L'humeur européenne de Bernard Guetta

La gauche la plus puérile du monde

Palais de l'Elysée - Nicolas Nova La gauche la plus puérile du monde
Palais de l'Elysée - Nicolas Nova

Chaque semaine sur euradio, retrouvez la chronique de Bernard Guetta, député européen, qui effectue un retour sur les actualités et événements européens actuels.

Parce qu’elle n’admet pas qu’Emmanuel Macron ait été chercher un Premier ministre dans les rangs de la droite plutôt que dans les siens, la gauche s’apprête à commettre une profonde erreur. Non seulement la censure qu’elle entend opposer à Michel Barnier ne le fera pas tomber puisque la gauche n’est pas majoritaire mais elle achèvera, ce faisant, de faire de l’extrême-droite un acteur à part entière de la vie politique.

Autrement plus habiles que la gauche, les lepénistes ont en effet préféré « juger sur pièces ». Ils vont attendre de voir, expliquent-ils, si les politiques menées par le futur gouvernement Barnier répondent à leurs « exigences ». Ils vont le mettre, disent-ils, « sous surveillance » et devenir de cette manière incontournables.

Au moment qu’ils choisiront, ils pourront annoncer qu’ils veulent censurer ce gouvernement et là, la gauche se trouvera dans une situation impossible. Ou bien elle se déshonore en votant avec l’extrême-droite contre un Premier ministre de droite mais parfaitement démocrate ou bien elle sauve la mise à Michel Barnier en contredisant la censure qu’elle aura précédemment et vainement votée contre lui.

Dans les deux cas, l’extrême-droite pourra aller à la présidentielle de 2027 en se présentant comme une force modérée qui, contrairement à la gauche, avait joué la stabilité mais qui ne pouvait plus soutenir une droite incapable, dira-t-elle, de lutter contre l’immigration et la cherté de la vie.

La gauche ne doit pas voter cette censure qui n’a aucun sens. La gauche doit reprendre ses esprits mais elle est, pour l’instant, tout à sa fureur car il est vrai que c’est à elle qu’il aurait dû revenir de former le gouvernement, à elle qui était arrivée en tête des législatives, et non pas à Michel Barnier, membre d’un parti dont les électeurs avaient fait le bon dernier de ce scrutin.

Il y a là une « anomalie démocratique », comme disent les plus modérés, mais là où la gauche a tort, totalement tort, c’est que c’est à elle-même qu’en revient la faute, et à personne d’autre.

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