euradio vous présente Quoi de neuf à Bruxelles, la chronique présentée par les étudiants bordelais de l’association Perspective Europe.
Aujourd’hui, avec Eva Guyomar, nous faisons le point sur les faits marquants de l’actualité bruxelloise. On commence les discussions avec le thème très récurrent de l’inflation en Europe.
En effet, aujourd’hui nous allons parler inflation, mais aussi budget et taxes. Le 1er fait marquant et qui est quelque peu controversé, c’est la taxe bancaire proposée par le gouvernement de Pedro Sanchez en Espagne. Le projet porté par la coalition de gauche propose de taxer les banques qui font des profits très importants en ce moment et ensuite de redistribuer les fonds obtenus aux ménages qui subissent l’inflation. On parle d’environ 3 milliards d’euros récoltés d’ici 2024.
Et pourquoi ce projet est-il controversé ?
Et bien le Conseil des gouverneurs de la BCE a émis un rapport - non contraignant - sur le projet et a jugé que cette taxation des banques pourrait avoir des effets néfastes sur l’économie.
De quel type d’effets parle-t-on ?
Pour résumer, cette taxe aurait des effets contre-productifs sur la génération de nouveaux crédits, la stabilité financière et donc sur la croissance économique de l’Espagne.
Rappelons que le gouvernement de gauche a récemment pris plusieurs mesures salutaires pour soulager les ménages face à l’inflation, mais qui vont contribuer à creuser le déficit public ce qui inquiète un peu les instances économiques de l’Union.
Alors, est-ce que cette opinion négative va nuire à la mise en place du projet de taxation ?
Probablement pas : Pedro Sanchez et sa ministre Nadia Calvino ont réaffirmé leur volonté d’aller au bout de leurs ambitions, en soulignant les « bénéfices extraordinaires » des établissements bancaires du pays.
Cette mesure intéressante nous permet d’aborder le sujet suivant qui est celui du budget 2023 de l’Union européenne.
Et oui, le 19 octobre dernier, le Parlement européen a voté la proposition de budget 2023. La proposition prend en compte les préoccupations du moment à savoir les crises et défis consécutifs qui ont touché l’Europe : la pandémie, la crise énergétique, l’inflation, la guerre en Ukraine et son adhésion.
On a donc affaire à un budget extraordinaire ?
En quelque sorte, oui, d’ailleurs c’est l’adjectif qui a été employé par l’eurodéputé Nicolae Ştefănuță. Cela signifie que des sommes plus importantes seront allouées à certains postes de dépenses clés, et, le budget étant en partie alimenté par le RNB des États, cela va demander des efforts.
Concrètement, quels postes de dépense seront affectés ?
On peut citer la lutte contre le changement climatique avec une augmentation des fonds alloués au programme LIFE et au Green Deal, ainsi qu’une enveloppe de 533 millions d’euros qui a été proposée pour financer les nouvelles sources d’énergie et aider les PME confrontées à l’inflation.
Cela nous amène à notre dernier thème : l’inflation dans les États membres de l’UE.
Eva : effectivement, l’inflation a atteint le niveau record de 10,7% dans l’ensemble des pays de la zone euro. Elle est la plus faible chez nous en France, mais aussi en Finlande et à Malte. Les prédictions des économistes ont été dépassées, en 40 ans on n’avait jamais connu un taux aussi fort.
Quels sont les secteurs les plus durement touchés ?
Comme on le sait ce sont principalement les prix de l’énergie qui ont le plus augmenté avec une hausse astronomique de presque 42 %. Les prix de l’alimentaire en général ont augmenté de 13%.
Et quelle est donc la réaction européenne ?
Le 27 octobre, pour la 2ème fois, la BCE a relevé ses taux d’intérêt et de nouvelles hausses sont prévues dès décembre. Ces augmentations de taux devraient ralentir par la suite en raison de la probabilité d’une récession économique imminente et de la lente baisse des prix de gaz.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.