La semainière de Quentin Dickinson

Une semaine dominée par la visite d’Emmanuel MACRON et Ursula von der LEYEN en Chine

Ludovic Marin - AFP Une semaine dominée par la visite d’Emmanuel MACRON et Ursula von der LEYEN en Chine
Ludovic Marin - AFP

Alors, avez-vous passé une bonne semaine ?

En tout cas, bien remplie. Cette semaine aura été dominée par la visite, plus ou moins conjointe, d’Emmanuel MACRON et Ursula von der LEYEN en Chine. La volonté d’afficher un front uni franco-européen se sera notamment heurtée au protocole chinois, qui n’aura cessé de traiter la Présidente de la Commission européenne comme un second couteau, alors que le chef de l’État français était reçu avec tous les égards. Pour l’heure, en attendant un examen plus détaillé, l’impression que l’on retire de ce périple, c’est que la partie chinoise s’est simplement bornée à répéter ses positions sur la Guerre d’Ukraine et sur le commerce sino-européen.

Revenons en Europe, où l’actualité s’est déplacée au siège de l’Alliance atlantique aux portes de BRUXELLES…

… où l’on a fêté l’arrivée de la Finlande, désormais 31e membre de l’Alliance, mais où deux jours de pourparlers entre ministres des Affaires étrangères de l’OTAN n’auront pas permis de débloquer le veto de la Turquie à l’adhésion de l’autre pays-candidat, la Suède. L’on pense cependant ici que la situation pourrait évoluer favorablement après les élections présidentielle et législatives turques en mai – quel qu’en soit le résultat.

Toujours à l’OTAN, la spéculation va bon train quant à la succession de l’actuel Secrétaire général, le Norvégien Jens STOLTENBERG, en fonction depuis huit ans et dont le mandat expire en septembre.

Le nom de Mme von der LEYEN circule avec insistance, mais compte tenu que son propre mandat ne se termine que vers la fin de l’année prochaine et qu’elle paraît vouloir briguer un nouveau mandat à la tête de la Commission européenne, cette hypothèse paraît peu vraisemblable – sauf si, compte tenu de la guerre en Ukraine, le mandat de M. STOLTENBERG est à nouveau prolongé.

La semaine dernière, vous nous aviez signalé le résultat d’élections dans trois pays, dont deux de l’UE – où en est-on des suites de ces scrutins ?

En Finlande, les Sociaux-démocrates, qui, avec Sanna MARIN, détenaient le poste de Premier ministre, sont définitivement hors-jeu, et l’on s’oriente actuellement vers une coalition de la droite avec les nationalistes.

En Bulgarie, le flou ne s’est pas encore vraiment dissipé – on en reparlera.

Et au Monténégro, l’élection du juvénile Jacov MILATOVIĆ est confirmée et des législatives seront organisées le 11 juin prochain.

Cette semaine, les regards se sont aussi tournés vers La HAYE…

…La HAYE, où s’ouvrait le procès de l’ancien président du Kosovo, Hashim THAÇI, et de trois autres dirigeants de l’insurrection anti-serbe de 1998-1999, qui avait coûté la vie à plus de 13.000 Serbes et albanophones rivaux de la milice de M. THAÇI.

Ce dernier se voit reprocher dix chefs d’inculpation, dont des crimes de guerre, la persécution, la torture, l’assassinat, et l’élimination ciblée de victimes jamais retrouvées, tout cela, alors même que les combats avaient cessé. Les inculpés ont tous plaidé non-coupable. Les procureurs du Tribunal spécial pour le Kosovo estiment que la procédure pénale pourrait durer deux ans.

Mais – hasard du calendrier – pendant ce temps, à BRUXELLES, se réunissaient, sous les auspices de l’UE, les négociateurs serbes et kosovars, chargés de désamorcer ce que l’on appelle la Guerre des Plaques, ce refus de la minorité serbophone du Kosovo d’immatriculer leurs véhicules au Kosovo, et non en Serbie.

Vous nous avez régulièrement conté les étapes successives du Qatargate, qui éclabousse les Socialistes au Parlement européen, mais une nouvelle affaire frappe cette fois-ci à la porte des Démocrates-chrétiens européens …

Une descente conjointe des polices belge et allemande a en effet mis en émoi le siège du Parti populaire européen, organisation qui regroupe les partis de la droite classique. En cause, le personnage à qui le PPE a sous-traité sa campagne numérique lors des élections européennes de 2019, et qui aurait touché des pots-de-vin de la part de l’entreprise à laquelle il avait lui-même sous-traité le contrat. Détail : ledit personnage s’appelle Mario VOIGT et est le Président de la Diète régionale de Thuringe (la Thuringe, où se situe aussi l’entreprise corruptrice). Gênant, mais peu de chose par rapport au Qatargate que vous citiez.

Rapidement, une dernière pour cette semaine ?...

Toujours au Parlement européen, les deux élus nationalistes finlandais, outrés de l’ambiguïté vis-à-vis de la Russie du Rassemblement national français, ont claqué la porte du groupe parlementaire que préside Jordan BARDELLA, pour aller rejoindre le groupe des Conservateurs et Réformateurs, engagés dans le soutien à l’Ukraine, où se trouvent déjà les députés de Fratelli d’Italia de Giorgia MELONI. Cette défection des Finlandais relègue le groupe animé par le Rassemblement national à l’avant-dernière place au Parlement européen.

Entretien réalisé par Laurence Aubron.