Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. Avec Joris Schamberger, Ariane Dana, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Les frappes iraniennes sur Israël font planer la menace d’un embrasement régional
- La visite du Chancelier allemand Olaf Scholz en Chine réaffirme les liens économiques entre les deux pays
- Une enquête révèle la participation financière de proches du premier ministre hongrois dans le rachat de la chaîne d’information Euronews
Ouvrons ce journal en évoquant l’attaque sans précédent menée contre Israël par l’Iran. Une attaque qui fait craindre un embrasement dans la région.
Oui, samedi 13 avril, l’Iran a lancé plus de 300 drones et missiles vers Israël. Toutefois, selon le porte-parole de l’armée israélienne, l’attaque a été déjouée et 99% des tirs ont été interceptés. Seuls quelques missiles balistiques sont entrés sur le territoire israélien, causant des dommages mineurs à la base militaire de Nevatim.
Pourquoi l’Iran a-t-il attaqué Israël ?
Il s’agit d’une réponse à la frappe de Tel-Aviv au complexe diplomatique iranien de Damas le 1er avril. Une attaque réalisée le jour de l’anniversaire de la création de la république Islamique et qui a coûté la vie à plusieurs membres des Gardiens de la Révolution dont le général Mohammad Reza Zahedi, qui coordonne les relations entre l’Iran et le Hezbollah libanais.
Cette attaque, dans une zone déjà fortement sous tension après 6 mois d’offensive israélienne à Gaza, n’a pas manqué de susciter de vives réactions de la part de la communauté internationale et des dirigeants européens.
Oui, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a déclaré sur X que cette attaque pourrait “plonger la région dans le chaos”, soulignant les conséquences potentiellement désastreuses d'une escalade du conflit. Les dirigeants français et britannique, Emmanuel Macron et Rishi Sunak, dont les armées ont participé à abattre une partie des drones, ont également exprimé leur solidarité avec Israël.
Ils rejoignent l'ensemble des membres du G7, réunis en urgence le dimanche 13 avril, qui ont unanimement condamné l’attaque de l’Iran.
Poursuivons ce journal en Chine où se trouve en ce moment le Chancelier allemand, Olaf Scholz. Un voyage de 3 jours, placé sous le signe du rapprochement économique.
Le chef du gouvernement allemand est arrivé dimanche 14 avril en Chine, premier partenaire commercial de l’Allemagne. A noter qu’il s’agit de la deuxième rencontre bilatérale entre Xi Jinping et Olaf Scholz et du plus long séjour à l’étranger de ce dernier depuis son arrivée au pouvoir. Et il n’est pas seul. Plusieurs ministres l’accompagnent ainsi que des grands industriels, notamment Bayer, Siemens ou encore BMW.
Alors qu’il avait insisté sur la nécessité de réduire la dépendance allemande à la Chine, Olaf Scholz semble, avec cette rencontre, poursuivre une politique de coopération avec la Chine, initiée par sa prédécesseure, Angela Merkel.
En juillet 2023, Berlin annonçait vouloir durcir sa stratégie avec la Chine. Objectif : réduire la dépendance croissante de l’Allemagne vis-à-vis d’un pays qui se montre de plus en plus offensif.
Pour rappel, les relations économiques entre les deux pays sont très étroites. L’Allemagne est de loin le 1er partenaire européen de la Chine. Toutefois la relation évolue entre Berlin et Pékin avec une Allemagne qui importe de plus en plus de matières premières et une Chine qui se passe progressivement des technologies allemandes et développe ses propres industries, notamment automobiles.
En 2023, Olaf Scholz avait lui-même souligné l’ambiguïté de la relation entre les deux pays, considérant la Chine comme à la fois « partenaire, concurrent et rival systémique ». Moins d’un an plus tard, il semblerait donc que l’approche partenariale l’emporte malgré un découplage déjà entamé.
Cette visite du dirigeant allemand fait beaucoup réagir chez ses voisins européens, qui redoutent que le Chancelier se montre trop conciliant.
En amont de sa visite en Chine, Olaf Scholz s’était entretenu avec son homologue français. Emmanuel Macron avait plaidé pour un « rééquilibrage » pour tenter de lutter contre le dumping commercial de la Chine.
Mais Olaf Scholz ne souhaite visiblement pas heurter Pékin, ce qui alimente la crainte des Européens, d’une l’Allemagne faisant cavalier seule, pour protéger son économie au détriment des intérêts de l’Union.
Concluons ce tour de l’actualité en évoquant des révélations concernant le rachat de la chaîne française d’information Euronews en 2022. Plusieurs proches du premier ministre hongrois Viktor Orban auraient financé l’opération.
Ce rachat était resté jusque-là une opération très floue mais vendredi 12 avril, une enquête menée conjointement par le site d'investigation hongrois Direkt36, le quotidien français Le Monde et l'hebdomadaire portugais Expresso a levé le voile sur la provenance des fonds. Elle révèle qu’un tiers du montant a été financé par des proches du premier ministre hongrois, notamment par l’organisme public Széchenyi et par le principal communicant du pouvoir, Gyula Balasy, très proche de Viktor Orban.
Pour rappel, la chaîne avait été acquise en 2022 par Alpac Capital, un groupe d’investissement portugais qui avait gardé secrète la liste des participants à la levée de fonds. Le secteur des médias étant considéré comme stratégique, le rachat avait été validé par le ministre français des finances.
L’implication du pouvoir hongrois, ouvertement eurosceptique, préoccupe les Européens en cette période électorale.
Si le gouvernement de Viktor Orban nie toute participation dans ce rachat, les médias qui ont enquêté estiment que « les ordres venaient d’en haut ». Ils révèlent aussi que l’ingérence hongroise avait pour but d’influencer les politiques de l’UE et d’atténuer, je cite, «le biais de gauche» de la chaîne.
Et d’ailleurs ce n’est pas la première fois que le gouvernement hongrois est impliqué dans le rachat d’un média étranger. Toutefois, les craintes sont plus importantes avec Euronews qui jouit d’une forte influence auprès des institutions avec plus de 4,2 millions de spectateurs quotidiens en Europe en faisant l’une des premières chaînes d’information du continent.
A noter, que depuis le rachat, les journalistes d’Euronews n’ont pas observé de changement important dans la ligne éditoriale de la chaîne.
Un journal de Paloma Biessy et Joris Schamberger