Bienvenue dans cette édition du journal des 27, l’émission qui suit le travail de la présidence française de l’UE. Depuis le 1er janvier 2022 et jusqu’à la fin du mois de juin, c’est la France qui est ainsi chargée de coordonner le travail des 27 au sein du Conseil de l’Union européenne, institution qui réunit les ministres des différents Etats-membres.
La semaine dernière a été chargée pour les membres du Conseil de l’UE puisque les ministres des Etats membres se sont réunis à trois reprises pour débattre notamment de l’avenir de l'Europe. En effet, le 23 mai dernier le Conseil des affaires générales s’est tenu à Bruxelles, au programme : l’étude des propositions faites par la Conférence pour l’avenir de l’Europe.
Oui, pour rappel le 9 mai dernier se clôturait la Conférence sur l’avenir de l'Europe. Cette expérience de démocratie participative qui s’est déroulée tout au long de l’année, s’est soldée par un rapport final, à l’adresse des institutions européennes. Ce rapport, qui recense 49 propositions et 326 mesures citoyennes, doit maintenant être étudié par les ministres des Etats membres.
Et quelles sont les prochaines étapes de ce processus ?
Eh bien, les institutions de l’UE, dont le Conseil, doivent maintenant assurer le suivi des propositions du rapport final. A ce sujet, Emmanuel Macron a déclaré : “Les conclusions constituent une source très riche de propositions. Nous devons faire en sorte que l’Union réponde aux aspirations et aux attentes exprimées par les citoyen·nes. […] Car cette conférence ne doit pas s’arrêter là”. Le risque est en effet de voir ce rapport final mis de côté par les institutions, car de nombreuses propositions nécessitent de modifier les traités européens, ce à quoi s’opposent certains Etats membres.
Autre temps fort du Conseil des affaires générales, l’audition de la Hongrie dans le cadre de la procédure lancée par la Commission, le 27 avril dernier. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, le Conseil a effectivement procédé à une audition concernant les valeurs de l’Union en Hongrie, une procédure lancée en vertu de l’article 7 de Traité de l’UE. Les échanges ont notamment porté sur l’indépendance du pouvoir judiciaire, le fonctionnement du système constitutionnel et électoral, et la lutte contre la corruption. Les pays scandinaves et les Pays-Bas sont les plus critiques envers Budapest. Le Danemark dénonce par exemple, l'atmosphère politique autoritaire qui précède les élections législatives.
Une audition qui a permis de constater la détérioration de l’État de droit dans le pays, mais dont les conséquences restent encore vagues.
Effectivement, depuis le début de la procédure à l’encontre de la Hongrie, lancée par le Parlement européen en 2018, les auditions s'enchaînent sans pour autant déboucher sur des mesures concrètes. Toutes sanctions restent en effet bloquées au niveau du Conseil de l’UE qui doit les approuver à l’unanimité. Une déception pour les eurodéputé·es, qui ont rappelé au début du mois, qu’à l’occasion du mandat de la France à la tête du Conseil Emmanuel Macron avait dit vouloir “contribuer au renforcement de l’Etat de droit” dans l’Union, en soutenant, par exemple, davantage la Commission dans le cadre de la procédure de recours contre les deux Etats membres.
Mardi 24 mai, le Conseil “Agriculture et pêche” s'est réuni pour réitérer son soutien à l’Ukraine. Les discussions ont tourné autour des “couloirs de solidarité” annoncés quelques jours plus tôt par la Commission européenne. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’il en retourne ?
Bien sûr, le 13 mai dernier, la Commission a proposé la mise en place de “couloirs de solidarité” afin d’améliorer la connexion entre l’UE et l’Ukraine concernant l’exportation de céréales. Les ministres se sont réunis à ce sujet mardi dernier afin d’examiner le plan de la Commission, qui veille à ce que l’Ukraine demeure pleinement intégrée dans les marchés agricoles mondiaux, et contribue ainsi à la sécurité alimentaire globale.
En effet, l’Ukraine produit 12% du blé et la moitié de l’huile de tournesol dans le monde. Une situation qui inquiète la communauté internationale.
Effectivement, l’Ukraine représente le principal exportateur de produits agricoles pour les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Un défaut d’importation fragiliserait la sécurité alimentaire de toute la région. Or, à cause du blocus russe des ports ukrainiens, les chiffres des exportations ukrainiennes de céréales ont été divisés par quatre par rapport à février, a expliqué Taras Kachka, vice-ministre de l’Économie de l’Ukraine, le 11 mai dernier. Autre complication, selon les dernières estimations de l’ONU, le prix des denrées alimentaires pourrait augmenter de 20% dans les semaines à venir.
Du côté de l’Union européenne, l’approvisionnement alimentaire n’est néanmoins pas menacé.
En effet, les ministres ont salué le filet de sécurité que représente la Politique agricole commune, grâce auquel l’UE est autosuffisante pour la plupart des produits agricoles de base. Pour autant, la hausse des denrées alimentaires reste un élément d’inquiétude pour les citoyen·nes européen·nes.
Continuons ce journal au sujet du soutien de l’UE à l’Ukraine. Le 23 mai dernier le Conseil européen a adopté plusieurs mesures dans le cadre du programme de facilité européenne pour la paix. Pouvez-vous nous rappeler à quoi sert ce programme ?
Oui, la facilité européenne pour la paix est un instrument de l’UE qui a pour objectif d’aider à prévenir les conflits et à consolider la paix. Pour ce faire, les Etats membres participent au financement d’actions opérationnelles d’ordre militaire ou de défense dans des pays tiers.
Dans cette optique, le Conseil européen a donc choisi de renforcer son soutien aux forces armées ukrainiennes.
Tout à fait, les ministres de l’UE se sont accordé·es pour réitérer leur soutien matériel aux forces armées ukrainiennes. A cet effet, ont été débloqués 500 millions d’euros supplémentaires, pour une enveloppe totale de 2 milliards d’euros en direction de l’Ukraine. Cette somme doit servir à la livraison d’équipements et de matériels utiles à l'armée, tels que du carburant et des trousses de premiers secours. Des dépenses plus que nécessaires pour le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères, Josep Borrell, qui s’est exprimé lundi 23 mai pour cette occasion : “L'histoire de demain s'écrit aujourd'hui, sur les champs de bataille de l'Ukraine.”