Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. Avec Joris Schamberger, Ariane Dana, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Le Parlement polonais, qui a récemment franchi un cap vers la libéralisation de l'IVG
- La Grèce, où la production d'énergie renouvelable est en plein essor
- La bagarre survenue au Parlement géorgien dans le contexte du retour au Parlement de la loi sur les “agents étrangers”
Ouvrons ce journal en évoquant le Parlement polonais, qui a récement franchi un cap vers la libéralisation de l'IVG.
Oui, le 12 avril, une étape historique vient d’être franchie en Pologne alors que la Diète, la chambre basse du Parlement, a voté en première lecture quatre projets de loi visant à libéraliser le droit à l'avortement. Une avancée significative dans un pays où les lois sur l'avortement sont parmi les plus restrictives d'Europe.
Un vote qui s’est déroulé dans un climat de grande tension, une tension palpable au sein même de la coalition au pouvoir.
Oui, les divergences entre les différentes factions politiques sur cette question sensible ont créé des fissures au sein de la coalition gouvernementale, mettant à l'épreuve son unité et sa stabilité. Les quatres projets de loi, tous déposés par des composantes de la coalition proeuropéenne au pouvoir depuis les élections de 2023, proposent ainsi diverses approches de la libéralisation de l'IVG. Les deux premiers textes, présentés par la Gauche unie, prévoient la décriminalisation de l'aide à l'avortement ainsi que la pleine légalisation de l'IVG jusqu'à la douzième semaine de grossesse.
Les deux autres projets ne sont toutefois pas aussi libéraux.
Si celui porté par la Coalition civique libérale dirigée par le Premier ministre Donald Tusk, soutient également une légalisation jusqu'à la douzième semaine de grossesse, il ajoute des conditions supplémentaires par rapport au projet de la Gauche unie. Le quatrième projet, porté par l'alliance des partis conservateurs et démocrates chrétiens, préconise quant à lui un retour au "compromis" en vigueur entre 1993 et 2020, n’autorisant l'avortement que dans trois cas spécifiques : la malformation du fœtus, le danger pour la vie ou la santé de la mère, et la grossesse issue d'un viol ou d'un inceste.
Les réactions à ce vote ont été contrastées.
Oui, si les organisations féministes ont accueilli cette avancée avec enthousiasme, soulignant son importance dans la protection des droits des femmes, elles restent conscientes des défis à venir. En effet, la polarisation de la société polonaise sur la question de l'avortement ainsi que les jeux politiques en cours pourraient entraver la réalisation de cette réforme, qui pourrait prendre longtemps avant d’entrer en vigueur.
Poursuivons ce tour de l’actualité en prenant la direction de la Grèce, où la production d'énergie renouvelable est en plein essor.
Oui, la Grèce a investi massivement dans l'énergie éolienne terrestre et en mer. Soutenue par l'Union européenne, cette initiative vise à faire du pays un exportateur majeur d’énergie renouvelable en Europe.
Des parcs éoliens émergent progressivement à travers le pays.
En témoignent des sites tels qu'Ágios Geórgios, où 23 turbines alimentent déjà plus de 40 000 foyers. Le pays a également ajouté 153 nouvelles centrales éoliennes l'année dernière, déterminé à accroître sa capacité éolienne. Une évolution qui n’est pas au goût de tous, et qui se voit vivement critiquée par les riverains. "On ne peut pas tolérer en Grèce autant de parcs éoliens", estime ainsi Dimitris Soufleris, responsable de la société de protection de l'environnement de Kymi, qui s’inquiète notamment de l’impact sur la biodiversité de ces infrastructures dans le centre d'Eubée.
L'Union européenne joue un rôle clé en fournissant des incitations financières et logistiques pour accélérer la transition énergétique en Grèce.
Oui, à travers une série de mesures incitatives, comprenant des garanties de crédit et des subventions, elle souhaite catalyser le développement rapide des infrastructures nécessaires à l'essor de l'énergie éolienne en Grèce. Un partenariat stratégique qui renforce la position de la Grèce en tant que leader régional dans le domaine des énergies renouvelables.
Le stockage de l’énergie produite demeure toutefois un défi majeur.
De fait, la Grèce explore différentes solutions telles que la centrale hydroélectrique à accumulation par pompage d'Amfilochia. Financé en partie par l'UE, ce projet vise à optimiser l'utilisation de l'énergie éolienne excédentaire et assurer sa disponibilité lorsque nécessaire, permettant ainsi une utilisation optimale des ressources.
Terminons ce journal en évoquant la bagarre survenue au Parlement géorgien dans le contexte du retour au Parlement de la loi sur les “agents étrangers”.
Oui, c’est une scène digne d'un film d'action qui s'est déroulée le lundi 15 avril au Parlement géorgien, à Tbilissi, alors que des députés en sont venus aux mains lors des débats sur la réintroduction du projet de loi controversé sur les "agents étranger". La violence a éclaté dès le début des débats parlementaires. Des images montrent un député de l'opposition frapper violemment un législateur du parti au pouvoir, co-auteur du projet de loi. La diffusion en direct a même été interrompue suite à cette bagarre généralisée.
Si le gouvernement présente cette législation comme un moyen de garantir la transparence du financement des organisations, ses opposants y voient un outil d'intimidation visant à museler la société civile.
Elle soulève en effet des préoccupations quant à son impact sur les organisations caritatives, les groupes de pression et les médias d'opposition qui bénéficient de financements étrangers. En cas d'adoption, elle les qualifierait d'« agents d'influence étrangère », ce qui risquerait grandement de restreindre leurs activités et leur capacité d’action.
Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a annoncé en début de mois le retour de ce projet de loi, malgré les protestations qui avaient contraint à son abandon en mars 2023.
Les manifestations de l'année dernière avaient rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Tbilissi, dénonçant un texte jugé inspiré de la législation russe réprimant les critiques du pouvoir. Cette escalade de violence survient dans un contexte de mobilisation populaire croissante. Des dizaines de manifestants s'étaient déjà rassemblés devant le parlement ce matin-là, brandissant le drapeau de l'Union européenne en signe de protestation. Un acte symbolique fort dans un pays aspirant à rejoindre l'UE, mais dont les ambitions sont entravées par des initiatives législatives jugées contraires aux valeurs européennes.
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.