Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme du jour :
- L’amélioration de la situation économique grecque
- La pause sur la hausse des taux directeurs par la BCE
- L’annonce d’exercices militaires menés par l'Azerbaïdjan et la Turquie près de la frontière arménienne
Bonjour Joris, commençons ce journal en Grèce, dont l’économie se relève doucement après des années de crise.
Oui, la Grèce, un des pays les plus touchés par la crise économique de 2008 semble enfin voir sa situation s’améliorer. L’agence de notation Standard & Poor’s (S&D), pour la première fois depuis 2010, vient d’ailleurs d’augmenter la note de la dette du pays. L’agence qualifie maintenant les investissements d'Athènes comme “adéquats”, et non comme “spéculatifs” comme c’était le cas les années précédentes.
Et qu’est ce qu’implique cette amélioration de la note grecque ?
Les agences de notation comme S&D sont des organes privés chargés d’évaluer les risques de non-remboursement des dettes par les États. Un état qui se voit attribuer une note en baisse aura donc beaucoup plus de mal à contracter de nouveaux prêts. A l’inverse, une note qui s’améliore peut faciliter les emprunts et rendre les taux d’intérêts des investisseurs beaucoup plus intéressants pour les pays concernés.
Le premier ministre Kyriakos Mitsotakis s’est dit “fier” de cette nouvelle. Réélu en juin dernier, le premier ministre avait justement fait de son bon bilan économique un argument central lors de sa campagne.
La Grèce a d’ailleurs eu une des croissances les plus hautes de la zone euro en 2022.
Oui, avec 5,6% de croissance, le pays est l’un de ceux les moins touchés par la crise inflationniste qui frappe l’Europe depuis la pandémie de Covid-19 et le début de la guerre en Ukraine. L’agence S&P prévoit également une croissance de 2,5% pour 2023, un scénario très optimiste en comparaison à ses voisins.
La Grèce devrait également être en situation d’excédent budgétaire en 2023, ce qui signifie que ses recettes budgétaires seront au-dessus de ses dépenses sur l’année. Cette situation dénote encore une fois du reste de l’Europe, dont la plupart des états sont en situation de déficit plus ou moins marqué. La Grèce a même vu sa dette passer de 206 % du PIB en 2020 , à 170 % fin 2022.
Est-ce donc la fin de la crise économique grecque ?
Ces bons chiffres sont à relativiser. Tout d’abord, si le taux de chômage diminue depuis 10 ans, il reste toujours un des plus élevés du continent proche des 11%. De même, près du quart des moins de 25 ans sont sans-emplois. De plus, le salaire moyen en Grèce n’est que d’un peu plus de 850€. Les bons chiffres récents sont donc à relativiser : la situation économique reste particulièrement rude pour toute une partie de la population.
La Grèce pourrait également être rattrapée par les ravages du réchauffement climatique. On le sait, l’un des piliers de l’économie grecque est son tourisme. Or, celui-ci est mis à l’épreuve par les incendies qui ont récemment ravagé le nord-est du pays ou encore la très touristique île de Rhodes.
Continuons ce tour de l’actualité en évoquant la Banque centrale européenne, qui devrait faire une pause sur la hausse de ses taux directeurs après 16 mois de relèvement.
En effet, après une série de dix hausses consécutives des taux directeurs depuis juillet 2022, la Banque centrale européenne, dite BCE, devrait faire une pause dans sa politique monétaire. Lors de sa prochaine réunion du jeudi 27 à Athènes, la Banque centrale devrait opter pour le statu quo et maintenir les taux directeurs inchangés. Pour rappel, les taux directeurs sont les taux d'intérêt officiels fixés par une banque centrale, comme la BCE en Europe. Ils servent de référence pour l'ensemble du système financier et influencent les taux d'intérêt pratiqués par les banques commerciales. Ces taux jouent un rôle crucial dans l’économie, déterminant le coût de l'emprunt et la rémunération des dépôts, ce qui affecte la consommation, l'investissement et l'inflation.
Cette décision découle de la récente baisse de l'inflation en zone euro qui est passée de 5,2% en août à 4,3% en septembre, ainsi que d'une activité économique en repli.
En septembre, la Banque centrale avait relevé tous ses taux directeurs de 0,25 point pour la dixième fois consécutive, les situant dans une fourchette entre 4% et 4,75%. Le taux directeur principal, qui est une référence pour les prêts en zone euro, avait atteint un niveau historiquement élevé de 4%. Ces hausses devraient contribuer à contenir l'inflation à l’objectif de 2% fixé par la BCE.
Cependant, la récente baisse de l'inflation et la perspective d'une contraction du PIB, au troisième trimestre incitent la BCE à reconsidérer sa politique. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, avait d’ailleurs déjà évoqué la possibilité que le cycle de hausses de taux touche à sa fin.
Pour autant cela ne signifie pas que les taux baisseront prochainement.
Oui, la BCE continuera d'insister sur la nécessité de maintenir des taux élevés pendant une période prolongée, laissant ainsi la porte ouverte à de futures hausses des taux si les circonstances l'exigent. Selon une enquête réalisée auprès de 85 économistes, si la BCE a peut-être mis fin à son cycle de hausses de taux, il faudra attendre au moins juillet 2024 pour voir la première baisse des taux.
Terminons ce journal en évoquant l’annonce d’exercices militaires menés par l'Azerbaïdjan et la Turquie près de la frontière arménienne.
Dans un contexte de tensions particulièrement accrues, l'Azerbaïdjan et la Turquie ont annoncé le début d'exercices militaires près de l'Arménie, suscitant de vives inquiétudes dans la région. Ces manœuvres, organisées par Bakou, dans l'enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, ainsi que dans les, je cite, "territoires libérés" du Karabakh, mobiliseront jusqu'à 3 000 soldats des deux pays, des dizaines de véhicules blindés, de l'artillerie et une vingtaine d'aéronefs.
Ces exercices surviennent dans un contexte tendu entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, marqué par la récente reconquête par l'Azerbaïdjan de la région du Haut-Karabakh à la fin du mois de septembre.
Oui, cette région, qui avait été sous le contrôle de séparatistes arméniens pendant 30 ans, se trouve désormais sous le contrôle de l'Azerbaïdjan. Cette reprise a entraîné le déplacement massif de la population arménienne de la région.
L'Arménie craint maintenant que l'Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, ne cherche à étendre son emprise sur d'autres territoires, tels que le Sud arménien qui sépare l'Azerbaïdjan de son enclave du Nakhitchevan.
Les efforts diplomatiques pour résoudre le conflit se poursuivent, mais jusqu'à présent, aucun accord n'a été trouvé entre les deux pays.
Toutefois, selon l’agence de presse iranienne IRNA, les chefs des diplomaties arménienne, azerbaïdjanaise, russe, turque et iranienne se sont réunis ce lundi à Téhéran pour discuter de possibles "pourparlers de paix" entre Erevan et Bakou.
Un journal de Ariane Dana et Joris Schamberger.