Chaque semaine sur euradio, Perspective Europe, l'association du master "Affaires européennes" de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité bruxelloise et européenne.
Alors quels ont été les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ? On en discute tout de suite avec Jeanne Calu. Bonjour et Bienvenue !
Bonjour Laurence, bonjour à tous ! Oui, deux sujets forts dans l’actualité européenne : d’abord, un tournant politique en Irlande avec l’élection de Catherine Connolly à la présidence de la République, puis une réforme européenne qui va changer la vie des automobilistes : la fin du permis de conduire à vie.
Commençons par Dublin. Catherine Connolly, c’est un nom qui n’était pas forcément connu du grand public. Qui est-elle ?
Catherine Connolly, 68 ans, est une avocate et militante originaire de Galway, dans l’ouest de l’Irlande. Elle vient d’être élue 10e présidente de la République d’Irlande, avec un score de 63,4 % des suffrages, loin devant sa rivale, Heather Humphreys, du parti centriste Fine Gael, qui n’a obtenu que 29,4 %. Elle devient ainsi la troisième femme à accéder à ce poste largement symbolique.
Et quelles sont les grandes lignes de son programme ?
Et bien, Catherine Connolly est une fervente partisane de la réunification de l’île d’Irlande, une question toujours sensible depuis le Brexit. Elle défend aussi la neutralité militaire du pays, s’oppose à toute hausse des dépenses de défense et soutient la cause palestinienne, qu’elle relie à l’histoire coloniale irlandaise. En 2024, elle avait d’ailleurs milité activement pour que son pays reconnaisse officiellement l’État de Palestine.
On peut donc dire qu’elle incarne une gauche militante ?
Catherine Connolly est, en effet, une figure de la gauche irlandaise, qui incarne effectivement une forme de gauche engagée mais rassembleuse. Malgré un discours parfois radical, elle a su unir l’ensemble des courants progressistes et même séduire une partie des électeurs indépendants.
Et du côté des électeurs, comment cette élection a-t-elle été perçue ?
La participation a été relativement faible, autour de 46 %, mais c’est tout de même mieux qu’en 2018. En revanche, près de 13 % des bulletins ont été annulés, certains portaient même des messages de protestation, comme des slogans anti-immigration. Une manière pour une partie des électeurs d’exprimer leur méfiance envers la classe politique, malgré le vent de renouveau incarné par Catherine Connolly.
Très intéressant. On quitte Dublin pour Bruxelles, où une réforme importante vient d’être adoptée au Parlement européen : celle du permis de conduire.
Oui Laurence, le Parlement européen a adopté le 21 octobre une réforme historique : la fin du permis de conduire à vie dans l’Union européenne.
C’est une révolution pour les conducteurs européens !
En effet ! Désormais, les permis pour voitures et motos seront valables quinze ans maximum, et dix ans dans les pays où le permis sert aussi de pièce d’identité. À chaque renouvellement du permis, une visite médicale permettra de s’assurer que le conducteur peut continuer à circuler en toute sécurité. Les conducteurs de plus de 65 ans devront passer plus souvent des contrôles médicaux, notamment de la vue et du cœur, ou suivre des cours de remise à niveau.
Et qu’en est-il de l’examen du permis ? Va-t-il lui aussi évoluer ?
Oui ! L’examen de conduite va être renforcé. L’épreuve pratique devra désormais intégrer davantage de notions liées à la sécurité des usagers vulnérables, comme les piétons ou les cyclistes. Les candidats seront également sensibilisés aux angles morts, à l’ouverture des portières en milieu urbain ou encore à l’usage du téléphone au volant. Bref, un examen plus complet et plus réaliste face aux dangers de la route.
Mais pourquoi de telles réformes?
Ces réformes s’inscrivent dans une volonté plus large de renforcer la sécurité routière en Europe. L’objectif affiché est clair : réduire drastiquement les 20 000 décès annuels sur les routes européennes et tendre, à l’horizon 2050, vers une Europe sans accident mortel.
Et on parle aussi d’un permis numérique ?
Tout à fait ! L’Union européenne veut accélérer la dématérialisation. Chaque citoyen pourra bientôt enregistrer son permis directement sur son smartphone, tout en gardant la possibilité de demander une version papier
Donc, une réforme à la fois sécuritaire et moderne ?
Exactement. Cette réforme marque un tournant pour la mobilité européenne : plus de sécurité, plus de contrôle, mais aussi plus de simplicité et d’innovation. C’est une façon pour l’Europe de moderniser ses règles tout en protégeant ses citoyens.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.