Cette semaine, nous franchissons les frontières de l’Europe et partons en outre-mer, avec le groupe réunionnais TransKabar. Trans Kabar est un quatuor masculin qui revisite la musique traditionnelle réunionnaise en lui ajoutant des sonorités rock. Le groupe se compose du percussionniste et chanteur Jean-Didier Hoareau, du guitariste Stéphane Hoareau, qui sont accompagnés par le contrebassiste Théo Girard et le batteur Ianik Tallet.
Chapitre 1 : Mazine la mor
Sur le label Discobole Records, Trans Kabar a sorti un premier album en 2019, Maligasé, et revient cette année avec l’album Mazine la mor, enregistré seulement quelques mois après la sortie de leur premier, pendant que le groupe enchaînait les concerts. Le répertoire de ce nouvel album est composé de chansons que le groupe jouait en concert sans les avoir enregistrées.
On écoute le titre Marie-Rose, un morceau certainement né dans un train entre deux concerts ou dans une chambre d’hôtel…
https://www.youtube.com/watch?v=27s1U6QZVuk
La musique de Trans Kabar est un hybride de rock, de jazz et de maloya traditionnel, le maloya étant un genre à la fois de musique, de danse et de chant typique de la Réunion. Leur nom Trans Kabar provient des mots “Trans”, qui rappelle bien sûr la transe, et “Kabar”, qui désigne les célébrations réunionnaises où se retrouvent musiciens, poètes et danseurs créoles.
Chapitre 2 : Une affaire de famille
Nous retrouvons le quatuor réunionnais Trans Kabar. Aujourd’hui, nous nous intéresserons aux origines du groupe et à leur premier album, Maligasé, sorti en 2019.
Où commence l’histoire réunionnaise de Trans Kabar ?
A moitié sur une autre île, à environ 10 000 km de la Réunion, l’île de France. C’est en banlieue parisienne qu’est né Jean-Didier Hoareau, le chanteur et leader de Trans Kabar, aussi appelé “Jidé”. Jidé est aussi le neveu du célèbre musicien réunionnais Danyèl Waro, qui, de retour de tournées, lui partageait des rythmes, des instruments et des histoires créoles, qui, sans aucun doute, ont beaucoup contribué à sa formation musicale.
L’autre moitié de leur histoire commence à la Réunion, où est né le guitariste du groupe, Stéphane Hoareau, qui n’a d’ailleurs aucun lien de parenté avec le chanteur. Il explique avoir eu longtemps une prédilection pour le rock et le jazz, et ne pas avoir accordé d’intérêt au maloya traditionnel réunionnais jusqu’à son arrivée à Paris pour ses études.
A 18 ans, les deux musiciens en devenir se rencontrent dans un camping à la Réunion, puis se recroisent à Paris, dans les kabars, fêtes organisées par l’association réunionnaise Seksion Maloya.
Avec leur groupe Trans Kabar, ils mélangent leur talent et contribuent à rendre le maloya traditionnel qui les a bercés en maloya rock. Pour les compléter, s’ajoutent Théo Girard à la contrebasse et Ianik Tallet à la batterie.
Ecoutons le morceau Maligasé, du même nom que leur premier album. https://www.youtube.com/watch?v=FuYi5uYAXeQ
Chapitre 3 : Le Servis Kabaré
Pour comprendre la musique de Trans Kabar, il nous faut remonter dans l’histoire… Leur musique s’inspire des Servis Kabaré, des célébrations réunionnaises qui trouvent leur origine dans les rituels que les premiers esclaves des plantations ont emmenés avec eux à la Réunion. Par la musique, le chant et la danse, ils souhaitaient communiquer avec leurs ancêtres et leur rendre hommage. Souvent rejeté et presque oublié, le rituel des Servis kabaré a survécu en étant caché. Dans leur musique, le groupe Trans Kabar revisite cette tradition.
On écoute Mersi Bondyé, un morceau issu du nouvel album de Trans Kabar https://www.youtube.com/watch?v=nVtfie3FXk4
La musique jouée lors des servis kabaré est surtout composée de maloya, la musique traditionnelle réunionnaise. Au rythme des percussions, la musique et le rituel s’influencent en vue de contrôler la transe, et par extension la danse des esprits des ancêtres. Mené par le rythme du kayamb, par la guitare électrique et l’intense interprétation vocale de Jean-Didier Hoareau, Mazine La Mor, le deuxième album de Trans Kabar transgresse les codes du maloya.
Avec le morceau Mersi Bondyé, les traditions retrouvent un souffle nouveau, et l’on y retrouve l’énergie spirituelle des rassemblements des servis kabaré.
Chapitre 4 : La bonne vieille musique
Nous embarquons dans le premier album de Trans Kabar, Maligasé.
Maligasé, sorti en 2019 revisite la musique traditionnelle réunionnaise, le maloya, avec des accents de rock. Le rock maloya de Trans Kabar est sculpté autour de la voix de Jidé Hoareau, le leader du groupe, accompagné du kayamb, percussion héritée des plantations de canne à sucre de l’île de la Réunion. Leur musique transmet aussi le “fonkèr”, expression de créole réunionnais qui désigne l’énergie profonde “du fond du cœur".
C’est ce fonkèr qui prend possession de notre âme dans le morceau O Linndé…
https://www.youtube.com/watch?v=rnIx1GfX8Lg
Pour la création de leur musique, Jidé, le chanteur, et Stéphane le guitariste et arrangeur de Trans Kabar, s’accordent sur le fait que le point le plus important du maloya est le chant. Dans une interview avec RFI, le chanteur dit “la voix communique avec les esprits”.
Dans l’album Maligasé, la voix de Jidé est intensifiée, portée par les instrumentations construites par Stéphane. Il dit “Grâce aux arrangements de Stéphane, j’ai exploré des territoires vocaux que je n’avais jamais encore atteints jusque-là.” Laissons leur musique parler d’elle même…
Chapitre 5 : Viens comme tu es
Nous concluons notre voyage en outre-mer, à la Réunion, avec Trans Kabar, au son d’Anvoy Kom Larivé, le 8ème morceau de leur récent album Mazine La Mor.
Anvoy Kom Larivé, le titre de ce morceau, veut dire en français “viens comme tu es”. https://www.youtube.com/watch?v=mlujlg_l9tg
Cette expression est utilisée dans les kabars maloya pour inviter les gens à entrer dans le cercle de la danse sans peur sous le regard des autres. On commence à s’habituer au mélange brûlant de maloya, de rock et de jazz que nous offre Trans Kabar… Toujours en revisitant les codes du maloya traditionnel, le style de Trans Kabar explose grâce à des ingrédients musicaux qui se mêlent parfaitement : la guitare électrique, la contrebasse, la batterie formée au free-jazz, le kayamb réunionnais et surtout, chantant en choeur, les quatres musiciens de Trans Kabar, Jidé, Stéphane, Théo et Ianik.
La semaine s’achève avec Trans Kabar, le quatuor réunionnais qui revisite le maloya traditionnel en maloya rock dans ses deux albums Maligasé et Mazine La Mor.
Pour écouter l’ensemble des chapitres de la semaine :
Rendez-vous la semaine prochaine pour vous présenter un·e nouvel·le artiste européen·ne émergent·e…
Suzanne Gerles