Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Margot Klein, Thomas Kox, Giona Melotto, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme:
- Le premier ministre britannique Keir Starmer expose ses objectifs climatiques lors de la COP 29 à Bakou
- Aux Pays-Bas, un tribunal annule une décision qui condamnait Shell à réduire ses émissions carbone
- Giorgia Meloni conteste les décisions judiciaires quant à ses politiques migratoires
Bonjour, entamons ce tour des actualités à la COP 29 de Bakou, où le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est montré particulièrement volontariste sur les objectifs climatiques de son pays
Le Royaume-Uni s’est en effet engagé ce mardi 12 novembre à réduire “d’au moins 81%” ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035 par rapport à celles de 1990, un volontarisme britannique qui tranche avec le pessimisme assez général qui entoure cette cop azerbaÏdjanaise. Cet objectif est conforme aux recommandations faites par la CCC, la Commission sur le Changement Climatique.
C’est un objectif relativement ambitieux, en phase avec les accords de Paris de 2015.
Oui, je le rappelle ces accords visaient à contenir le réchauffement climatique à moins de 2°C maximum d’ici la fin du siècle. La particularité des accords de Paris est que chaque Etat fixe lui-même ses objectifs. Les pays signataires de l’accord ont d’ailleurs jusqu’au 10 février 2025 pour présenter leurs plans à l’échelle nationale pour 2035.
L’ONG Greenpeace a salué l’engagement de Keir Starmer.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule organisation pour le climat à avoir commenté la déclaration du premier ministre britannique. WWF a par exemple déclaré dans un communiqué de presse que “Cet objectif est une indication que le nouveau gouvernement britannique reconnaît l’urgence de réduire les émissions (...), garantir une plus grande sécurité énergétique et créer des emplois.”
Le Royaume-Uni de Keir Starmer semble donc vouloir donner l’exemple en matière de politique climatique.
Les ambitions écologiques du Premier ministre britannique tranchent fortement avec celles des gouvernements conservateurs précédents. Le gouvernement travailliste au pouvoir est beaucoup plus ambitieux sur le plan climatique et a déjà introduit plusieurs mesures positives pour l’environnement, comme la fermeture de la dernière centrale à charbon en septembre ou la reprise de projets éoliens.
Le pays est-il en bonne voie pour atteindre ces objectifs ?
Pas vraiment. Le Royaume-Uni n’est “pas en bonne voie” pour atteindre les objectifs de 2030, a déclaré Corinne Le Quéré, membre du CCC, en octobre. Reste à voir comment les déclarations ambitieuses de Keir Starmer lors de la COP 29 se déclineront dans les faits.
Poursuivons ce tour des actualités avec une autre nouvelle concernant l’environnement, moins réjouissante cette fois-ci.
Oui, c’est un grand revers pour les défenseurs de la planète : la cour d’appel de La Haye aux Pays-Bas a annulé, ce mardi 12 novembre, une décision historique de 2021. Selon le premier jugement du tribunal de La Haye, le géant pétrolier Shell était contraint de réduire ses émissions de CO2 de 45% en 2030, par rapport aux niveaux de 2019.
Et pourquoi l’entreprise pétrolière avait-elle été jugée en 2021 ?
C’est Milieudefensie, une ONG qui lutte pour le climat, qui avait lancé l’affaire en 2019. L’ONG rejointe par plusieurs autres organisations, dont Greenpeace avait attaqué Shell, estimant que la multinationale contribuait au changement climatique et devait être restreinte légalement dans ses émissions de CO2. La victoire des défenseurs de l’environnement face au géant pétrolier avait été qualifiée d’”historique”.
Mais, trois ans après cette décision de justice, la cour d’appel vient d’annuler la décision. Pourquoi ?
La Cour estime qu’une réduction de production d’énergies fossiles de la part de l’entreprise ne ferait qu’augmenter la production des autres entreprises pétrolières sans réduire les émissions de CO2 à l’échelle globale. La Cour a aussi jugé qu’il était trop difficile de “chiffrer les objectifs à atteindre” a écrit le journal Le Monde.
Aucune vraie contrainte n’a donc été imposée à Shell, si ce n’est, je cite, “une exigence de gestion consciencieuse”.
Pourtant, les organisations qui ont attaqué Shell en justice soutiennent que les actions de la multinationale sont contraires aux accords de Paris et contribuent de manière significative au réchauffement climatique. A l’époque, plus de 17000 citoyens néerlandais s’étaient constitué partie civile, et l’affaire avait eu un retentissement de taille.
Clôturons ce journal en Italie, où la première ministre Giorgia Meloni conteste les décisions judiciaires qui freinent sa politique migratoire.
Ce lundi 11 novembre, un tribunal italien a pour la seconde fois déclaré illégaux les renvois de migrants arrivés sur le sol italien dans des centres en Albanie. Le gouvernement italien avait passé un accord avec Tirana il y a un an pour y envoyer les migrants arrivés illégalement en attendant de traiter leur demande d’asile.
Le premier centre a ouvert en octobre en Albanie.
Oui, une dizaine de migrants y avaient été transférés avant d’être presque immédiatement rapatriés, suivant la décision d’un tribunal romain. Le tribunal jugeait ces transferts illégaux car les migrants devaient être originaires de pays considérés comme “sûrs” par la loi européenne. Or, ils ne l’étaient pas.
Giorgia Meloni a immédiatement dénoncé la décision des juges
Elle a qualifié cette décision, je cite, de “nuisible”. La première ministre estime aussi que la justice“complote” contre elle. Pour le procureur Stefano Musolino, les attaques de Giorgia Meloni sont très dangereuses; le pouvoir judiciaire doit être autonome et indépendant et ne pas servir les intérêts du gouvernement, a-t-il confié à Politico. Les attaques de la première ministre italienne contre cette décision de justice constituent donc une atteinte à la démocratie, selon le journal Politico.
Un journal de Margot Klein et Ulrich Huygevelde.