Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.
Alors, Quentin Dickinson, qu’avez-vous retenu de l’actualité de ces derniers jours ?...
J’aurai surtout retenu l’impression d’assister en taille et en temps réels à un film minable et interminable, conçu par un scénariste trop occupé à se mettre en scène lui-même pour concevoir une intrigue un tant soit peu vraisemblable.
Car je commençais à perdre pied dans le perpétuel va-et-vient des déclarations et des contre-ordres émanant de la Maison-Blanche, ou, plus exactement, de la bouche et du site de Donald TRUMP.
Alors, pour éviter le tournis, j’ai voulu, avec nos auditeurs, refaire le film de ce qui surnage – tels les débris après un naufrage – des cent premiers jours de l’actuelle présidence chez notre ex-allié, les États-Unis d’Amérique.
Et comment allez-vous nous servir cela, Quentin Dickinson ?...
Le plus simplement, c’est-à-dire par ordre chronologique.
A peine intronisé, M. TRUMP signe un décret-loi gelant l’ensemble des allocations fédérales. Résultat : confusion généralisée, procès en cascade. Conséquences : annulation, 48 heures après.
La Maison-Blanche annonce la nomination du nouveau Directeur du FBI. Problème : il y a erreur sur la personne. Pas grave : on confirme la nomination, et on trouve un autre boulot pour le bon candidat.
Du côté de la CIA, au mépris de la sécurité, l’identité et les dossiers personnels de centaines de recrues récentes sont envoyés par WhatsApp chez le Président. Dommage, oui, mais il se dit que personne n’a pu s’en apercevoir à l’étranger.
Et puis l’ordre donné au Service postal des États-Unis de bloquer les petits colis (de SHEIN ou de TEMU) en provenance de Chine, rédigé si maladroitement qu’il faudra informer M. TRUMP qu’il vient d’interdire toute forme de courrier d’origine chinoise. Bon, allez, on annule, passons à autre chose.
Alors, évitons de trop fanfaronner sur les milliers de spécialistes de l’Agence de Sûreté nucléaire, de ceux de la lutte contre la grippe aviaire (en pleine épizootie), tous licenciés pour cause d’économies… et re-recrutés deux semaines après pour cause de crise sanitaire.
Et puis, Quentin Dickinson, il y a le célèbre DOGE, le Département pour l’Efficacité gouvernementale, la chose d’Elon MUSK…
Comment l’oublier, en effet ! Ses jeunes informaticiens ont réussi à économiser huit milliards de Dollars sur un seul contrat : applaudissements – ah non, petite erreur, désolé, c’était huit millions, pas huit milliards, et on découvre en plus que la correction avait été effectuée bien avant, sous la présidence de Joe BIDEN.
Elon MUSK est sacré roi de la proclamation de résultats stupéfiants : une impressionnante liste de contrats annulés pour cause d’erreurs ou d’objectifs désormais bannis, bravo !... sauf que, la semaine dernière, il a bien fallu rétablir un bon millier de ces contrats, c’est-à-dire 40 % du nombre total des pseudo-économies annoncées.
Toujours la fine équipe de M. MUSK à l’œuvre : après avoir effacé par erreur la totalité des procédures de lutte contre la fièvre Ebola (mais quoi, on avait bien dit qu’on supprimait l’aide à l’Afrique, non ?), voilà qu’on révoque la gratuité des enterrements des anciens combattants - c’était la séquence : comment se fâcher avec ses électeurs. Oups, on dira que c’était pour rire.
Vous en avez encore beaucoup comme ça, Quentin Dickinson ?!?...
Des caisses pleines, mais ce sera pour une prochaine mise à jour. Juste pour finir, je dois vous dire un mot de Mme Kristi NOEM, qui est Ministre de l’Intérieur. En visite au Salvador, dans la prison de haute-sécurité où, littéralement sans autre forme de procès, ses équipes se débarrassent à la pelle de migrants et d’opposants, Mme NOEM, agréablement vêtue en touriste, arborait au poignet tout le contraire de menottes, en l’occurrence une lourde montre ROLEX en or (une Cosmograph Daytona, pour ceux que cela peut intéresser), d’une valeur d’environ 50.000 Dollars (soit à peu près le même montant en Euros).
Et la palme de la communication institutionnelle revient à la porte-parole du ministère, capable d’affirmer sans ciller que sa patronne « investissait dans des objets de valeur pour assurer l’héritage qu’elle laisserait, le jour venu, à ses enfants ».
Mais Mme NOEM a aussi du malheur.
Comment ça ?...
C’est qu’elle déjeunait il y a quelques jours chez Capital-Burger à WASHINGTON, et un individu assis à la table voisine à discrètement attiré à lui, à l’aide de son pied, le sac à main de la ministre, posé à terre sous son siège.
Disparu, l’homme, et avec lui ce ravissant sac GUCCI, contenant 3.000 Dollars en liquide dans un portefeuille Louis-Vuitton, des chèques en blanc, le permis de conduire, les clefs du domicile de Mme NOEM, et – horreur – la carte d’accès électronique à l’ensemble des immeubles de son ministère, dont les établissements pénitentiaires. Mais n’exagérons rien : on lui en a fourni un double.
Et le reste n’est que politique.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.