L'éco de Marc Tempelman

L'inflation ronge-t-elle le pouvoir d'achat ?

L'inflation ronge-t-elle le pouvoir d'achat ?

Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.

De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Pour commencer 2023, je pensais qu’il était pertinent de s’attaquer au sujet qui préoccupe le plus les Français·es, leur pouvoir d’achat et l’inflation qui le ronge. Surtout qu’à ce sujet le verre peut-être vu comme étant à moitié plein, ou à moitié vide.

Commençons par le voir à moitié plein. Quelles sont les nouvelles positives sur le front de l’inflation ?

Il y en a deux. Le premier est que la France continue d’être parmi les pays en Europe où l’augmentation de l’inflation est la plus faible. En décembre, le taux d’inflation était de 6,7 % alors qu’en Allemagne il était de 9,6 %.

Par ailleurs, dans de nombreux pays, dont la France, l’inflation a légèrement baissé à la fin de l’année dernière, après une forte hausse tout le long de l’année. Ce qui pourrait indiquer que les efforts de la Banque centrale européenne pour lutter contre l’inflation commencent à porter leurs fruits.

Pourriez-vous nous donner quelques chiffres qui soulignent cet infléchissement de l’inflation ?

Oui bien sûr. Pour la zone euro, l’inflation est ressortie à 9,2 % pour le mois de décembre, alors qu’elle avait atteint 10,1 % en novembre et même un pic de 10,6 % en octobre.

C’est en effet plutôt une bonne nouvelle. La tendance est bonne, même si nous sommes encore loin du niveau cible d’une inflation d’environ 2 %. Alors pourquoi vous n’êtes pas plus enthousiaste que cela ?

Parce qu’il y a deux inflations à surveiller. La première, dont on vient de discuter, c’est l’inflation globale. La seconde est l’inflation dite sous-jacente, qui ne tient pas compte de l’évolution des prix de l’énergie et des produits alimentaires. Et malheureusement, celle-ci continue de grimper. Il était attendu stable en décembre à 5 %, mais est ressorti à 5,2 %. Cela souligne que le coût des services et des biens industriels continue d'augmenter.

Et j’imagine que la Banque centrale européenne observe autant cette inflation sous-jacente que l’inflation globale ?

Exactement. Et comme il apparaît que l’inflation sous-jacente n’est toujours pas maîtrisée, il est très probable que la BCE continuera de resserrer la visse, et qu’elle augmente les taux directeurs à nouveau en février ainsi qu’en mars.

D’ailleurs, le gouverneur de la Banque de France l’a formellement signalé la semaine dernière, en indiquant qu’il estimait que la BCE devait poursuivre sa lutte contre l’inflation, et que sa politique de hausse des taux ne changerait pas avant l’été.

Donc des mauvaises nouvelles en perspective pour l’économie française et pour ceux qui souhaitent emprunter ?

Oui, les hausses des taux directeurs à venir auront sans doute des conséquences sur les taux d’emprunt, que ce soit pour les particulier·es ou pour les entreprises. Mais il ne faut jamais analyser ce type de décision sous un seul angle. N’oublions pas que les hausses de taux sont appliquées pour ramener l’inflation le plus rapidement possible à son niveau cible de 2 %.

Par ailleurs, reconnaissons aussi que cela impactera favorablement les taux d’intérêt dont peuvent bénéficier les épargnant·es. À commencer par celui du livret A, qui augmentera sans doute de façon significative au 1er février. Mais aussi à celui que vous pourriez obtenir sur certains livrets d’épargne classiques, et qui peuvent désormais atteindre 3 % pendant plusieurs mois. 

Entretien réalisé par Cécile Dauguet.