Bienvenue dans cette édition du journal des 27, l’émission qui suit le travail de la présidence française de l’UE. Depuis le 1er janvier 2022 et jusqu’à la fin du mois de juin, c’est la France qui est ainsi chargée de coordonner le travail des 27 au sein du Conseil de l’Union européenne, institution qui réunit les ministres des différents Etats-membres.
Aujourd’hui commençons notre tour des réunions organisées par la présidence française du Conseil de l’UE en nous arrêtant à Paris : mardi 8 février, une conférence sur la souveraineté numérique y a eu lieu.
Oui, lors de cette conférence la France a présenté au reste des membres de l’UE son initiative “Scale-up Europe”, une initiative lancée en mars 2021 par la France et la Commission européenne. Équipé d’une enveloppe budgétaire de 3,5 milliards d’euros, ce dispositif viendra soutenir les start-ups européennes dans le secteur du numérique. Pour l’instant essentiellement financée par la France et l’Allemagne, l’UE espère élargir ce dispositif au reste des Etats-membres, voire même d’atteindre les 10 milliards d’euros de budget dans les semaines à venir.
A terme, l'objectif pour l’UE est de rétablir, je cite, sa “souveraineté numérique” d’ici à 2030. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Cela signifie pour l’Union de ne plus dépendre d’entreprises ou d’Etats non-européens en ce qui concerne l’installation et le développement des technologies du numérique et de l’information. Pour ce faire, cette initiative “Scale-up Europe” vise d’ici à 2030 la formation d’au moins 10 nouveaux géants technologiques, autrement dit des entreprises qui dépassent 100 milliards d’euros de valeur.
Pour l’instant, déjà 300 start-ups, investisseurs et experts ont rejoint ce projet pour mettre au point une stratégie commune afin de favoriser l’émergence de ces champions technologiques.
Oui, et les dirigeants européens se sont voulus encourageants cette semaine. Cédric O a affirmé qu’en 2021, “l’Europe a créé plus de licornes que la Chine”. Les licornes, ce sont ces jeunes entreprises valorisées à plus d’un milliard d’euros. Un bilan repris par le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire et son homologue allemand Christian Lindner qui ont rappelé que dans “le premier marché mondial qu’est l’Europe”, les jeunes entreprises qui grandissent ne devraient plus ensuite être rachetées par exemple par des groupes américains.
Cette semaine, la coopération entre la France et l’Allemagne notamment s’est poursuivie et pas seulement dans le numérique : lundi 7 février, la présidence française du Conseil de l’UE a invité à Paris le ministre allemand de l’économie et de la protection du climat Robert Habeck. Quel était le but de cette visite ?
A cette occasion, la France et l’Allemagne ont évoqué des projets industriels et énergétiques communs, selon les termes du ministre français de l’économie Bruno Le Maire. Entre autres : nouveaux réseaux électriques, production conjointe de batteries, ou encore usage approfondi de l’hydrogène. Pour chacun de ces projets, Paris et Berlin ont annoncé la création de “groupes de travail franco-allemands”.
Les deux Etats peuvent-ils vraiment s’entendre sur le plan énergétique et écologique ?
C’est toute la question. Ces derniers temps le nouveau gouvernement d’Allemagne s’est distingué par sa stratégie du 100% énergies renouvelables pour atteindre les objectifs du Green deal à savoir la neutralité carbone d’ici à 2050. Tandis qu’en face, la France vient par exemple d’annoncer jeudi 10 février qu’elle financera la mise en service d’au moins 6 nouveaux réacteurs nucléaires pour produire son électricité. Une voie que refuse d’emprunter Berlin.
Le choix de l’hydrogène semble donc être une alternative ou un compromis qui pourrait satisfaire les deux pays.
Oui et non. Car d’un côté, cet hydrogène dit “vert” correspond aux objectifs de décarbonation de l’UE, puisqu’il est produit à partir d’eau, c’est le processus d’électrolyse de l’eau. Un processus qui nécessite pourtant de l’électricité. La question reste alors la même : comment est produite l’électricité qui servira à générer de l’hydrogène ? Lundi Bruno Le Maire a simplement promis que les groupes de travail apporteront une réponse à cette question, puisqu’au final - je le cite- “notre objectif est le même : moins de CO² et plus de croissance”.
Terminons cette édition en revenant sur une autre réunion du Conseil de l’UE, cette fois sur un autre domaine, celui de la Santé.
Oui Ulrich, les 9 et 10 février 2022, les ministres européens de la Santé mais aussi ceux des affaires étrangères se sont retrouvés à Lyon pour débattre. C’est la première fois qu’un tel format de réunion entre le personnel de ces deux ministères était organisé. Étaient notamment présents le Haut représentant de l’UE aux affaires étrangères Josep Borrell, mais aussi la commissaire européenne à la santé Stella Kyriakides.
Leur objectif était ici de renforcer l’action de l’UE en matière de santé, notamment face aux grands groupes pharmaceutiques mondiaux et aux puissances étatiques non-européennes.
Oui, les 27 cherchent à adopter une position de premier ordre en matière de santé mondiale, alors que “celle-ci est devenue un espace géopolitique” selon les termes du ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Et à ce titre, la ville française de Lyon était toute indiquée pour cette réunion : la ville héberge de nombreuses infrastructures de santé mondiale, notamment l’Académie de l’OMS ou encore le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC)
Quels vont être les chantiers de l’UE en matière de santé pour 2022 ?
Le ministre de la santé français Olivier Véran a rappelé que le budget du programme de santé européen EU4Health s’élève aujourd’hui à plus de 5 milliards d’euros, soit plus de 10 fois les montants auparavant dépensés par l’Union en matière de santé. De tels moyens doivent permettre aux 27 de développer une véritable “Union de la santé publique”, avec par exemple une extension des compétences données à l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’Agence européenne des médicaments, ou encore la nouvelle HERA Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire.
Ulrich Huygevelde - Romain L'Hostis