Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 17 novembre

Aujourd'hui en Europe - Mardi 17 novembre

Avec l'arrivée de Joe Biden au pouvoir, l'Europe va -t-elle poursuivre sa stratégie d'autonomie vis-à-vis des USA ? Les avis divergent; immigration, face à l'afflux de migrants, les autorités grecques tentent de dissuader les réfugiés de prendre la mer; un citoyen autrichien accuse Apple de collecter les données des utilisateurs sans leur consentement.

L’Europe va-t-elle atteindre l’autonomie stratégique vis-à-vis des Etats-Unis ? C’est une question qui agite les pays européens depuis l’élection de Donald Trump en 2016. En effet, sa politique protectionniste et pro-américaine a bousculé une Europe habituée à collaborer étroitement avec Washington. Face à cette nouvelle réalité, certains avaient estimé que le temps d’une Union européenne étroitement liée à Washington était révolu. L’élection de Joe Biden, début novembre, a relancé les velléités européennes de collaboration étroite avec les USA. Mais cela ne semble pas au goût du président Macron.

En effet, Emmanuel Macron est un fervent promoteur de l’autonomie stratégique de l’Union européenne. Que recouvre ce concept ? Il implique que l’Union européenne soit un acteur capable d’opérer de manière indépendante tant au niveau militaire qu’énergétique ou encore dans le domaine numérique.

Cette vision n’est pas partagée par tout le monde. C’est le cas de la ministre de la défense allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer. Dans une carte blanche publiée le mois passé, elle a déclaré que l’UE ne pouvait remplacer les Etats-Unis en tant que garant de la sécurité dans le monde. Elle a également appelé à la fin des illusions concernant la fameuse autonomie stratégique de l’UE.

Lundi, le président Macron a pointé du doigt, je cite, un contresens de l’histoire proposé par la ministre allemande. Il a déclaré que les valeurs européennes et américaines n’étaient pas les mêmes. Selon lui, les Etats-Unis ne respecteront les Etats-Unis que si l’Europe se comporte de manière indépendante.

Ces déclarations s’inscrivent dans une remise en cause de certains traits de l’ordre international par Emmanuel Macron. Celui-ci n’a jamais caché ses ambitions de faire de l’Europe un acteur plus affirmé dans le domaine de la défense.

Tout à fait ! Emmanuel Macron a souligné le besoin de nouvelles formes de coopération internationale. En 2019, il avait créé la polémique en soulignant la mort cérébrale de l’OTAN. Cette organisation politico-militaire qui rassemble notamment les pays européens et les Etats-Unis. Une organisation créée à l’origine, en 1949, pour lutter contre le bloc soviétique.

Le porte-parole du gouvernement allemand a déclaré que l’Allemagne partageait la position d’Emmanuel Macron. Néanmoins, il a souligné l’importance de travailler avec les Etats-Unis.

Tournons-nous maintenant vers la Mer Egée. La Grèce fait toujours face à un afflux important de réfugiés qui tentent d’atteindre l’Europe. Face à cela, les autorités grecques tentent par différents moyens de dissuader les réfugiés de prendre la mer. Cette fois-ci, elles utilisent la voie judiciaire. Les autorités grecques ont arrêté un réfugié afghan pour avoir mis en danger la vie de son fils, décédé en mer. Sur quelle base les autorités grecques agissent-elles?

L’embarcation avec à son bord environ 25 réfugiés a fait naufrage le 8 novembre au large de l’île grecque de Samos. Une île située tout près de la côte ouest de la Turquie. Dans le naufrage, le père de 25 ans a perdu son fils de 6 ans.

Les autorités grecques ont effectivement arrêté le père pour mise en danger de la vie d’autrui. En vertu de la loi grecque, il risque jusqu’à 10 ans de prison. Si les autorités grecques arrêtent régulièrement des passeurs, il est très rare qu’elles poursuivent des réfugiés directement. Surtout pour mise en danger.

Depuis le début de la crise migratoire en 2011, la Grèce est une voie de passage privilégiée. Elles sont régulièrement soupçonnées par des ONG de refouler les réfugiés, une pratique pourtant interdite.

En effet, de nombreuses ONG ont dénoncé les pratiques de refoulement des autorités grecques. Le droit international interdit aux Etats de repousser des réfugiés sans avoir traiter leur demande d’asile. La Commission européenne a d’ailleurs exigé des réponses de Frontex à ce sujet. Frontex qui est l’agence de protection de frontières de l’Union européenne, elle aussi soupçonnée de refouler des réfugiés.

Terminons en évoquant David contre Goliath. Max Schrems, citoyen autrichien, a fait du respect de la vie privée son cheval de bataille. En 2015 et 2020, il a obtenu l’invalidation de directives européennes qui ne respectaient pas la vie privée des citoyens. Lundi, il a lancé une procédure contre la société Apple. Que reproche-t-il à la société américaine ?

Max Schrems accuse Apple de collecter les données des utilisateurs sans leur consentement. Chaque iPhone et iPad contient ce qui s’appelle un « identifiant publicitaire ». Il s’agit d’un outil qui enregistre le comportement en ligne des utilisateurs de produits Apple. Ces données bénéficient ensuite non seulement à Apple mais aussi à des entreprises tierces. Celles-ci peuvent donc cibler les utilisateurs avec des publicités personnalisées.

Selon Max Schrems, Apple viole une directive européenne de 2002 sur la vie privée. Son ONG, appelé Noyb, a porté plainte devant les tribunaux allemand et espagnol. Son avocat, Stefano Rossetti, a déclaré que le traçage devait être l’exception et non la norme.

Le modèle des géants du numérique est de plus en plus sous pression

Tout à fait ! La Commission s’attaque à la position dominante des géants du numérique en matière de commerce en ligne. En octobre dernier, le parlement européen a appelé à l’interdiction des publicités ciblées sur internet. L’Union européenne ne veut plus être un terrain de jeu pour les entreprises numériques. Une autre manière d’assurer son autonomie stratégique !

Victor D’Anethan – Thomas Kox

crédits photo: Euseson, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons