L’artiste européen de cette semaine n’est autre que le groupe français Cannibale. Un quintet de quadragénaires normands, actif depuis 2016.
Chapitre 1 : Life is Dead
Venus d’un hameau perdu en Normandie, les membres de Cannibale sont dans le milieu du rock depuis longtemps. Nicolas, le chanteur, et Manuel, le guitariste, se sont rencontrés au collège, et ont ensuite enchaîné les expériences musicales dans des groupes. Avec Cannibale, ils s’associent à 3 autres musiciens, et cultivent des rythmes hérités du patrimoine musical africain et sud américain, le tout mêlé au rock garage et psychédélique.
Cannibale a sorti 3 albums avec le label Born Bad, dont “Life is Dead” ce mois-ci.
On écoute le morceau Savoring your Flesh aux rythmes caribéens et chaloupés.
L’album Life is Dead, le 3ème de Cannibale affirme un style toujours plus marqué. Il a été composé par Manuel Laisne, le guitariste du groupe, qui a trouvé l’équilibre parfait entre efficacité, humour et absurdité. L'album affirme un rapport au corps toujours plus intense, notamment dans Savoring your Flesh, qu’on imagine bien en bande-son d’un festin païen de dessin animé.
Chapitre 2 : Des débuts laborieux
Les débuts de Cannibale sont laborieux. Leur succès commence au début de la quarantaine, après qu’ils aient joués pendant 20 ans dans des groupes de rock underground méconnus. Après avoir gagné un tremplin Inrocks Labs avec leur avant-dernier groupe (Bow Low) et sorti deux albums chez Because Editions, les Normands décident finalement de créer Cannibale en 2016. En 2017, après leur signature sur le label Born Bad Records, Cannibale sort son 1er album : No Mercy For Love. Voici le morceau Three Minute God.
Pourquoi Cannibale ? Le guitariste du groupe, Manuel, dit que ce nom de groupe fait référence au fait qu’ils ingurgitent tous les styles musicaux dont ils s’inspirent. Si cannibalisme il y a sur l’album No Mercy For Love, c’est donc en référence aux rythmes caribéens et à l’ambiance tropicale de leur rock, comme on peut l’entendre dans Three Minute God.
Chapitre 3 : British and Caribbean vibes
Le groupe Cannibale a des inspirations musicales très éclectiques. Du rock à l’afrobeat en passant par des sonorités tropicales venues tout droit des Caraïbes, les albums de Cannibale sont très variés. Des styles qu’ils ingurgitent comme des cannibales.
On retrouve par exemple un rock très inspiré de nos voisins d'au-delà de la Manche dans Life is Dead, l’album de Cannibale qui est sorti ce mois-ci. En voici la démonstration dans le morceau Kings of the attic https://www.youtube.com/watch?v=0c7QlVOQBU4
Aussi, dans leur 1er album, No Mercy for Love, Cannibale a expérimenté musicalement. C’est un album dans lequel ils ont réussi l’art de mélanger afro et cumbia à leur rock garage psychédélique, comme l’affirme le morceau Speck Of Dust de l’album.
Chapitre 4 : Not Easy to Cook
Avec l'album Not Easy to Cook, sorti en 2018, Cannibale consolide ses fondamentaux et poursuit l’exploration tropicale débutée dans son 1er album, faisant plus amplement place aux percussions. Le son de l’album en devient plus dense et plus affirmé, comme on peut l’entendre dans l’afrobeat de Siren’s Call.
Avec ce second album, Cannibale n’hésite pas non plus à dévier de sa trajectoire caribéenne, avec des morceaux aux style plus british… comme dans le très épuré Machine Gets Old.
Chapitre 5 : Des inspirations cocasses
Cannibale ajoute toujours une touche humoristique aux paroles de ses morceaux. Nicolas Camus le chanteur du groupe le dit lui-même “on a besoin que ça nous fasse rire. Et ce rire on va le chercher dans l’improbable combinaison de styles, de mots, de situations”. Manuel Laisne, le guitariste du groupe, et Nicolas Camus le chanteur se partagent le processus de composition des morceaux. Ils s'inspirent notamment du quotidien, et, dans le morceau, You Smashed a cake on my face, d'une situation particulièrement cocasse.
You Smashed a cake on my face, issu de l'album Life is Dead est un morceau qui a été écrit à la suite d'un conflit entre Nicolas Camus et sa fiancée. Pour rigoler pendant une dispute, elle lui a écrasé un éclair au café sur le visage. Vexé, Nicolas est reparti chez lui et les paroles de la chanson lui sont venues naturellement en chemin. Aujourd’hui, l’éclair au café est un gâteau "emblématique" pour lui, pour sa fiancée, et pour le groupe.
De nouveau, c’est une situation de la vie de Nicolas Camus qui a inspiré l’écriture du morceau I don't want to rot. Il était en train de restaurer le toit d’une maison et de changer des ardoises, et une fois arrivée en haut, il a eu très peur de tomber. Il faisait très beau et il s’est imaginé mourir. Dans les paroles de i don’t want to rot, il parle de sa peur de mourir, de pourrir et que tout le monde s’en foute, comme il le dit lui-même en interview.
Pour écouter l’ensemble des chapitres de la semaine :
Rendez-vous la semaine prochaine pour vous présenter un·e nouvel·le artiste européen·ne émergent·e…
Suzanne Gerles