Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.
Alors, Quentin Dickinson, qu’avez-vous retenu de la semaine écoulée ?...
Je vous avais signalé la semaine dernière la tenue samedi dernier du premier tour de l’élection présidentielle en Grèce, scrutin au suffrage indirect et à la majorité des deux-tiers, le collège électoral étant composé des 300 députés ; les résultats donnent une avance considérable à Konstantínos TASOÚLAS, candidat de Nouvelle Démocratie, le parti de la droite classique du Premier ministre Kyriákos MITSOTÁKIS, avec 160 voix, contre 40 à l’ex-socialiste anti-austérité Loúka KATSÉLI. Le candidat du PASOK (parti socialiste) et un indépendant ne passent pas au deuxième tour, fixé pour ce vendredi. En théorie, jusqu’à cinq tours sont possibles, mais peu probables cette fois-ci.
Et vous avez un autre droit de poursuite de votre chronique de la semaine dernière…
En effet, la semaine dernière, à ce même micro, à la faveur d’intenses négociations de l’UE avec l’Inde, j’ai voulu souligner un regain d’activité de la part de l’Union européenne dans les relations commerciales privilégiées avec des pays tiers ; or, plusieurs auditeurs ont tenu à m’apporter des éléments supplémentaires à ce sujet, que je vous livre tels quels.
Ainsi, la Commission européenne a-t-elle conclu un ensemble d’accords sectoriels avec la Suisse (en décembre) ; elle a étendu et mis à jour l’accord de libre-échange avec le Mexique (la semaine dernière) ; elle a relancé les négociations avec la Malaisie (encalminées depuis plusieurs années) ; et elle poursuit activement des accords avec l’Indonésie, la Thaïlande, et les Philippines (pour citer ces trois pays dans l’ordre prévisible de conclusion des pourparlers techniques en cours).
L’idée, c’est - dans un monde livré à Donald TRUMP, à XI Jinping, et (dans une proportion plus modeste) à Vladimir POUTINE - l’idée, c’est d’assurer une zone significative de commerce international fondé sur des accords équilibrés et durables avec des partenaires fiables.
Vous vous inquiétez, m’avez-vous dit, de l’évidente manipulation de l’orientation politique des jeunes électeurs, pour qui les réseaux sociaux sont le principal vecteur d’informations…
Alors qu’on commémore ces jours-ci la libération, il y a quatre-vingts ans, du camp d’extermination nazi d’AUSCHWITZ, je prends en effet connaissance d’un sondage qui vient d’être publié au Royaume-Uni par l’Institut CRAFT pour nos confrères de CHANNEL 4.
Les conclusions : les jeunes Britanniques de la Génération Z, qui ont aujourd’hui entre treize et vingt-sept ans, sont à 52 % à penser que leur pays se porterait bien mieux s’il était dirigé par un homme fort, qui ne s’embarrasserait pas de tenir des élections et ne tiendrait pas compte de l’avis du Parlement.
L’hebdomadaire étatsunien Newsweek publiait l’année dernière un sondage, lequel constatait le souhait de jeunes Américains de vivre dans un pays sous le contrôle d’un homme à poigne, n’hésitant pas à ignorer les décisions de justice et prêt à envoyer l’armée maintenir l’ordre ; certes moins radical, les résultats du sondage britannique sont cependant d’autant plus préoccupants qu’ils viennent consolider des études récentes qui vont dans le même sens.
Une autre élection majeure vient de se dérouler à la frontière orientale de l’Union européenne…
L’autre élection présidentielle du week-end dernier s’est déroulée en Biélorussie. De façon ultra-prévisible, le sortant, Alexander LOUKACHENKO – qui se présentait, avec un humour qu’on suppose involontaire, comme candidat indépendant – l’emporte avec 86,82 % des voix, réussissant à améliorer son résultat d’il y a cinq ans, lequel n’était que de 81,04 %.
Il n’était pas vraiment menacé par les trois autres candidats, dont le meilleur aura engrangé 3,21 % (il est vrai que la formation de celui-ci, le Parti communiste, soutient l’action du gouvernement…).
Mais un LOUKACHENKO peut en cacher un autre…
En marge de cette élection, on aura beaucoup vu Nikolai LOUKACHENKO, fils du Président. Ce jeune homme, âgé de vingt ans, suit son père dans les manifestations officielles depuis ses quatre ans et se prépare à sa succession un jour, peut-être. Il est grand, l’air sérieux, plutôt beau gosse, toujours vêtu d’un complet-veston de couleur bleu uni et d’une cravate bleue plus claire – en fait, c’est à tous points de vue le sosie de Barron TRUMP, fils cadet du nouveau Président des États-Unis d’Amérique. Et Barron TRUMP a des faux airs de Jordan BARDELLA.
Il nous reste donc à espérer que Nikolaï, Barron, et Jordan ne constituent pas le tiercé (forcément dans le désordre) des maîtres du monde de demain.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.