8 femmes qui... jouent avec les traditions

 8 femmes qui... jouent avec les traditions

Depuis septembre 2020, euradio propose, les huit de chaque mois, une journée consacrée aux voix féminines, baptisée " Le 8 des femmes ". Totalement inclusive et toujours à l’image de l’un de nos mots d’ordre : la diversité. À cette occasion, euradio réunit autour d'un thème, huit femmes, groupes, musiciennes, interprètes, vers lesquelles nous tendons une oreille particulière.

Ce mois-ci, " Le 8 des femmes " s'intéresse aux traditions, en musique maestro ! Si le traditionnel est souvent pensé en antagonisme de la modernité, cette frontière reste pour nous à relativiser : l’ancien et le nouveau n’existent que réciproquement, l’un se créant à partir de l’autre, comme un serpent sans discontinuités et sans fin. 

La preuve ! Nos artistes du mois fusionnent les styles, et jouent de la “tradition”. Les lignes se flouent dans sept pays de la France, la Corée, l’Espagne, en passant par l’Estonie, le Portugal, l’Allemagne et la Suisse. Sept pays, mais en 9 langues : occitan, coréen, catalan, estonien, portugais, créole, mongolien, anglais et grecque.


1. COCANHA, que son aüros (chanté en occitan) 



Cocanha voit le jour à Toulouse, en 2014, porté par Caroline Dufau et Lila Fraysse : les deux membres du collectif Dètz, le laboratoire audiovisuel occitan, cherchent à créer un groupe de chant polyphonique traditionnel à danser. Rejointes par moments par Gemma Cuni Vidal puis Maud Herrera, les deux Cocanha pulse une pop occitane à partir de tambourins à cordes. Après deux albums en 2017 et 2020, I è s ? et Puput, le duo crée sa compagnie en 2021, Dardalh. Vous pouvez retrouver dans le clip de Que son aüros l’énergie de leurs chansons, une énergie aussi dansée qu'engagée : le texte original de la chanson est transformé en un hymne à l'ouverture des frontières.


2. HAEPAARY, Go to Gpd and then (chanté en coréen) 



Une fusion d’électro et de musiques coréennes, c’est la musique du duo HAEPAARY que portent Hyewon et Minhee depuis 2020. Les deux artistes sortent leur premier EP Born by Wonderfulness l’année qui suit, savant mélange de rave, transe, techno et de genres coréens comme le Jongmyojeryeak ou le Namchang Gagok, un genre vocal auparavant exclusivement masculin. Une joyeuse recette made in Séoul qui fonctionne bien sur la piste de danse ! 


3. JULIA COLOM, Jo t'estim (chanté en catalan) 



C’est à Majorque que naît la chanteuse Julia Colom en 1997. Elle tombe enfant dans la musique et jongle depuis avec le jazz, les rythmes méditerranéens, des sonorités électroniques et la musique de son île, le tout en catalan. Elle a sorti cette année son premier album, Miramar, produit à Barcelone où elle étudie actuellement la musique - album d'où est extrait le single Jo t’estim, une déclaration d’amour qui papillonne sous le soleil.


4. DUO RUUT, Liisa pehmes süles (chanté en estonien)



On continue notre épopée des duos avec les copines Katariina Kivi et Ann-Lisett Rebane, réunies depuis 2017 autour d’un unique kannel, une cithare estonienne. Ce qui pourrait être contrainte pour certain.es, représente le renouveau pour d’autres : Duo Ruut explore de nouvelles manières d'utiliser l'instrument, pour naviguer sur une rivière de folklore, un bras de dream pop et un oued de spiritualité.  


5. SARA CORREIA, Chelas (chanté en portugais) 



Sara Correia nage depuis son enfance dans le fado, ce genre musical portugais traditionnel apparu dans les années 1820. En 2007, à tout juste 14 ans, la chanteuse remporte la Grande Nuit du Fado, un concours qui lui ouvre alors les portes des salles du genre de Lisbonne. Après s’y être produite pendant plusieurs années, Sara décide en 2018 de faire sa route en solo ! Elle sort son premier album éponyme cette année-là. Pour sa musique en solo, Sara sort des codes classiques du fado qu’elle mêle à des prod hip-hop et des rythmiques hachées. Une façon aussi, de lier ce qui constitue ses univers : dans le titre Chelas, d’après le quartier populaire de Lisbonne où elle a grandi, elle raconte comment le monde bourgeois du fado lui a fait une place, tout en lui demandant de laisser ses habitus de classe à la porte. 


6. ORIANE LACAILLE, Li Bat (chanté en créole) 



Iviv, le premier album en solo de la chanteuse et instrumentiste Oriane Lacaille est sorti en juin dernier. Fille de l’accordéoniste réunionnais René Lacaille, Oriane fait ses premières expériences de scène enfant lors des tournées de son père, qu’elle poursuit avec plusieurs  projets collectifs (notamment avec Brigitte Fontaine ou Loïc Lantoine). Cette année, Oriane se lance en solo, accompagnée de la batteuse Héloise Divilly et du contrebassiste et trompettiste Yann-Lou Bertrand. Sur l’album Iviv, Oriane fusionne musiques créoles, jazz et un brin de soul sur des textes oniriques. Voyage quelque part entre la Réunion et des espaces stratosphériques. 


7. ENJI, Temeen Deerees Naran (chanté en mongole) 



Direction l’Allemagne avec dans les oreilles, une fusion de jazz, de folk et de musique mongole. C’est à Berlin que vit la chanteuse ENJI, de son vrai nom Enji Erkhem. Originaire de Oulan-Bator, où elle a passé son enfance dans la yourte de ses parents à cultiver un amour de la littérature, de la danse et de la musique. Cette dernière, dans sa culture, n’est pas que culture : elle est également médicinale, elle soigne les âmes. Nous aussi, nous en sommes convaincu·es !  Elle profite par la suite d’une bourse d’études, direction l’Allemagne pour étudier le jazz. Trois albums plus tard, dont le dernier, Ulaan, sorti en août dernier, ENJI affirme un style à la croisée des genres, mais aussi des sujets : entre l’individuel et le collectif, le terrestre et le divin. 


8. PRIYA RAGU, Black Goose (chanté en anglais) 



Priya Ragu elle, mêle depuis 2017 de la soul, hip hop et musiques tamoules, du peuple du même nom situé aujourd’hui entre le Sri Lanka et l’Etat du Tamil Nadu en Inde. Peuple dont elle est originaire : ses parents fuient le Sri Lanka en 1981 alors que le pays est frappé par des pogroms anti-tamoul. Depuis la Suisse, où ils trouvent refuge, Priya Ragu est bercée par différents genres, différents pays, qu’elle fusionne dans sa musique et depuis octobre, dans son premier album, SANTHOSAM, “bonheur” en tamoule. 


9. TARTA RELENA, Me yelassan (chanté en grec) 



Écouter la musique du duo Tarta Relena, c’est un peu comme écouter un livre d’histoire. Style Odyssée, les deux amies barcelonaises, Marta Torrella et Helena Ros, revisitent  en chanson sur leur trois albums (Ora Pro Nobis, Intercede Pro Nobis, Fiat Lux) les époques et les cultures de la Méditerranée. Hildegarde de Bingen, Vierge Marie, des tribus d’Afghanistan, la Crète Antique, la Corse, Majorque, Minorque, autant de lieux et de sujets que le duo folk chante en chorale, sur des pulsions subtiles et électroniques. Et évidemment, en plusieurs langues : espagnol, catalan, latin, anglais, mais aussi grec, comme dans le titre Me yelassan. Avec auto-dérision, elles caractérisent leur propre style de “chant grégorien progressif”. 


Rendez-vous le mois prochain pour d’autres portraits, et d’ici là, écoutez 24 heures non stop de voix féminines européennes et internationales ce mercredi 8 février 2023 sur euradio !

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Le 8 des femmes est une journée de programmation musicale entièrement consacrée aux voix féminines, qui s’écoute sur les antennes d’euradio en FM et en DAB+ à Nantes, en DAB+ à Paris, Marseille, Lyon, Lille, Strasbourg, Toulouse, Bordeaux, Nice, Rouen, Le Havre, Angers, Tours, Orléans, Saint-Nazaire, La Roche-sur-Yon, Rennes, Bruxelles et partout en Europe et dans le monde sur www.euradio.fr

Pour en savoir plus sur “Le 8 des femmes” et sur la programmation musicale d’euradio, c'est par ici

Un article de Hannah Tesson.