La semainière de Quentin Dickinson

La semainière de Quentin Dickinson

Photo de Kris Møklebust - Pexels La semainière de Quentin Dickinson
Photo de Kris Møklebust - Pexels

Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.

Alors, QD, avez-vous passé une bonne semaine ?...

Pas particulièrement, vu la nouvelle de l’attaque massive des Russes contre l’infrastructure électrique dans l’ensemble du territoire ukrainien, qui aura aussi coûté la vie à onze civils. Cela dit, il semblerait que cet acte, destiné à priver de chauffage la population de l’Ukraine alors que les premières neiges arrivent, aurait – au même titre que l’apparition de troupes nord-coréennes aux côtés des forces russes en Ukraine – décidé le Président des États-Unis à enfin autoriser les Ukrainiens à utiliser leurs missiles d’origine américaine contre des cibles militaires en Russie. Un bémol, cependant : ces missiles ATACMS ont certes une portée de 300 kilomètres, mais, compte tenu de la nécessaire mise en sécurité des équipements de lancement à 100 kilomètres à l’arrière du front, on ne pourra viser des installations militaires russes au-delà de 200 kilomètres de la frontière.

Les missiles franco-britanniques STORM-SHADOW et SCALP, quant à eux, ont une portée plus faible encore, de l’ordre de 250 kilomètres.

Bien loin de cette guerre, les dirigeants des pays du G20 se réunissent à RIO-de-JANEIRO, où il sera notamment question de l’accord entre l’UE et un groupe de cinq pays d’Amérique latine, le MERCOSUR…

Avec des hauts et des bas, les négociations de cet accord d’association et de libre-échange traînent depuis vingt ans. La Présidente de la Commission européenne, Ursula von der LEYEN, pousse ses feux pour arracher l’accord, fortement appuyée par l’Allemagne et par l’Espagne.

Compte tenu des fortes inquiétudes de ses agriculteurs, la France, catégorique, n’en veut pas en l’état, et, même si les autres pays de l’UE oscillent entre les deux extrêmes, la position française reste pour l’heure minoritaire. Un compromis reste toutefois possible, à condition, dit-on ici à BRUXELLES, de revoir dans le détail les catégories de produits visés par l’accord ainsi que le calendrier de mise en œuvre, différencié selon les produits.

En l’absence d’accord entre Européens ces jours-ci, il y a gros à parier que l’accord serait définitivement enterré, d’autant que, de l’autre côté de la table, le Paraguay et l’Argentine sont perturbés par les incertitudes commerciales liées à l’arrivée de Donald TRUMP à la Maison-Blanche, le Brésil a réorienté ses exportations vers la Chine, et l’Uruguay tente de la jouer personnelle avec l’Union européenne.

Une nouvelle étonnante est parvenue la semaine dernière aux oreilles des services de renseignement européens et américains, et elle plonge dans l’embarras les dirigeants de l’UE…

Cette nouvelle, c’est celle de l’ouverture par une entreprise d’État russe d’une usine de drones militaires en Chine, dans la province frontalière du Xinjiang. Or, les Européens frappent systématiquement de sanctions les pays qui livrent armes et munitions à l’effort de guerre russe. C’est une ligne rouge connue de tous. Sanctionner à ce titre la Chine, évidemment, cela donne à réfléchir – et c’est précisément ce que font les Européens, lesquels cherchent en tout cas à gagner du temps en demandant moultes confirmations.

Pourtant, tout est clair : est-il plausible que les Russes montent une usine de drones qui ne seraient pas destinés à leur propre usage, et est-il vraisemblable que l’appareil d’État chinois ne soit pas au courant ? Je vous laisse trouver les bonnes réponses.

…et les Russes pratiquent leurs propres sanctions…

En effet, les Russes, qui viennent de couper le gaz à l’Autriche, qui, récemment encore, dépendait à 98 % de la Russie pour son approvisionnement en gaz. Le Chancelier Karl NEHAMMER assure que son gouvernement s’y attendait et que des sources autres sont mises en place, bref, qu’aucun Autrichien n’aura froid cet hiver.

Les Ukrainiens voudraient bien pouvoir en dire autant.

Quelques brèves pour boucler la semaine, QD ?...

Au nombre de trois, pour être précis.

D’abord, le député européen Santiago ABASCAL, du parti espagnol VOX, a été élu président du groupe dit des Patriotes au Parlement européen, groupe où l’on retrouve notamment les élus du Rassemblement national français et ceux du Fidesz du Premier ministre hongrois Victor ORBÁN. Avec ses 86 députés issus de onze pays-membres, cette formation d’extrême-droite est désormais – numériquement – la troisième force de l’assemblée de l’UE.

Ensuite, la crise gouvernementale aux Pays-Bas, provoquée par des émeutes dans les rues d’AMSTERDAM entre spectateurs israéliens et pro-palestiniens, en marge d’une rencontre néerlando-israélienne de football, est désormais réglée – mais vu la grande fragilité de la coalition aux affaires à La HAYE, on peut raisonnablement penser que ce n’est que partie remise.

Enfin, on inscrira sur ses tablettes la date du dimanche 23 février 2025 : c’est le jour des élections législatives-clefs en Allemagne.

Une interview réalisée par Laurent Pététain.