L'éco de Marc Tempelman

Le private equity

Photo de Mathieu Stern sur Unsplash Le private equity
Photo de Mathieu Stern sur Unsplash

Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.

Marc Tempelman est le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

On entend beaucoup parler de private equity ces derniers temps, car il prend une place de plus en plus importante dans le monde des finances personnelles et de l’épargne. Je pensais qu’il était bon d’en discuter.

Pouvez-vous d’abord nous rappeler de quoi il s’agit exactement ?

Oui, bien sûr. Le private equity, ou capital-investissement en français, désigne l’investissement dans des entreprises qui ne sont pas cotées en bourse. Concrètement, un fonds de private equity prend une participation — souvent majoritaire — dans une société privée, l’accompagne pendant plusieurs années pour financer sa croissance, améliorer sa rentabilité, puis revend sa part avec, espérons-le, une plus-value.

Donc c’est une sorte d’investissement à long terme, plus direct, dans l’économie réelle ?

Exactement. Contrairement aux actions cotées que l’on peut acheter ou vendre en quelques secondes, ici, on investit dans le temps long — souvent 7 à 12 ans — aux côtés d’entrepreneurs ayant besoin de capitaux pour développer leurs sociétés. Celles-ci peuvent être très jeunes et innovantes, ou encore des entreprises plus mûres, actives dans des secteurs plus traditionnels. Quoi qu’il en soit, le private equity représente un capital patient, qui cherche à créer de la valeur par le développement de l’entreprise dans la durée.

Pourquoi cet univers a t-il pris autant d’ampleur ces dernières années ?

Plusieurs raisons. D’abord, du point de vue des investisseurs, les rendements du private equity ont été historiquement supérieurs aux marchés cotés, surtout dans un environnement de taux d’intérêt faibles. Ce qui a stimulé la demande pour cette classe d’actif, qui permet aussi aux investisseurs institutionnels — comme les fonds de pension, les assureurs, ou encore les family offices — de diversifier leurs investissements. Ces entités ont donc alloué une part croissante de leurs portefeuilles au private equity.

Du côté de la demande, on peut souligner les besoins en capitaux colossaux notamment de la part de jeunes entreprises technologiques. Dans le secteur de l’Intelligence Artificielle par exemple, des acteurs comme OpenAI, qui gère ChatGPT ou encore le français Mistral ont attiré des milliards d’euros de capitaux, notamment en provenance de fonds de private equity.

Pendant longtemps le private equity semblait réservé à des investisseurs très riches ou professionnels. Qu’est-ce qui change aujourd’hui ?

C’est vrai. Il y a dix ans, il fallait souvent plusieurs millions d’euros pour entrer dans un fonds de capital investissement. Aujourd’hui, les plateformes de gestion de patrimoine et certaines fintechs permettent à des particuliers d’investir d’accéder à cette classe d’actifs pour des sommes plus modestes.

Cela semble très attractif, mais on imagine qu’il y a aussi des risques importants ?

Absolument, et il faut les souligner clairement. Le premier risque est le risque de perte en capital. Les gérants d’un fonds de private equity vont déployer le capital fourni par les investisseurs dans une vingtaine de sociétés. S’ils ont le nez creux, ils peuvent être les premiers investisseurs dans le prochain Apple ou Google, et rendre un multiple des sommes investis aux associés du fonds. Mais il est également possible que les entreprises du portefeuille connaissent des difficultés jusqu’à être liquidées. 


Le second risque majeur, c’est l’illiquidité : quand vous investissez dans un fonds de private equity, votre argent est bloqué pendant plusieurs années. Vous ne pouvez pas le retirer à tout moment. La classe d’actif s’adresse donc à des investisseurs avertis, qui ont un horizon de placement à long terme.

Le private equity n’est donc pas un placement miracle ?

Tout à fait. C’est une classe d’actifs intéressante qui peut être très rentable, mais qui doit rester une composante minoritaire d’un portefeuille bien diversifié. On y investit pour le long terme, en acceptant le risque et l’illiquidité, pas pour rechercher un gain rapide.

C’est un outil puissant pour financer les entreprises et diversifier ses placements, mais pas un substitut aux marchés cotés. Comme toujours en finance : comprendre avant d’investir reste indispensable.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.