La semainière de Quentin Dickinson

La semainière de Quentin Dickinson

© Wikimedia Commons - Guvernul României (Photo de Nicușor Dan) La semainière de Quentin Dickinson
© Wikimedia Commons - Guvernul României (Photo de Nicușor Dan)

Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.

Alors, QD, qu’avez-vous retenu de l’actualité de ces derniers jours ?...

Avant toute chose, vous me permettrez, Laurence, de me féliciter de ce que – depuis quelques années déjà qu’existe notre chronique semainière – jamais n’avons-nous vu autant d’événements réjouissants se produire en l’espace de quelques jours seulement.

Alors, on commence par lequel ?...

Sans hésitation, par le second tour de l’élection présidentielle en Roumanie, où le candidat modéré, pro-européen et ami de l’Ukraine, l’emporte de façon décisive sur le candidat populiste d’extrême-droite, trumpophile, anti-UE et anti-Ukraine.

Le vainqueur, Nicuşor DAN, 55 ans, était jusqu’ici le Maire (centriste) de la capitale, BUCAREST, et c’est en candidat indépendant qu’il s’était présenté à la présidentielle, pour laquelle les sondages ne lui accordait que peu de chances de triompher de son adversaire, George SIMION, ancien hooligan des stades, grand admirateur de Viktor ORBÁN, et récemment reçu à la Maison-Blanche et adoubé par Donald TRUMP.

L’issue de scrutin est cependant sans appel : 53,6 % pour Nicuşor DAN, 46,4 % pour SIMION.

Et qui est ce Nicuşor DAN ?...

C’est un brillant mathématicien, de surcroît parfaitement francophone, puisqu’il a poursuivi ses études à l’École normale supérieure de PARIS et qu’il a ensuite obtenu son doctorat en Sorbonne – un parcours impressionnant pour cet enfant, élevé loin de la capitale par un père ouvrier et une mère aide-comptable.

Curieusement, il doit en partie son élection à Viktor ORBÁN, qui avait ouvertement encouragé les électeurs roumains d’origine hongroise (ils sont tout-de-même plus d’un million) à voter pour le candidat d’extrême-droite…sans tenir compte de ce que celui-ci ne manquait jamais une occasion de traiter ses compatriotes magyarophones de ‘vermines puantes’ et autres qualificatifs trop rudes pour vos délicates oreilles. Du coup, leurs voix se sont massivement reportées sur M. DAN.

Simultanément, le langage ordurier de M. SIMION aura provoqué un rejet semblable de la part des Roumains expatriés, qui l’avaient pourtant majoritairement soutenu au premier tour de l’élection.

Enfin, pour mémoire, la Constitution de la Roumanie confie au Président de la République la responsabilité des relations extérieures et de la défense du pays ; M. Nicuşor

DAN gagne donc un fauteuil à la table du Conseil européen, en compagnie des – et à égalité avec – les chefs d’État et de gouvernement des autres pays de l’Union européenne.

Mais on votait aussi ailleurs qu’en Roumanie, QD ?...

…en l’occurrence en Pologne, et où il s’agissait également d’élire le Président de la République. Ici, à l’issue de ce premier tour, le candidat soutenu par la Plateforme civique (pro-européenne) du Premier ministre Donald TUSK l’emporte d’une courte tête sur son concurrent nationaliste, pur produit du parti Droit et Justice, en abrégé PiS, des jumeaux KACZYŃSKI.

A 31,36 %, le centriste Rafał TRZASKOWSKI, Maire deVARSOVIE, est à moins de deux points devant son rival, alors que les deux candidats d’extrême-droite totalisent plus de 21 %, et ne sont certes pas qualifiés pour le second tour, le 1er juin, mais les voix de leurs électeurs ne se reporteront certainement pas sur M. TRZASKOWSKI.

Mais les reports n’ont très probablement rien d’automatique, même – et surtout – entre candidats dont les programmes sont en partie proches, voire identiques.

Et un troisième scrutin, QD…

…s’est tenu au Portugal, où la coalition de centre-droit actuellement aux affaires se maintient aux législatives anticipées. Pas de quoi pavoiser, alors que le parti d’extrême-droite Chega fait pratiquement jeu égal avec les socialistes. La formation de la nouvelle coalition s’annonce ardue pour le Premier ministre sortant, Luis MONTENEGRO.

Et tout le reste n’est que politique.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.