Au programme :
- Pologne : l’Europe fragilisée par la victoire d’un président nationaliste
- Israël/Gaza : une trêve impossible, tensions diplomatiques avec Paris
- À Singapour, Macron plaide pour une “troisième voie” entre Pékin et Washington
Bonjour Assia, on ouvre ce journal en Pologne où avait lieu ce dimanche 1er juin le second tour d’une élection présidentielle importante. Un scrutin extrêmement serré dont le résultat n’a été annoncé qu’après une nuit de suspense. Des résultats aux allures de douche froide pour les pro-européens et la coalition gouvernementale au pouvoir à Varsovie.
Et oui Paul, coup de tonnerre, Karol Nawrocki vient d’être élu nouveau président polonais. Cet historien nationaliste soutenu par le parti nationaliste conservateur Droit et justice (PiS) devance de très peu son rival en obtenant 50,89 % des voix. Il aura bénéficié du report des voix du candidat du parti d'extrême droite Confédération Slawomir Mentzen qui avait obtenu 14,81% des voix au premier tour.
Il bat Rafal Trzaskowski, 53 ans, maire pro-européen de Varsovie et allié du gouvernement centriste mené par le premier ministre Donald Tusk.
« Nawrocki est un doctrinaire, il est prêt et il l’a dit : sa principale mission sera de bloquer le gouvernement Tusk, ce qui signifie qu’il ne comprend pas le rôle du président dans ce pays, qui est d’être un conciliateur », avertissait avant l’élection le politologue Wawrzyniec Konarski, recteur de l’université de la Vistule.
Oui Paul, et mauvais augure également en ce qui concerne l’avenir des relations polonaises avec l’Union. Karol Nawrocki soutient en effet le modèle d’une Europe des nations. Si sa candidature signait la promesse de continuer à soutenir l’Ukraine, ce candidat populiste s’oppose à son adhésion à L’OTAN. Par ailleurs, il a fait campagne avec le slogan “La Pologne d’abord, les Polonais d’abord”, en ciblant notamment les un million de réfugiés ukrainiens vivant dans le pays.
Le candidat, soutenu par la Maison Blanche, aura en tant que président un droit de véto. Un pouvoir qui pourrait lui permettre de bloquer le programme progressiste du gouvernement, notamment au sujet de l'avortement et des droits LGBT+.
Comme son modèle à la Maison Blanche Karol Nawrocki est une figure controversée dont la campagne a été entachée de scandales.
Oui Paul, le directeur de l’Institut pour la mémoire nationale (IPN) n’a premièrement aucune expérience politique. Sur le papier on pourrait le dépeindre comme un exemple d’ascension sociale et figure du “candidat citoyen”, image sur laquelle il a fait campagne. Issu d’un milieu modeste, ayant grandi dans la banlieue de Gdansk, il achève son parcours académique par un doctorat d’histoire. Mais dans les faits, cet ancien hooligan a vite été rattrapé par ses relations avec des personnages très controversés.
En décembre 2024, une photo circulant largement sur Internet montre le candidat aux côtés de Patryk Matysiak, un combattant de MMA au lourd passé criminel, notamment condamné pour enlèvement et actuellement poursuivi pour proxénétisme. Parallèlement, des révélations ont dévoilé au grand jour ses liens avec une des figures de la mafia de Gdansk et sa fréquentation d’un néonazi condamné pour violence.
On continue ce journal Assia en revenant sur l’annonce du Hamas de ce samedi 31 mai qui affirme avoir remis sa réponse à la proposition américaine de cessez-le-feu. Cette dernière, acceptée le 29 mai par Israël, prévoyait une trêve de 60 jours et la libération par le Hamas de 28 otages israéliens « morts ou vivants ».
Oui, suite à la proposition américaine, dans ce qui apparaît comme une contre proposition, le Hamas a déclaré qu’il était prêt à libérer 10 otages vivants, et à restituer 18 corps, en échange d’un « nombre convenu de prisonniers palestiniens », dont le nombre n’est pas précisé dans le communiqué. Le Hamas demande également à obtenir un “cessez-le-feu permanent, un retrait complet de la bande de Gaza et à garantir l’acheminement de l’aide à notre peuple et à nos familles”.
L’émissaire américain Steve Witkoff qui avait transmis la proposition au Hamas a quant à lui qualifié la réponse de ce dernier comme je cite “totalement inacceptable”. Même ton du côté du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui a lui aussi jugé que la réponse du Hamas faisait « reculer le processus ».
Israël qui cherche encore à détruire totalement le Hamas et qui répète sa volonté d’annexer purement et simplement Gaza a, sans surprise, refusé de donner suite à la demande de cessez-le-feu permanent après avoir mis fin à la première tentative de trêve le 2 mars. Une fin de non-recevoir alors qu’après deux mois de blocus humanitaire, Gaza est aujourd’hui devenue, selon l’ONU, la région du monde la plus affamée avec 100% de la population menacée de famine.
On conclut ce journal Assia en revenant sur une autre prise de parole d’Emmanuel Macron à Singapour lors du Shangri-La Dialogue, le plus grand forum de sécurité de la région. Le président français a appelé, je cite, à créer une “troisième voie” entre la Chine et les Etats Unis : celle d’une « coalition des indépendants ».
Oui, ce 30 mai, le chef d’Etat français a appelé à une alliance entre le Vieux Continent et les pays d’Asie du Sud Est face aux deux puissances que sont la Chine et les Etats Unis, le tout dans un discours qui dépeint cette “troisième voix” comme celle des non alignés.
« Une coalition de pays qui naviguera sur les mers tourmentées du commerce et protégera les biens communs que sont la nature et le climat (…) une coalition de pays déterminés à ne pas céder aux caprices ou à la cupidité des autres » a ainsi déclaré le président français, volontiers lyrique et alors que le secrétaire à la défense américain, Pete Hegseth, dont le pays était visé à demi-mots, était dans la salle.
Dans son discours Emmanuel Macron s’en est aussi pris à la guerre douanière menée par la Maison Blanche, aux convoitises de Pékin sur la mer de Chine méridionale et aux menaces de la Chine de prendre le contrôle de Taïwan.
Oui, le président français a déclaré, je cite, « Nous sommes confrontés au défi de pays révisionnistes qui veulent imposer, au nom de sphères d’influence, des sphères de coercition ». Se faisant le promoteur du droit international, il a comparé la potentielle prise de contrôle de Taiwan à la guerre en Ukraine menée par la Russie, ajoutant que les “défis sont de plus en plus imbriqués”. Il a aussi évoqué le risque de discrédit de l’Occident dans le monde en cas “d’abandon” de Gaza.
Un journal de Paul Thorineau et Assia Patel