Cette semaine, Elphège Tignel (Centre Européen des Consommateurs France) nous parle du Dropshipping, cette nouvelle forme de commerce en ligne qui ne fait pas que des heureux.
De plus en plus de vendeurs sur Internet pratiquent le « Dropshipping », c’est-à-dire qu’ils vendent en ligne des produits qu’ils ne possèdent pas, dont ils n’ont aucun stock et qui seront directement envoyés par le fabricant au consommateur. Pour le commerçant en ligne, cette méthode de vente est plutôt pratique : elle lui permet de proposer un large choix de produits, d’éviter les dépenses liées au stockage des produits et bien sûr de réduire l’investissement de départ.
Pour le consommateur, c’est différent : s’il existe bien sûr des sites sérieux de dropshipping qui proposent à des prix compétitifs des produits qui ne seraient pas accessibles autrement, cette pratique réserve bien souvent de mauvaises surprises : des délais de livraison très longs, des frais cachés, un produit bloqué en douane, une rupture de stock, des produits de mauvaise qualité ou même contrefaits… Mieux vaut donc savoir repérer les dropshippers et suivre quelques conseils pour éviter les pièges.
Comment alors repérer un site qui pratique le Dropshipping ?
Ce n’est pas évident en effet car peu de vendeurs en ligne affichent sur leur site ou dans leurs conditions générales de vente qu’ils pratiquent le dropshipping. C’est bien souvent au moment de la confirmation d’expédition ou au moment de la livraison que vous vous rendez compte que le colis provient d’un pays hors de l’Union européenne et non du pays du vendeur.
Alors pour savoir si vous avez affaire à un dropshipper, cliquez sur la rubrique « mentions légales » sur le site marchand et vérifiez l'identité et les coordonnées complètes du vendeur en ligne. Si l’adresse postale vous renvoie par exemple vers un immeuble en plein centre de Paris, il est peu probable que le vendeur gère lui-même son stock. Ensuite, regardez dans les Conditions générales de vente dans quel pays renvoyer les produits en cas de défaut ou de rétractation. Cela donne bien souvent une indication sur le pays d’origine du produit et cela permet d’estimer les frais de retour. Un autre indice : la loi applicable au contrat indiquée dans les CGV, elle permet souvent de savoir dans quel pays est situé le vendeur. Et enfin, consultez le délai de livraison : plus il est long, plus c’est suspect !
Dropshipper ou fournisseur : en cas de problème, qui est responsable de ma commande et qui contacter ?
D’un point de vue juridique, le vendeur est toujours responsable de la livraison de votre commande. C’est votre interlocuteur en cas de problème, qu’il pratique le dropshipping ou qu’il vende en ligne d’une façon « classique ». Donc en cas de problème de livraison ou défaut sur le produit livré, s’il vous renvoie vers le fournisseur, il faut lui rappeler ses obligations légales et lui imposer de trouver une solution.
Et que fait l’Europe pour lutter contre ces abus dans le commerce en ligne ?
L’Europe dans sa stratégie numérique souhaite développer une économie numérique juste et compétitive. Elle veut notamment veiller à ce qu’il existe une concurrence équitable entre toutes les entreprises en Europe.
Pour ça, elle a par exemple réformé les règles de la TVA dans l’e-commerce transfrontalier le 1er juillet 2021. Maintenant les vendeurs en ligne qui pratiquent le dropshipping sont considérés comme ayant acheté et vendu eux-mêmes les produits même s’ils interviennent indirectement dans la livraison du bien. Ils sont donc obligés de déclarer fiscalement leurs opérations et bien sûr de payer la TVA à l’importation.
De quoi, espérons, responsabiliser un peu plus certains sites de dropshipping !
Plus d’informations sur https://www.europe-consommateurs.eu/achats-internet/e-commerce-et-dropshipping.html
Interview réalisée par Laurence Aubron
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Image par cottonbro provenant de Pexels