L'état de l'État de droit - Elise Bernard

Le retour d’Andrej Babis en République tchèque

Image par František Zelinka de Pixabay Le retour d’Andrej Babis en République tchèque
Image par František Zelinka de Pixabay

Toutes les deux semaines sur euradio, retrouvez « Fréquence Europe », la chronique de Radio Judaïca et l’Europe Direct Strasbourg, présentée par Olivier Singer.

L’Etat de droit européen ce sont des élections libres et pacifiques mais leurs résultats ne vont pas forcément dans le sens de plus de paix et de vivre ensemble !

En effet Laurence, avec le basculement de la République tchèque et le retour d’Andrej Babis à Prague comme Premier ministre, c’est la première fois - depuis l’élection de V. Orban en 2010 - que le groupe de Visegrad se retrouve en majorité aligné sur les positions de droite radicale de l’indéboulonnable Premier ministre hongrois.

Il y aura donc une force avec laquelle il faudra compter dans l’élaboration des politiques européennes.

A. Babiš et V. Orbán ont fondé ensemble le groupe des Patriotes pour l’Europe au Parlement européen. Un nouveau gouvernement tchèque dirigé par A. Babiš pourrait également rejoindre le groupe de pays qui défendent l’industrie automobile à moteur thermique.

Babis est moins eurosceptique et idéologique que V. Orbán, de ce que l’on en sait pour l’instant.

A priori. Mais il pourrait rejoindre un groupe Hongrie-Slovaquie-République tchèque susceptible de freiner le soutien à l’Ukraine et de s’opposer à son adhésion à l’UE.

Jusqu’à maintenant, Prague soutenait Kiev, notamment via un programme d’acheminement d’obus.

Oui et A. Babiš, a été élu sur la base d’une campagne critiquant ce programme. Néanmoins, le président de la République tchèque Petr Pavel, en tant que garant de la politique étrangère, appelle les partis à maintenir leur soutien à l’Ukraine malgré ce changement d’orientation au Parlement.

Pas de quoi s’inquiéter mais peut être à surveiller.

Ah oui surveiller ! Le poste des Affaires étrangères a quand même été revendiqué par le parti des “Motoristes” – un intérêt singulier pour ce genre de formation populiste –.

Les Motoristes, c’est un petit parti de la coalition formée par A Babis, qui revendique le droit de polluer, rouler vite, revendiquer sa masculinité sans rentrer plus dans les détails…

Oui, donc cette demande pour un tel portefeuille laisse planer le soupçon d’une affiliation étrangère assez directe. L’actuel député européen Filip Turek, chef des Motoristes, veut devenir ministre des Affaires étrangères, mais comme il est embourbé dans plusieurs controverses autour d’anciens posts racistes, sexistes et homophobes sur les réseaux sociaux, il y a peu de chances que cette demande aboutisse. Elle apparaît toutefois comme un symptôme à surveiller avec attention, car on imagine facilement quel type d’influence extérieure encourage - voire finance - ce type de mouvance contraires à un Etat de droit exigeant.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.