Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Lundi 9 novembre

Aujourd'hui en Europe - Lundi 9 novembre

Elections américaines, Joe Biden élu 46ème président des Etats-Unis, un grand soulagement pour l'Europe; le Danemark décide d'exterminer 17 millions de visons pour freiner la propagation du COVID-19; Kosovo, le président Hashim Thaçi, visé par une enquête criminelle, a annoncé sa démission ce jeudi.

Pour cette édition, évoquons la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle américaine. Le candidat démocrate a finalement obtenu les 270 voix de grands électeurs qu’il lui fallait pour entrer à la Maison Blanche. Même si Donald Trump, le président sortant, refuse pour l’instant de reconnaître l’élection accusant depuis plusieurs jours le camp démocrate de fraude électorale. On ne sait pas encore l’impact que cette attitude aura sur la phase de transition et la passation de pouvoir.

Cette élection devrait mettre fin à quatre ans de relations tendues entre les Etats-Unis et l’Europe. A quoi peut-on s’attendre pour les relations transatlantiques ?

L’Europe pousse un grand soupir de soulagement. L’élection de Joe Biden devrait favoriser un apaisement des relations. Elle met surtout fin à l’hostilité permanente de Donald Trump à l’égard d’organisations comme l’OTAN. Donald Trump a aussi régulièrement critiqué l’Union européenne, se réjouissant même ouvertement du Brexit.

De son côté, Joe Biden veut renforcer sa coopération avec l’Europe en matière de politique étrangère. Il a l’intention d’organiser un sommet des démocraties en 2020, pour fédérer ses alliés européens contre la Russie et la Chine. La montée en puissance de Pékin inquiète beaucoup les élites américaines.

Néanmoins, la tendance aux Etats-Unis est à un désengagement en Europe, une tendance lourde qui remonte aux mandats de Barack Obama. L’élection de Trump a incité l’Union européenne à chercher à moins dépendre des Etats-Unis et cela devrait continuer.

Le mandat de Donald Trump a aussi été marqué par sa volonté de quitter les plateformes de coopération internationales telles que l’accord de Paris sur le climat. Dans la même veine, il a poussé une politique commerciale protectionniste. L’élection de Joe Biden va-t-elle inverser la tendance ?

En effet, l’un des faits marquants du mandat de Trump aura été la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris. Je le rappelle, cet accord, signé en 2015, constitue le premier accord mondial pour lutter contre le réchauffement climatique. Contrairement à son prédécesseur, Joe Biden a de grandes ambitions dans le domaine environnemental et a promis de re-signer l’accord. Les positions de Biden concordent avec les ambitions de l’Union européenne dont le fameux pacte vert constitue un des grands projets de la Commission actuelle.

En matière de commerce international, cela risque d’être plus compliqué. La tendance aux Etats-Unis aujourd’hui est davantage protectionniste que le président soit démocrate ou républicain. En matière numérique, l’Union européenne affiche sa détermination à taxer les grandes entreprises américaines comme Facebook ou Google. Ces entreprises sont des fleurons américain et aucun gouvernement ne laissera faire sans résistance.

Tournons-nous vers le Danemark ! Le pays prend une décision radicale pour lutter contre le covid-19. Des scientifiques danois ont réalisé que le vison, ce petit mammifère élevé pour sa fourrure, a un impact sur la propagation du virus. Le Danemark est l’un des plus grands producteurs de fourrure de vison et compte 17 millions de ces animaux sur son sol. Ceux-ci sont apparemment devenus de véritables transmetteurs du virus. 200 personnes ont déjà été contaminées à travers ces animaux. Les autorités ont décidé d’exterminer toutes leurs populations pour réduire la propagation du virus.

Tout à fait, c’est une décision assez inhabituelle. Si le virus a d’abord été transmis de l’homme au vison, les animaux transmettent maintenant une version mutée du covid-19 aux humains. Le fait qu’un virus mute en passant à travers différents organismes est un processus normal. Il n’y a pas encore de preuve que cette mutation pose un danger plus grave encore. Néanmoins, des scientifiques danois sont particulièrement inquiets quant à une variante qui serait plus résistante à un éventuel vaccin.

Dans ces conditions, les autorités procèdent en ce moment à l’extermination de 17 millions de visons. Une décision particulièrement difficile à prendre mais qui intervient dans un contexte tout aussi particulier.

Le Danemark n’est pas le seul pays à avoir pris une telle décision. De nombreux pays comme les Pays-Bas, l’Espagne, la Chine ou la Malaisie ont des fermes de visons.

En effet, cet été, de multiples foyers avaient été découverts dans des élevages et les autorités ont dû procéder à l’extermination de ces animaux. Surtout que les conditions sanitaires dans ces fermes sont parfois terribles. La semaine passée, les autorités bulgares ont décidé de tester massivement dans certaines régions où elles ont découvert des élevages de visons illégaux.

Dans la foulée, trois scientifiques, chinois, danois et malais ont tiré la sonnette d’alarme et appelé à la régulation voire l’interdiction de l’élevage de vison. L’Organisation mondiale de la Santé a demandé aux Etats de surveiller davantage ce secteur.

Terminons en évoquant la mémoire du Kosovo. Hashim Thaçi, le président kosovar a annoncé sa démission jeudi. Cette déclaration fait suite à l’ouverture d’une enquête à son encontre par un tribunal spécial à la Haye concernant des crimes de guerre commis fin des années 90. Hashim Thaçi a déclaré vouloir préserver l’intégrité de son pays et donc coopérer avec la justice. Quels sont les faits qui lui sont reprochés ?

Hashim Thaçi a été l’un des dirigeants de l’Armée de libération du Kosovo dans les années 90. Ce groupe armé lutta avec l’aide de l’OTAN contre la Serbie, dont a fait partie le Kosovo jusqu’en 2008 avant que son indépendance ne soit reconnue. Dans ce contexte, Hashim Thaçi et certains de ses anciens compères sont accusés d’être impliqués dans des centaines de meurtres, persécutions et disparitions. Hashim Thaçi a rejeté les accusations mais a tout de même accepté de se rendre volontairement à la Haye.

Une enquête accueillie avec enthousiasme par certaines ONG kosovares, car cela fait longtemps que la mise en accusation d’Hashim Thaçi est attendue. Sa carrière politique est d’ailleurs entachée de plusieurs affaires criminelles.

Victor D’Anethan - Ulrich Huygelvelde

crédits photo: moritz320