À quelques mois des élections européennes qui se tiendront le 9 juin 2024, Mathieu Maillard vous donne rendez-vous chaque semaine sur euradio pour vous informer sur un fait lié à cette élection.
Matthieu Maillard, vous nous parlez aujourd’hui de la volonté du parti du président turc Erdogan de se présenter aux élections européennes en Allemagne.
Oui ça peut paraître surprenant, mais L’Alliance démocratique pour la diversité et l’éveil, un parti affilié à l’AKP actif en Allemagne et qui a prévu de se présenter aux élections européennes, est composée de quatre candidats qui ont tous déjà fait campagne pour l’AKP de M. Erdoğan ou pour ses organisations de soutien.
Devant ses révélations du quotidien Bild, des personnalités politiques allemandes importantes se sont empressées de dénoncer cette situation, estimant qu’elle contribuait à la détérioration du climat politique en Allemagne.
« Un représentant de M. Erdoğan qui se présente aux élections est la dernière chose dont nous ayons besoin », a notamment écrit sur la plateforme X le ministre écologiste de l’Agriculture, Cem Özdemir , qui a des origines turques.
L’Union chrétienne-démocrate (CDU), le plus grand parti d’opposition en Allemagne, a également critiqué cette initiative en estimant qu’un représentant de M. Erdoğan et de l’AKP en Allemagne signifierait un autre parti extrémiste dans le pays.
Comment explique-on la présence de ce parti turque ?
Alors selon l’office fédéral allemand des statistiques, 1,3 million de citoyens allemands sont issus de l’immigration turque, soit environ 1,6 % de la population totale du pays.
Étant donné que le seuil électoral de 5 %, qui empêche généralement les petits partis d’accéder au parlement lors des élections fédérales allemandes, ne s’appliquera pas aux élections européennes, de nouveaux acteurs politiques auront plus de chances d’obtenir une place au Parlement européen.
Lors des dernières élections européennes de 2019, six petits partis qui n’avaient pas de représentants au niveau national ou régional sont entrés au Parlement européen, certains d’entre eux n’ayant obtenu que 0,7 % des voix.
Cela a poussé de nombreux petits partis à se présenter aux élections européennes, ce qui accroît considérablement la fragmentation du paysage politique allemand.
Outre cette nouvelle, on a également appris cette semaine que les délégations du Rassemblement National et de la Lega cherchent à attirer le Fidesz de Viktor Orbán.
Oui le parti hongrois dispose actuellement de 10 sièges au Parlement européen, qui pourraient donc venir grossir les rangs d’ID si le Fidesz devait le rejoindre. Le groupe d’extrême droite accueillerait par la même occasion son seul parti au pouvoir. Cet élément revêt toute son importance, puisque les chefs d’État et de gouvernement de l’UE siègent au sein du Conseil européen. C’est pourquoi le Rassemblement national français est très favorable à l’adhésion du fidesz.
Jean-Paul Garraud, le président de la délégation française du Rassemblement National au sein du groupe ID a même déclaré cette semaine que « Les liens personnels d’amitié qui unissent Viktor Orbán et Marine Le Pen sont solides, tout comme les liens étroits que j’entretiens avec les députés hongrois du Fidesz. Nous espérons leur venue naturellement ». Affaire à suivre dans les prochaines semaines.