Bienvenue dans cette édition du journal des 27, l’émission qui suit le travail de la présidence française de l’UE. Depuis le 1er janvier 2022 et jusqu’à la fin du mois de juin, c’est la France qui est ainsi chargée de coordonner le travail des 27 au sein du Conseil de l’Union européenne, institution qui réunit les ministres des différents Etats-membres.
Avant de commencer ce premier journal de la présidence, Romain, pouvez-vous nous rappeler rapidement en quoi consiste la fonction d’une présidence tournante de l’UE ?
Cette présidence du Conseil ou présidence tournante de l’UE consiste pour un Etat-membre à présider les réunions des différents conseils de ministres afin de coordonner le travail des 27 gouvernements de l’Union au sein du Conseil de l’UE. Tous les six mois un nouvel État-membre occupe cette présidence, de façon à ce qu’elle soit assurée à tour de rôle par l’ensemble des pays de l’UE. En ce qui la concerne, la France entame ici sa 13e présidence de l’UE, la dernière ayant eu lieu en 2008.
En outre, chaque semestre, la nouvelle présidence du Conseil en profite pour mettre à l’ordre du jour les priorités de son propre agenda politique.
Oui c’est vrai, toutefois, depuis le traité de Lisbonne en 2009, chaque présidence travaille en étroite coopération par groupe de trois pays. Ces trios mettent au point un programme commun pour rendre le travail à long terme du Conseil plus harmonisé, puis à partir de ces grandes orientations, l’Etat à la présidence élabore son propre agenda semestriel.
Jusqu’au 1er janvier 2022, c’est la Slovénie qui représentait la présidence tournante de l’UE, clôturant un trio composé également de l’Allemagne et du Portugal.
Tout à fait ! Et avec le début de la présidence française du Conseil, c’est un autre trio qui entame ses travaux : en juillet prochain, la France laissera sa place à la Tchéquie, puis enfin c’est la Suède qui occupera ce rôle à partir du 1er janvier 2023.
Penchons-nous à présent sur les premières questions ouvertes par la présidence française du Conseil de l’UE. Les 13 et 14 janvier s’est notamment tenue une réunion des 27 ministres des affaires étrangères européens.
Oui Juliane, les ministres des 27 se sont rassemblés à Brest en Bretagne lors d’une réunion présidée par le Haut-Représentant de l’UE pour les affaires étrangères Josep Borrell. Elle était précédée d’une rencontre entre les ministres de la défense des Etats-membres de l’Union.
Sur quoi ont porté leurs discussions Romain ?
Conformément aux objectifs de la présidence française de l’UE, les ministres ont avancé sur l’initiative dite de la “Boussole stratégique”. Il s’agit d’une stratégie commune encadrant l’action européenne en matière de défense à l’horizon 2030. Depuis plus d’un an, les Etats de l’Union débattent donc des priorités à inscrire sur ce document. Renforcement des capacités opérationnelles des Européens, par exemple grâce au nouveau Fonds européen de défense, prise en compte des nouvelles menaces notamment dans le domaine spatial, le numérique.
Les 27 ont évoqué les principales crises qui sévissent aux frontières de l’UE, notamment la situation en Ukraine et en Biélorussie.
Les gouvernements en ont profité pour rappeler leur soutien total à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, alors que des dizaines de milliers de militaires russes sont massés depuis plusieurs semaines à la frontière avec le pays. Dans le cas biélorusse, les ministres ont encouragé la solidarité des Européens à l’égard de la société civile biélorusse.
La relation entre l’UE et la Chine était également au menu des discussions.
Oui en effet, les ministres sont revenus sur les pressions que subissent depuis quelques temps certains Etats-membres comme la Lituanie. Des pressions économiques notamment. La Chine a ainsi refusé l’entrée de marchandises lituaniennes à son marché intérieur après que Vilnius ait autorisé l’installation sur son sol d’une représentation permanente de Taïwan, la rivale historique du régime communiste chinois.
Le jeudi 13 janvier, une autre réunion était organisée à Paris dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’UE. Mise en place cette fois par le Ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance, cette conférence a porté sur l’industrie en Europe.
Oui Juliane, cette rencontre baptisée “Une industrie plus forte pour une Europe plus autonome” réunissait en plus des différents ministres des 27, des intervenants du secteur public et privé, afin de discuter de la meilleure manière de renforcer l’autonomie stratégique de l’industrie de l’Union européenne. Là aussi, cette thématique figure parmi les grandes priorités de Paris pour son semestre de présidence tournante.
Parmi les grandes questions évoquées : celle des secteurs industriels critiques et des productions stratégiques. La dépendance des Européens vis-à-vis de pays tiers pour certains matériaux se révèle de plus en plus problématique.
Oui, récemment la Commission européenne a défendu son projet d’une “Europe des batteries” pour combler efficacement les manques des Européens pour certains produits comme notamment les semi-conducteurs, ou encore l’accès à des matières premières stratégiques comme le lithium, le cuivre ou le cobalt. Des besoins qui se font plus criants avec la pandémie et les risques récurrents de pénuries y compris pour des équipements ou des médicaments indispensables au domaine de la santé. A ce propos, la France prévoit d’accélérer durant les six prochains mois la mise en service de HERA, la future Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire.
Nous parlions plus tôt des relations de plus en plus complexes entre l’UE et des puissances comme la Chine sur le plan économique et politique. Ce contexte international plus incertain a lui aussi conforté les Européens dans le choix de leur nouvelle stratégie industrielle.
Oui, présentée par la Commission européenne et adoptée en mai 2021, cette révision de la stratégie industrielle européenne reconnaît que l’UE dépend fortement de fournisseurs étrangers pour une liste de 137 produits qualifiés de “sensibles” notamment dans les secteurs de l’électronique, de l’aérospatial, des nouvelles infrastructures énergétiques et de l’information.
Juliane Barboni - Romain L'Hostis