Toutes les semaines, Stéphanie Taupin et Fabien Hée vous emmènent à la découverte de l'Europe... et plus si affinité ! Les cofondateurs de l'agence Les Éclaireurs Du Voyage ramènent de leurs repérages sur le terrain, souvenirs de rencontres, trouvailles insolites et conseils pour vos prochains voyages. Un regard parfois amusé, toujours sincère, sur ces destinations qui nous entourent et nous en font voir de toutes les couleurs.
Aujourd'hui Stéphanie Taupin, vous nous emmenez... à la Nouvelle-Orléans ?
Oui, cap sur le plus « français » des états américains, la Louisiane.
La Nouvelle-Orléans est-elle si française que ça ?
Vous touchez effectivement du doigt ce qui fait la richesse de la ville… Successivement amérindiennes, françaises, espagnoles, puis finalement américaines, la ville et la région ont une histoire remarquablement métissée.
La Nouvelle-Orléans a été créée dans le début des années 1700 par Lemoine de Bienville. Explorateur québécois polyglotte, tatoué sur tout le corps, c’était un homme curieux des populations amérindiennes et qui a su tirer profit de leurs connaissances.
Jusqu’au milieu du 19e siècle, il y avait plus de francophones à La Nouvelle-Orléans qu’à Montréal ! En 1920 pourtant, le français a cessé d’être enseigné à l’école, et l’anglais a rapidement pris le dessus.
Comment s’exprimait ce métissage à La Nouvelle-Orléans ?
De différentes façons, dans l’architecture tout d’abord, où les bâtiments d’inspiration française, essentiellement des bâtiments officiels, côtoyaient les maisons créoles, antillaises.
À ne pas confondre avec ce qu’on appelle à présent le « French Quarter », le quartier français, qui est en fait un pur héritage espagnol…
Dans la gastronomie aussi se retrouvent les influences des différents peuples. Le résultat est parfois très épicé…
Si vous avez la chance de visiter la New Orleans, je vous recommande de goûter deux plats :
- Le « gumbo », une soupe épaisse très parfumée, souvent à base de fruits de mer,
- et le « PO-Boy » . C’est un énorme sandwich fait dans une « french » baguette et rempli de crevettes panées, de salade, d’épices cajun.
Pour les végétariens, j’ai quelques adresses, je vous rassure.
Enfin, le métissage culturel s’exprime évidemment lors des festivités. Il y a Mardi gras, ses perles et ses couleurs…
Mais un événement très marqué par tout cet héritage culturel, c’est le mariage : en pleine rue, vous voyez les époux défiler en dansant, en tenant haut leurs parapluies, précédés de la musique d’un « Brass band » avec tous ses cuivres… Et derrière eux tous les invités, mouchoir en l’air. C’est un moment où on ne se prend pas au sérieux, mais finalement très émouvant.
Que visite-t-on dans le quartier français de La Nouvelle-Orléans ?
Je pourrais vous faire toute une liste de monuments, cimetières incroyables, mais la Nouvelle-Orléans est avant tout une question d’ambiance.
Il faut flâner dans ses rues, à l’ombre des balcons en fer forgé, et comme ils disent là-bas, « laisser le bon temps rouler »…
N’oublions pas quand même que le French Quarter borde le Mississippi : il est évidemment impossible de passer outre une balade à pied le long de ses berges, ou même en bateau à roue d’ailleurs !
Vous nous parliez de musique tout à l’heure, d’autres occasions de l’écouter ?
Bien sûr ! En se baladant sur Royal Street, tous les après-midis un tronçon de rue est réservé aux piétons. On y trouve, assis sur des seaux en plastique, des jazzbands. Trombone, tuba, clarinette, banjo… Le son est puissant et leur bonne humeur communicative !
Le soir venu, il y a des caves et adresses plus confidentielles* , où l'on peut écouter de vieux Messieurs perpétuer des rythmes et une musique incroyables. Une cliente m’a dit à son retour avoir eu l’impression d’avoir été « initiée ». C’est vraiment cette émotion qu’on garde comme souvenir d’un voyage en Louisiane.
Stéphanie Taupin, quand est-il préférable de visiter la Nouvelle-Orléans ?
Je dirais que le printemps et l’automne sont des périodes très agréables, pas trop chaudes, autour de la vingtaine de degrés.
Mais pour ceux que chaleur et humidité ne dérangent pas, on peut tout à fait visiter la Louisiane en été, et aller chercher un peu de fraîcheur à l’ombre du bayou et des grands arbres des anciennes plantations !
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*Pour les lecteurs, plus de conseils pour écouter de la musique à La Nouvelle-Orléans sur leseclaireursduvoyage.fr/new-orleans-ou-ecouter-du-jazz.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.