Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Vladimir Poutine en chef de guerre : Une trêve sous haute tension
- La saisie des avoirs russes : la nouvelle bataille financière de l’Europe
- Le sommet UE-Afrique du Sud : retour sur le plan d'investissement européen de 4,7 milliards d’euros
Bonjour, on ouvre ce journal en évoquant la réponse très attendue et particulièrement scrutée de Vladimir Poutine à la proposition américaine d’un cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine. Jeudi soir, le Kremlin s’est donc prononcé pour une trêve avec Kiev, mais en l’assortissant de conditions qui rendent sa mise en place très hypothétique. La Russie précise attendre une “information complète” de la part des Etats-Unis.
Oui en effet, le Président russe, bien qu’il se dise favorable à un cessez-le-feu, le conditionne à une série d’exigences que Kiev refusera très certainement. Le Kremlin exigerait notamment qu'aucun soldat européen ne soit déployé sur le territoire ukrainien pour vérifier ce cessez-le-feu. La Russie exige aussi toujours que l’Ukraine devienne à l’avenir neutre, et que lui soit déniée le droit de rejoindre une alliance militaire. Le Président Volodymyr Zelensky a réagi hier soir dans une allocution face à des propos qu’il qualifie de “prévisibles” et “manipulateurs”. Il a par ailleurs tenu à faire remarquer que la réponse russe était un moyen de poser des conditions pour mettre à mal le cessez-le-feu.
Vladimir Poutine s’est d’ailleurs montré martial apparaissant en treillis dans la région de Koursk dont une partie est toujours occupée par l’armée ukrainienne.
Effectivement, en visite à Koursk, Vladimir Poutine, en treillis militaire, voulait afficher l’image d’un chef de guerre.
Le président russe a d’ailleurs ordonné à ses troupes, au cours de ce bref déplacement, de "libérer complètement" la région frontalière. Pour rappel, l'armée ukrainienne avait entrepris une offensive dans la région de Koursk en août 2024 pour de changer le rapport de force avec le Kremlin dans la perspective de négociations avec Moscou.
Et Lors de cette visite à Koursk, Vladimir Poutine s’est prononcé sur le projet d’envoi de troupes européennes en Ukraine pour y garantir la paix
Pour rappel, lors du sommet de Londres, le 2 mars, le Premier Ministre Keir Starmer, soutenu par Emmanuel Macron, a présenté un nouveau plan de défense qui envisage le déploiement de troupes européennes en Ukraine pour le maintien de la paix en cas de cessez-le-feu. Les forces armées européennes seraient positionnées à l'arrière et non sur le front, pour soutenir la logistique et la défense des infrastructures stratégiques. Hier le chef du Kremlin a considéré qu’une telle initiative, si elle venait à être appliquée, serait pour lui la marque d’une “implication directe des Européens dans un conflit armé".
Alors que l’Europe cherche à renforcer sa puissance de défense, on continue ce journal en abordant une autre bataille se joue sur le front économique. La question de la saisie des avoirs russes gelés secoue Bruxelles ces derniers jours. Mercredi dernier, le parlement européen a adopté une résolution sur le sujet.
En effet, depuis le désengagement des États-Unis, la quête de financements pour l’Ukraine et la défense européenne s’intensifie. L’UE utilise, depuis le début de la guerre, les intérêts générés par ces fonds – environ 3 milliards d’euros par an – pour financer le prêt de 47 milliards accordé à Kiev.
Certains voudraient aller plus loin et, au-delà des seuls intérêts, saisir la totalité des fonds pour aider l’Ukraine.
Légalement, la question divise. Si le droit international autorise l’utilisation des intérêts générés par les avoirs gelés, il protège néanmoins les actifs d’un État déposés dans un autre via le principe d’immunité souveraine.
Oui effectivement, cela dit un flou juridique persiste. L’Ukraine pourrait demander à l’Union européenne la saisie des avoirs en tant que contre-mesure réparatrice face à l’agression russe. C’est l’idée que soutiennent certains économistes dans une tribune du journal Le Monde en avril 2024.
Les sceptiques sont nombreux, mais ce mercredi, le Parlement européen et l’Assemblée nationale française ont tous deux voté des textes réaffirmant leur soutien à l’Ukraine, incluant la saisie du gel des avoirs russes.
Entre impératif économique et bras de fer juridique, l’Europe avance sur une ligne de crête. Une décision radicale pourrait avoir de lourdes conséquences.
On clôture ce journal en évoquant le bilan de la rencontre entre la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le chef d'Etat sud-africain Cyril Ramaphosa lors d’un sommet organisé, ce jeudi, au Cap , en Afrique du Sud.
Oui en effet, le sommet entre l’UE et l’Afrique du Sud a eu lieu ce jeudi 13 mars. L’Union européenne est le premier partenaire commercial de l’Afrique du Sud et son principal investisseur étranger. La relation entre Pretoria et Bruxelles a connu ces dernières années quelques frictions notamment sur la question de la guerre en Ukraine, l’Afrique du Sud ayant longtemps eu une position équidistante entre les deux belligérants.
La rencontre de ce jeudi s’est soldée par un accord qui prévoit un plan d'investissement européen de 4,7 milliards d'euros en Afrique du Sud. Ce paquet d'investissement dit “Global Gateway” se décline ainsi en trois axes principaux : la transition énergétique, le renforcement d'infrastructures de connectivités comme les ports et les voies ferrées et un investissement de 700 millions d’euros pour intensifier la production de vaccins en Afrique du Sud.
Cet accord intervient par ailleurs dans le contexte d’officialisation du retrait des États Unis au sein du Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP) avec l'Afrique du Sud.
Effectivement, ce partenariat qui visait à financer la sortie du charbon de la première économie du continent africain avait été initié lors de la COP26 mais a depuis été mis à mal par le retrait des États Unis le 6 mars dernier.
Un journal de Assia Patel, Isaline Feller, Gaspard Timmermans et Robin Job.