Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour. Si on laisse de côté le CAC 40, l’indice phare de la bourse de Paris, bon nombre de marchés actions sont à des niveaux records. On nous pose régulièrement la question si c’est encore le moment d’investir en bourse, et s’il ne faudrait pas attendre que les valorisations baissent.
Dit autrement, est-il pertinent d’acheter au plus haut ?
Oui, surtout que le monde économique ne manque pas de raisons de craindre une correction. Les dangers sont nombreux. Vous avez raison. Prenons le risque climatique. Les statistiques sont irréfutables. La moitié de la terre de notre planète a souffert d’une sécheresse extrême l’année passée, contre seulement 15% dans les années 80. C’est la même chose pour les pluies extrêmes. La semaine dernière, il est tombé en 8 heures sur la ville de Chiva en Espagne l’équivalent d’une année de pluie. Ce qui a causé des destructions massives et des dizaines de morts.
Les Nations Unies l’ont résumé en une phrase. Selon eux, si nous ne réduisons pas les émissions de gaz à effet de serre de 40% avant la fin de cette décennie, toutes les économies du monde seraient paralysées.
Et pourtant vous dîtes que les bourses du monde sont au plus haut ?
Oui. Encore une fois, je mets de côté le CAC 40 qui est en baisse depuis le début de l’année, sans doute en partie sous l’effet de l’incertitude politique qui règne dans le pays. Mais aux US, le P 500 et le Nasdaq ont atteint des records la semaine dernière. En Europe, le Dax allemand et l’Ibex espagnol en ont fait autant. Et si l’on regarde le reste du monde, les bourses du Canada, de l’Australie, de l’Inde et du Nigeria sont également à leurs pics historiques.
Ce phénomène ne concerne que les actions ?
Non et vous avez raison de le souligner. Le Bitcoin, une crypto-devise, a franchi la barre des 64 000 euros et l’once d’or est très proche de son plus haut historique également.
On peut dire que l’appétit pour des classes d’actifs risqués n’a rarement été aussi élevé.
Ce qui nous amène à la question posée. Est-il raisonnable d’investir en actions quand les cours de bourse sont à leurs niveaux records ?
Sur papier, la réponse paraît évidente. Plus on achète une action à un prix élevé, moins le rendement espéré de ce placement sera important.
Mais le contre argument est rapidement trouvé. Puisque sur des durées longues bourses ont eu tendance à monter, il est logique qu’elles vont de record en record. Ainsi, cette année l’indice du P 500 a établi 50 nouveaux records. Il est clair que si vous aviez investi au moment où il a touché son premier record, vous auriez réalisé une très belle performance depuis.
Donc acheter au plus haut n’est pas si idiot que cela ?
Non, car les analyses historiques montrent que - sur une durée longue qui doit se compter en années - cela n’enlève pas grand-chose de votre rendement si l’on le compare au rendement obtenu par une personne qui investit tous les jours en bourse. Et qui lisserait ainsi son prix d’achat.
La banque canadienne RBC s’est amusée à faire les calculs. Sur n’importe quelle période de 5 ans depuis 1950 le rendement de celui qui achète au plus haut n’a été inférieur que de 1% à celui obtenu par la personne qui investit au fil de l’eau.
Quelle est donc votre conclusion ?
Il est évident qu’en bourse, acheter au plus bas, pour vendre au plus haut est LA stratégie la plus rentable. Mais elle est utopique. Par ailleurs, même les investisseurs les plus expérimentés avouent que d’essayer de timer le marché pour trouver les points d’entrée les plus favorables est très complexe, voire impossible. Enfin, il est statistiquement prouvé qu’en loupant les quelques jours de forte hausse d’un marché, on passe à côté d’une grande partie de la performance sur une année.
Donc pour toutes ces raisons, il est recommandable pour ceux qui souhaitent investir en bourse de le faire de façon régulière et de continuer de le faire quand les indices sont proches ou à leurs niveaux records.
Une interview réalisée par Laurence Aubron.