Alexiane Terrochaire--Barbançon est responsable d’un dispositif de mentorat à distance, ou digital, pour l’Afev. Elle vous propose une nouvelle chronique, née de la collaboration entre euradio et l’Afev, l’Association de la Fondation Etudiante pour la Ville. Elle s’intitule “D’un regard à l’autre - la jeunesse et l’Union européenne” et vous avez pu entendre quelques extraits de la voix des engagés, dans la bande-annonce.
Alors, la semaine dernière, vous vous êtes interrogée sur la place et le rôle de l’école dans le développement, ou l’inhibition, du sentiment européen des jeunes scolarisés. Vous nous avez laissé avec cette question en tête : comment faire rester l’Union européenne sur les bancs de l’école ?
Je vous partage les deux pistes de réflexion abordées par les bénévoles avec qui j’ai dialogué. Premièrement, ils·elles souhaitent plus parler de l’Union européenne par une modification des programmes. Deuxièmement, par des opportunités de discussion autour de ce thème, ils·elles souhaitent que les professeurs ou des intervenants extérieurs fassent vivre l’Union à l’école.
Commençons par changer les programmes scolaires pour y mettre plus d’Union européenne. Pourquoi pensent-ils cela ?
Nina et Inès ont indiqué que les programmes scolaires mentionnent seulement brièvement la construction européenne, et seulement en passant en revue la place de la France dans celle-ci. Elles pensent toutes deux qu’on ne parle pas de l’actualité européenne, par exemple, comme en 2015, discuter des flux migratoires, et ce que l’UE faisait, ou ne faisait pas. De plus, Zoé va plus loin dans sa réflexion en indiquant que comme l’UE est un objet politique, beaucoup de membres de son entourage ne sont pas politisés, ce qui freine logiquement la discussion sur ce sujet.
Je suis convaincue que parler de l’UE dans les programmes scolaires permettrait de normaliser ce sujet dans tous les établissements, ce qui contribuerait à effacer une partie des inégalités territoriales d’accès aux institutions européennes ou aux maisons de l’Europe, ou tout autre lieu européen, détaillé dans la chronique précédente.
Et comment envisagent-ils de changer les programmes scolaires ?
On m’a parlé d’inclure plus d’écrivain·es européen·nes dans les programmes de Français et de littérature ; ou encore, d’apprendre les langues plus tôt qu’en 6ème ou 5ème. En outre, il a été aussi évoqué l’idée que la représentation de l’UE auprès de chaque état membre puisse se concerter avec chaque ministère de l’éducation ou équivalent, pour inclure des matières ou des connaissances spécifiques à l’Union européenne. Enfin, pour lutter contre la dépolitisation des jeunes en France, il a été évoqué de parler politique et Union Européenne dès le collège, pour développer la compréhension et l’appétence des jeunes pour ce sujet, via notamment les cours d’éducation civique. Et cela ne demanderait pas aux professeur·es de parler uniquement de l’UE à l’approche des élections européennes, alors qu’elle influence notre quotidien !
Vous évoquiez également la deuxième piste, à savoir, des interventions extérieures ou de professeurs, portant sur l'Union européenne, au sein de l’école même.
Les engagé·es refusent des cours magistraux concernant cette union ; au contraire, ils veulent en apprendre plus par des ateliers interactifs, participatifs, et basés sur la réflexion en petits groupes, pour ensuite les compléter avec des témoignages, ou des quizzes animés par des personnes externes à l’école, ou des professeur·es.
Cette idée d’atelier est basée sur des pratiques du European Youth Forum, du Parlement européen des Jeunes ou des Jeunes Européens qui proposent ce genre d’ateliers, ou des simulations du Parlement européen entre autres. Ils existent d’autres pratiques, mais celles que j’ai citées ont toutes un point commun : la parole est donnée aux jeunes, et les rôles sont inversés : ils ne sont pas juste récipiendaires du savoir scolaire magistral.
Ces pratiques semblent en effet introduire un peu plus d’Union européenne à l’école. Cependant, sont-elles toutes réalistes et réalisables ?
C’est ce que nous verrons la semaine prochaine ! La réponse est plutôt nuancée…
Alors, à la semaine prochaine !
Entretien réalisé par Laurence Aubron.