Quoi de neuf en Europe ?

Quoi de neuf en Europe ? - Élections européennes

CC-BY-4.0: © European Union 2024 - Source : EP Quoi de neuf en Europe ? - Élections européennes
CC-BY-4.0: © European Union 2024 - Source : EP

Chaque semaine sur euradio, Perspective Europe, l'association du master "Affaires européennes" de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité bruxelloise et européenne.

Alors Fanny, dites-moi : quoi de neuf en Europe ?

Ce dimanche était jour d’élection en Europe. Au Portugal, en Pologne, comme en Roumanie, les électeurs européens se sont dirigés vers les urnes.

Ah oui ! Beaucoup d’échéances électorales ce week-end à ce que je vois.

Commençons par parler de l’élection présidentielle roumaine. Cette élection avait été annulée par la Cour constitutionnelle suite à des accusations d’ingérence russe via des campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux en faveur du candidat d’extrême-droite Calin Georgescu. Cette situation inédite avait conduit à de nombreuses interrogations sur la protection de la démocratie à l’épreuve de la cyber-influence.

Et qu’en est-il de Calin Georgescu ? A-t-il finalement participé à l’élection ?

Eh bien, malgré son recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme au nom du droit à des élections libres, Calin Georgescu s’est vu interdit de participer à l’élection présidentielle, reportée au 4 et 18 mai. Ce qui a donné champ libre à un autre candidat d’extrême-droite pour s’imposer dans la campagne : j’ai nommé George Simion. Après une spectaculaire remontada dans les sondages et un score écrasant de 40% des suffrages au premier tour, le chef du parti de droite souverainiste Alliance pour l’unité des Roumains proche des idées de Donald Trump et de l’Italienne Giorgia Meloni, il arrivait confiant. Et pourtant…

Pourtant ? Dites-nous en plus !

Il semblerait que l’adage « il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué » ait donné une magistrale leçon de modestie à George Simion. Crédité de plus de 54% des suffrages contre quelque 45%, c’est son opposant Nicusor Dan, maire de Bucarest et fervent pro-européen, qui est ressorti en tête du second tour de l’élection présidentielle roumaine.

Mais comment expliquer ce résultat surprenant ?

Plusieurs hypothèses sont avancées. La déconvenue électorale de Simion s’explique par l’élévation soudaine du taux de participation, passé de 53% au premier tour à près de 65%. Mais c’est sans compter sur Simion qui a opté pour l’hypothèse conspirationniste. La France a ainsi été accusée d’ingérences et de tentatives de censure des voix conservatrices en Roumanie. Simion a tiré les conséquences de cette hypothèse de la même façon que Donald Trump l’avait fait face à Joe Biden en 2021 : en s’auto-proclamant nouveau président de la Roumanie.

Et qu’en est-il des élections polonaises et portugaises ? Quel lien avec la Roumanie ?

Alors tout d’abord, il est intéressant de noter que parmi ses récentes rencontres internationales, Simion est passé par la Pologne pour soutenir la candidature à la présidence de Karol Nawrocki, un candidat indépendant soutenu par le parti d’extrême-droite eurosceptique Droit et justice. Les résultats sont tombés : Nawrocki arrive à la deuxième place du premier tour des élections et se qualifie ainsi pour le second tour.

Quant au Portugal, la coalition de droite du Premier ministre sortant Luis Montenegro est arrivée en tête avec néanmoins une importance progression de l’extrême-droite qui atteint la barre de 20% des suffrages et complexifie la formation d’une majorité stable.

Les points communs de ces trois élections ? 1) L’entraide entre leaders d’extrême-droite, 2) la montée de l’extrême-droite comme force politique 3) sa participation au second tour dans le cas de la Pologne et de la Roumanie.

Un danger ? La contestation croissante des résultats électoraux, et donc des fondements de nos démocraties.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.