants des Moulins en matière de recyclage ont-elles changées ?
A Nice, on part de très loin. On n'a pas toujours été de bons élèves. Souvent il m'arrivait de nous comparer aux Alsaciens et aux Bretons qui avaient beaucoup d'avance sur nous. Aujourd'hui on est en train de rattraper ce retard, on motive nos concitoyens, de gros progrès ont été faits et ces progrès-là peuvent être portés et porteurs dans des quartiers où il n'y avait peut être pas forcément le geste écocitoyen en réflexe. Maintenant ils l'ont.
Interview réalisée par Thomas Kox
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