Chaque semaine, Perspective Europe, l'association du master Affaires européennes de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité bruxelloise et européenne sur euradio avec Quoi de neuf à Bruxelles ?
Alors quels ont été
les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler?
On en discute tout de suite avec Anaëlle Pestourie. Alors Anaëlle, dites-moi : Quoi de neuf à Bruxelles?
La guerre sanglante qui a cours entre l’Israël et le Hamas continue d’occuper la diplomatie européenne. Mercredi 18 octobre le haut-commissaire aux affaires étrangères de l’UE Josep Borrell prononçait un sévère discours à ce sujet face au Parlement européen, à Strasbourg.
Qu’a-t-il déclaré ?
Eh bien, monsieur Borrell a réaffirmé le droit d’Israël à se défendre et a condamné les attaques terroristes contre la population civile du pays, certes, mais il a questionné également les limites du droit à l’autodéfense israélienne, fixés par le droit international humanitaire. Il a aussi rappelé aux eurodéputés le revers de la médaille, c'est-à-dire la mort de civils à Gaza, et s’est montré très critique face aux fake news qui marquent le conflit.
Qu’elles étaient ses critiques par rapport à la désinformation ?
Il a déclaré je cite : “n’ajoutez pas d’horreur à l’horreur, il y en a déjà suffisamment” pour faire référence à toutes les vidéos et images fausses qui circulent dans les réseaux sociaux ces derniers jours. Il a même fait allusion à la polémique nouvelle des bébés israéliens décapités pour dire que l’Israël n’a toujours pas confirmé la véracité de celle-ci. En somme, il a fait appel au bon sens et à la prudence.
Est-ce qu’il a donné des pistes sur comment l’UE compte agir ?
Oui, effectivement Laurence. Il a proposé quatre grands principes devant guider l’intervention de l’UE: la constance (dans la catégorisation du Hamas comme organisation terroriste et dans l’exigence de la libération des otages), l’humanité (donc défendre le droit de la population de Gaza à l’eau et aux fournitures essentielles), lacohérencedans les politiques communes de l’Union et une approchepolitiqueproactivedu conflit pour arrêter « cecycledeviolence».
Cependant atteindre une logique européenne commune n’est pas une tâche facile…
C’est exact. En effet, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a été très critiquée cette semaine du fait de son “soutien inconditionnel” à Israël, où elle a voyagé il y a quelques jours, sans pour autant mentionner les atteintes au droit international par l’État israélien. Son point de vue peut être considéré comme contredisant l’approche plus critique de Josep Borrell.
Pas de consensus alors?
Si : un point positif reste tout de même l’adoption jeudi dernier d’une résolution du Parlement européen exigeant une “pause humanitaire”. Toutefois, elle n’est pas contraignante, et elle a été critiquée par des ONG et des ambassadeurs de pays arabes qui l’ont jugée insuffisante. Si la difficulté inhérente du conflit entre l’Israël et le Hamas débordait déjà la diplomatie européenne, les récents attentats terroristes en France et en Belgique n’ont fait que bouleverser davantage l’Union.
Qu’elle a été la réponse de l’Union face à ce tout aussi terrible évènement ?
Jeudi dernier également, les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne se sont réunis à Luxembourg pour faire le point sur la sécurité au sein de l’Espace Schengen. Le renforcement du contrôle des frontières (que des pays comme l’Italie, la Slovénie ou l’Allemagne ont déjà commencé à appliquer), ainsi que la collaboration pour faire face à la radicalisation et l’extradition des migrants potentiellement dangereux ont été des points clés de cette réunion.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.