Commençons ce journal en évoquant la volonté de la communauté internationale de mettre en place un “Plan Marshall” pour l’Ukraine.
Les représentants du G7 et de la Commission européenne se sont réunis à Berlin les 24 et 25 octobre pour examiner les différentes manières de, je cite, "restaurer", "reconstruire" et "moderniser" l'Ukraine. À l'ordre du jour figuraient les grandes lignes d'un nouveau "plan Marshall" pour l'Ukraine. Une référence au plan d’aide des Etats-Unis pour la reconstruction de l’Europe après la seconde guerre mondiale.
La Banque centrale estime que la reconstruction du pays devrait avoisiner les 350 milliards d’euros. Récemment le président ukrainien a déclaré que le pays avait également besoin de 38 milliards d’euros pour combler son déficit annuel alors que l’économie du pays a subi un très net coup d’arrêt depuis le 24 février.
Le plan d’aide pour l’Ukraine se veut international et non seulement européen?
Oui en effet, c’est Ursula Von der Leyen elle-même qui a expliqué que les sommes à mobiliser seraient tellement conséquentes que ni un pays, ni même l’Union européenne dans son ensemble, ne pourraient les prendre en charge, et que le plus grand nombre d’acteurs devraient participer à l’effort.
Dans ce cadre, les Etats-Unis sont un allié majeur. Depuis le début de la guerre Washington a débloqué plus de 52 millard d’aide à l’Ukraine. Une aide supérieure aux 29 milliards accordés par l’UE et ses membres.
Comment ce plan Marshall pourrait être mis en œuvre?
Le centre de recherche transatlantique German Marshall Fund a publié un rapport proposant un plan d’action pour mettre en place ce projet d’envergure. Le centre plaide pour un processus en quatre phases.
Première étape : avant même la fin du conflit, maintenir une aide d’urgence et notamment sur les services de première nécessité, puis dès la fin de la guerre la reconstruction rapide des infrastructures détruites. Dans un troisième temps une modernisation pour, je cite, « reconstruire en mieux » et attirer les investissements directs étrangers.
Le processus se conclurait par une phase d’adhésion à l’Union européenne. Un sujet qui a été abordé par les leaders européens, durant la réunion de Berlin. Selon Olaf Scholz et Ursula Von der Leyen, le soutien européen à Kyiv s’accompagne de l’objectif à moyen terme d’intégrer l’Ukraine aux 27.
Continuons ce journal en évoquant la visite du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, en Uruguay pour relancer les négociations de l’accord UE-Mercosur
Depuis 2019 Bruxelles cherche à mettre en place un accord commercial de libre échange avec le Mercosur. Cette organisation inter-étatique est une communauté économique qui regroupe les principaux pays d'Amérique du Sud, tels que le Brésil, l’Argentine ou l’Uruguay.
À terme, l'accord a pour ambition de supprimer plus de 90% des droits de douane entre les deux marchés. Selon l’UE, cet accord doit permettre aux entreprises européennes d’économiser jusqu’à 4 milliards d’euros de droits aux frontières par an.
Quels sont les points de blocage dans la signature du traité?
Et bien d’abord pour entrer en vigueur, l’accord doit être ratifié par tous les États membres des deux organisations. De ce côté de l’Atlantique, l’accord inquiète les agriculteurs mais aussi les défenseurs de l'environnement.
Les produits sud-américains issus en général de l’agriculture intensive pourraient, en raison de leurs bas coûts, venir concurrencer les produits européens. Côté sud-américain ce sont les industriels aux coûts de production élevés comme le textile ou les équipements automobiles qui craignent l'afflux de produits européens.
De façon plus générale, la diplomatie européenne souhaite réinvestir la région?
Oui et même si l'Ukraine domine l’agenda de la politique étrangère de l’UE, l’exécutif européen souhaite remettre en haut de l’agenda les relations avec l’Amérique latine et les Caraïbes. Bruxelles redoute une perte d’influence dans la région en raison de l’échec des précédentes tentatives d’accords commerciaux. D’autant que l’Amérique latine dispose de ressources essentielles à la transition énergétique, tels que le cuivre mais surtout le lithium.
Ce nouvel élan visant à resserrer les relations intervient peu après le discours annuel du chef de la diplomatie européenne. Lors de ce discours offensif Josep Borrell avait réclamé de ses services une action plus résolue pour contrer l'expansionnisme chinois voir russe.
Terminons ce journal en évoquant la situation énergétique en Europe. Les ministres de l’énergie des 27 se sont réunis pour la 5ème fois depuis juillet 2022 pour discuter de la manière de faire face à la crise énergétique actuelle.
En effet Raphaël, les propositions tournent autour du plafonnement du prix du gaz, une solution où le consensus semble difficile à atteindre, et également sur une collaboration pour l’achat commun de gaz. Mais actuellement, les prix baissent du fait d’un temps clément, du remplissage des réserves stratégiques et d’une réduction de la demande. En Europe, le prix du gaz est passé sous la barre des 100 euros par mégawattheure.
Et malgré cette baisse du prix, les 27 ne parviennent pas à trouver un accord sur un plafonnement du prix de l’énergie.
En effet mais d’abord il semble important de rappeler que le prix de l’électricité est couplé à celui du gaz. Ce qui veut dire que quand le prix du gaz augmente, le prix de l’électricité nucléaire ou solaire par exemple, augmente aussi. L’idée d’introduire un prix plafond pour l’électricité gagne du terrain au sein des Etats-membres. Cependant Bruxelles craint que des prix du gaz moins élevés poussent la consommation à la hausse et conduisent à des exportations d’électricité subventionnée hors de l’UE. De plus des pays importants tels que, l’Allemagne et les Pays-Bas, y sont opposés.
Mais plus d’une quinzaine de pays membres y sont favorables !
Oui, au début du mois d'octobre, une coalition de 15 pays a exhorté la Commission à introduire un plafond sur les prix du gaz. Cette semaine la Slovaquie est même passée à l’action. Le gouvernement slovaque a ainsi annoncé un plafonnement des prix de l’énergie à hauteur de 199 € par mégawattheure pour l’électricité et à 99 €/MWh pour le gaz naturel, pour les entreprises et commerces à partir de 2023.
Laura Léger et Raphaël Ligot