Euan Walker est chargé de missions internationales à Mines Paris – PSL et assistant de recherche et d’enseignement à l’ESSEC. Diplômé en histoire et en sciences politiques de Durham University et de la Ruprecht-Karls Universität Heidelberg, il poursuit actuellement un master en économie et politique publique à l'ESCP. Ses analyses sont publiées sur la page Europe Info Hebdo.
Cette semaine, Euan Walker et Laurence Aubron discutent de la visite diplomatique d'Emmanuel Macron et d'Ursula von der Leyen en Chine et de l'adhésion de la Finlande à l'OTAN.
Pour en revenir à l'actualité européenne de la semaine, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen s'apprêtent à entamer une visite diplomatique...
En effet : ce mercredi 5 avril, le président français Emmanuel Macron est rejoint par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour un voyage diplomatique en Chine. Pour le chef du gouvernement français comme pour la Commission européenne, ce voyage est porteur d'espoirs de reprise des échanges et de renforcement des partenariats stratégiques.
Quels sont les enjeux de cette visite diplomatique ?
Alors, cette visite est finalement une opportunité risquée, surtout si la communication du Président n'est pas bien gérée. Emmanuel Macron a demandé auparavant à la Chine de jouer un rôle plus important dans la médiation du conflit en Ukraine. Toutefois, les attentes de la France doivent être réalistes, en particulier après la récente démonstration d'un partenariat stratégique sino-russe lors de la visite de Xi Jinping à Moscou.
En outre, la visite donne à Macron l'occasion de différencier positivement la France des autres puissances nucléaires. La France est une puissance nucléaire, mais qui ne fait partie d'aucun accord de partage nucléaire, contrairement aux États-Unis et au Royaume-Uni dans le cadre de l'OTAN. En tant que telle, il serait compréhensible que la France demande une réponse officielle de la Chine à l'annonce par la Russie de son intention de déployer des armes nucléaires en Biélorussie et qu'elle tente, par conséquent, d'empêcher un tel déploiement.
En parlant d'Europe, la présence d'Ursula von der Leyen changera-t-elle l'optique de cette visite ?
Absolument - l'invitation faite par Macron à Ursula von der Leyen, de l'accompagner lors de cette visite, est une indication claire de l'engagement de la France en faveur de la coordination européenne. Toutefois, il est essentiel de veiller à ce que cette unité soit durable et démontrée de manière cohérente. Jouer le jeu du bon et du méchant flic entre Macron et von der Leyen à Pékin affaiblirait le récit européen d'un front uni.
Toujours sur le sujet de la géopolitique, l'OTAN s'est élargie avec l’arrivée d'un nouveau membre...
En effet : le 4 avril, la Finlande est officiellement devenue membre de l'OTAN. Lors de la cérémonie, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a également souligné que l'adhésion de la Finlande à l'OTAN montrait que Poutine n'avait pas réussi à "claquer la porte de l'OTAN" et que la porte de l'Alliance restait fermement ouverte.
Que représente cette évolution pour l'avenir des alliances internationales ?
Eh bien, il semblerait que cela représente une renaissance des alliances géopolitiques face à l'agression de la Russie qui espérait elle plutôt profiter de la désunion. L'adhésion de la Finlande à l'OTAN étant achevée, la Suède intégrera bientôt l'alliance. Au-delà de cette alliance militaire, la guerre en Ukraine a galvanisé le désir des pays de s'aligner sur les alliances occidentales. Pour prendre un exemple européen, le Monténégrin Milatović, qui a fait campagne sur un programme pro-UE et anti-corruption, a remporté environ 60 % des voix lors du second tour de la présidentielle du dimanche 2 avril. En cherchant à maintenir par la force l'Ukraine dans sa sphère d'influence géopolitique, la Russie a réussi à pousser vers l’idée d’une défense commune des États habituellement frileux à cette idée.
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Entretien réalisé par Laurence Aubron.
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English version :
Emmanuel Macron and Ursula von der Leyen to China – Finland in NATO
This week, Euan Walker and Sophie Girstmair discuss the diplomatic visit of Emmanuel Macron and Ursula von der Leyen to China and Finland's NATO membership.
Returning to Europe's news of the week, Emmanuel Macron and Ursula von der Leyen have just embarked on a diplomatic visit…
Indeed : yesterday, on the 5th of April, French President Emmanuel Macron was joined by the President of the European Commission, Ursula von der Leyen, for a diplomatic trip to China. For both the French head of government and the president of the European Commission, this visit presents an opportunity to obtain Chinese commitments all the while demonstrating European unity.
What are the stakes of this diplomatic visit?
Ultimately, this visit is a risky opportunity, especially if the French President's communication is not well managed. Emmanuel Macron has previously asked China to play a greater role in mediating the conflict in Ukraine. However, there is a need for France's expectations to be realistic, especially after the recent demonstration of a Sino-Russian strategic partnership, as made evident following Xi Jinping's visit to Moscow two weeks ago.
Moreover, this visit gives Macron the opportunity to positively differentiate France from other nuclear powers. France is a nuclear power but not part of any nuclear sharing agreement, unlike the US and the UK in NATO. As such, it would be understandable for France to demand an official response from China, which is also against nuclear proliferation, concerning Russia's announcement of its intention to deploy nuclear weapons in Belarus and therefore, try to prevent such a deployment.
Speaking of Europe, will the presence of Ursula von der Leyen affect the optics of this visit?
Absolutely - by inviting Ursula von der Leyen to accompany him on this visit, Emmanuel Macron is clearly indicating France's commitment to European coordination. However, it is essential to ensure that this unity is sustainable and consistently demonstrated. Should Macron and Von der Leyen display some sort of “good cop - bad cop” dynamic, they would weaken the European narrative of a united front.
Still on the subject of geopolitics, NATO has expanded with a new member…
Indeed : on the 4th of April, Finland officially became a member of NATO. During the membership ceremony, NATO Secretary General Jens Stoltenberg also emphasised that Finland's accession to NATO made it clear that Putin had failed to "slam the door on NATO" and that the door to the Alliance, in effect, remained firmly open.
What does this development mean for the future of international alliances?
Well, it would seem to represent a renaissance of geopolitical alliances in the face of Russian aggression, Russia itself having instead hoped to profit from disunity. With Finland's accession to NATO completed, Sweden is next in line to join the alliance. Beyond NATO, the war in Ukraine has galvanised the desire of countries to align themselves with Western alliances. To take a European example, Montenegro's Milatović, who campaigned on a pro-EU, anti-corruption platform, won about 60 per cent of the vote in the presidential run-off on Sunday 2 April. By seeking to forcefully keep Ukraine within its geopolitical sphere of influence, Russia has succeeded in pushing states, that are usually wary of the idea of a common defence, towards this very same strategy.
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Interview by Sophie Girstmair.