Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 20 novembre 2025

Un immeuble éventré à Ternopil, après les attaques russes dans la nuit de mardi à mercredi (site des secours ukrainiens - 19/11) Aujourd'hui en Europe - 20 novembre 2025
Un immeuble éventré à Ternopil, après les attaques russes dans la nuit de mardi à mercredi (site des secours ukrainiens - 19/11)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Ukraine : 25 morts Ternopil ; proposition de plan de paix américain ; (transition Witkoof absent) négociation Turquie reprise échange prisonniers
  • Mercosur : Bruxelles accélère ; la France rétropédale (Macron positif au Brésil, mais refus national)
  • Zelensky en Turquie ; 25 morts dans une frappe russe
  • Londres et les navires russes

On ouvre ce journal à Ternopil, dans l’ouest de l’Ukraine, visé dans la nuit de mardi à mercredi par une attaque massive de drones et de missiles russes. Cette nuit encore, plusieurs frappes ont forcé toutes les régions du pays à mettre en place des restrictions d’électricité. 

Oui, l’attaque de Ternopil se conclut par un bilan tragique de 26 morts, dont trois enfants, et près d’une centaine de blessés selon le gouvernement ukrainien. 22 personnes n’ont d’ailleurs toujours pas été retrouvées. L’attaque a également visé les villes de Lviv et de Ivano Frankivsk, non loin de Ternopil. Trois agglomérations habituellement plus épargnées par la guerre car très éloignées de la ligne de front, où les habitants sont maintenant invités à rester chez eux tant les fumées dégagées par les incendies sont toxiques.

Le communiqué de l’armée ukrainienne révèle d’ailleurs un détail important : parmi les missiles russes qui ont explosé d’Est en Ouest en Ukraine, on retrouve, je cite, “des composants et des pièces fabriqués par les Etats-Unis, la Chine, l’Allemagne, les Pays-Bas et d’autres pays”. 

Sur le front, l’armée ukrainienne est toujours en difficulté : l’étau continue de se resserrer sur la ville de Pokrovsk à l’est, où l’armée russe à récemment mobilisé près de 150 000 soldats. A Kharkiv, une attaque de drone a également blessé une cinquantaine de personnes la même nuit.

Ces attaques d’une rare ampleur interviennent alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky poursuit sa tournée en Europe. Il était hier à Ankara, en Turquie, avec son homologue Recep Tayyip Erdogan.

Oui, après la France, lundi, et la signature d’un engagement de vente de 100 rafales, puis l’Espagne, mardi, où lui ont été promis 615 millions d’euros d’aide militaire, Volodymyr Zelensky est venu mener d’importantes négociations en Turquie. L’objet principal de cette nouvelle réunion : l’échange de prisonniers, “d’ici la fin de l’année” précise le président ukrainien - un processus dans lequel la Turquie, dit-il, a beaucoup aidé. 

Alors pourquoi la Turquie ? Et bien parce que ces échanges de prisonniers découlent de l’accord d’Istanbul, voté en 2022. Sa réactivation permettrait cette fois-ci de libérer 1200 ukrainiens. 

Un absent s’est fait remarquer à Ankara : Steve Witkoff, l’émissaire de la Maison Blanche. Il a annulé sa visite au dernier moment.

Et on en connait la raison. Les Etats-Unis semblent, à nouveau, avoir négocié avec la Russie une proposition sur l’Ukraine dans le dos de Kyiv et sans consultation des Européens.

Oui, un nouveau plan pour mettre fin à la guerre, qui nécessiterait, je cite, “la reconnaissance de l’annexion de la Crimée et d’autres régions prises par la Russie” et la réduction de l’armée ukrainienne à 400 000 personnes, en échange d’une “garantie de sécurité américaine”. Un accord en 28 points qui, selon l’administration Trump, “va dans l’intérêt de l’Ukraine”.

Selon le document dévoilé par le média américain Axios, le Donbass deviendrait une zone démilitarisée si Kyiv acceptait le plan. Volodymyr Zelensky doit rencontrer des responsables de l’armée américaine aujourd’hui. 

Jean-Noël Barrot, le ministre français des affaires étrangères a déclaré que la paix en Ukraine ne devait pas passer par, je cite, “une capitulation”. “Les Ukrainiens”, poursuit-il, “qui résistent de manière héroïque depuis plus de trois ans refuseront toujours toute forme de capitulation”.

On continue ce journal à Bruxelles, en abordant le contesté projet d’accord Mercosur. La Commission européenne se donne jusqu’au 20 décembre pour convaincre les Etats membres réticents. 

Oui, quitte à s'attirer les foudres des députés, dont un projet de résolution s’opposant au Mercosur a été bloqué hier au Parlement, jugé irrecevable. Le document était pourtant signé par 145 eurodéputés, et appelait à contester l’accord devant la Cour de justice de l’UE pour, parallèlement, suspendre le processus de ratification.

Le même jour, les diplomates des 27 ont approuvé la mise en place de clauses de sauvegarde - des systèmes permettant de protéger le marché européen en cas de concurrence trop forte - un sujet demandé par la France depuis longtemps.

Et c’était l’occasion pour chaque pays de réaffirmer sa position quant à la signature de l’accord UE-Mercosur.

Oui, et le constat est indéniable : les 27 ne s’accordent pas du tout sur le sujet. Du côté des supporters, on retrouve l’Allemagne et l’Espagne au premier plan - avec le ministre espagnol de l’agriculture, Luis Planas, qui s’est dit espérer, je cite, “que l’accord pourra entrer en vigueur au début de l’année prochaine”.

En face, c’est notamment la Hongrie et la Pologne qui structurent l’opposition, tandis que l’Irlande, l’Autriche, les Pays-Bas et la France conservent une position hésitante. 

L’Hexagone joue d’ailleurs un jeu de va et vient : le président Emmanuel Macron s’était montré, je cite, “plutôt positif” quant à la signature de l’accord lors d’un déplacement au Brésil, avant de devoir revenir sur ses propos en voyant le tollé qu’ils avaient provoqué parmi les agriculteurs et la classe politique française. La ministre de l’agriculture Annie Genevard attend toujours l’interdiction des pesticides 

Et on termine ce journal à Londres, où le gouvernement a haussé le ton face à la Russie, après la détection d’un navire russe dans ses eaux territoriales.

Oui, c’était au nord de l’Ecosse, le navire espion Yantar a été détecté mercredi alors qu’il sondait et cartographiait les défenses britanniques. Connu de la défense anglaise, le Yantar avait déjà été interpellé l’année dernière alors qu’il traversait la Manche, et avait dû être escorté par une frégate de défense. Cette fois-ci, il aurait même dirigé des lasers vers les pilotes de la Royal Air Force pour l’empêcher de surveiller ses activités. 

Long de plus de cent mètres et capable d’embarquer deux submersibles, le Yantar est d’ailleurs suspecté d’avoir tenté de couper des câbles sous-marins dans la Baltique il y a quelques mois.

Le Ministre britannique de la défense, John Healey, a donc adressé un message à la Russie - je cite : “nous savons ce que vous faites. Et si le Yantar se dirige vers le sud cette semaine, nous sommes prêts”. Le bateau pourrait, selon lui, “mettre en danger” et “compromettre les infrastructures sous-marines” du pays. 

Un avertissement qui s’inscrit dans un contexte de réarmement pour le Royaume-Uni.

Oui, John Healey et le Premier ministre Keir Starmer travaillent en ce moment à augmenter drastiquement le budget de défense du pays. Un projet difficile à réaliser au vu du déficit de plusieurs milliards d’euros dans les finances du pays…

Le ministre de la défense a tout de même annoncé la création de six nouvelles usines de munitions - un investissement de près d’1,7 milliard d’euros - et s’est engagé à porter ses dépenses en défense à 5% de son PIB, comme la plupart des Etats membres de l’OTAN.

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.