Chaque vendredi, l'équipe d'euradio à Bruxelles décrypte l'actualité et le travail d'une institution européenne.
Au programme :
- La manière dont devraient être utilisés les 50 milliards d'euros d’aide pour l’Ukraine récemment débloquée par l’UE
- L'atonie de l’économie européenne alors que la Commission vient de réviser à la baisse les prévisions de croissance de l’Union
- L’appel de l’Espagne et l'Irlande à une révision urgente de l'accord UE-Israël
Ouvrons ce journal en évoquant la manière dont devraient être utilisés les 50 milliards d'euros d’aide pour l’Ukraine récemment débloquée par l’UE.
Oui lors d'une réunion du Conseil européen le 1er février 2024, les 27 Etats membres de l'Union européenne ont finalement approuvé à l'unanimité une enveloppe financière de 50 milliards d'euros en faveur de l'Ukraine, composée de 33 milliards de prêts et de 17 milliards de dons. Celle-ci vise à soutenir la stabilité financière et économique du pays alors que la guerre se prolonge depuis bientôt deux ans. L’aide américaine étant encore bloquée au Congrès, ce soutien financier revêt d’un caractère crucial pour Kiev.
Des fonds débloqués malgré des critiques au Parlement européen.
Oui, notamment de la part des eurodéputés du parti français le Rassemblement national, qui ont critiqué l’octroi de 50 milliards d'euros en pleine période de colère des agriculteurs en Europe. Certains ont même qualifié cette aide de "chèque indécent" ou de fonds "foutus en l'air pour faire une guerre".
Contrairement à ce que suggèrent les critiques, ces fonds ne sont pas destinés à l'effort de guerre ukrainien.
Oui, cette aide s'inscrit dans la "facilité pour l'Ukraine", un nouvel instrument budgétaire défini par la Commission européenne en juin 2023. Les fonds seront déployés sur la période 2024-2027 pour soutenir le redressement, la reconstruction et la modernisation de l'Ukraine. Un an auparavant, des institutions internationales avaient estimé à 411 milliards de dollars les coûts de réparation des dommages causés par la guerre.
Le programme de soutien de l’UE repose sur trois piliers principaux.
Tout d'abord, un plan de relance visant à moderniser l'État ukrainien, à réorganiser le pays en vue de son adhésion à l'UE, et lutter contre la corruption. Ensuite, la création d'un cadre financier pour attirer les investisseurs publics et privés, piloté par un conseil opérationnel comprenant des représentants de la Commission, des États membres, du Parlement européen, et du gouvernement ukrainien. Enfin, une assistance technique, encore à définir, visant à financer diverses mesures de soutien.
L'octroi de ces fonds est soumis à des conditions strictes.
Oui, un rapport annuel de la Commission européenne évaluera la mise en œuvre du programme, permettant au Conseil européen d'orienter les futures décisions. Le Parlement européen jouera également un rôle dans le contrôle de l'utilisation de ces fonds, avec une demande de renforcement de la participation du Parlement ukrainien. Sur le plan de la transparence, un "portail Web pour les opérations financières de l'Ukraine" est proposé, ainsi que la publication obligatoire de données sur les bénéficiaires de fonds dépassant 100 000 euros.
Poursuivons ce tour de l’actualité en revenant sur l’atonie de l’économie européenne alors que la Commission vient de réviser à la baisse les prévisions de croissance de l’Union.
Oui, les nouvelles projections, dévoilées le jeudi 15 février, indiquent que le PIB devrait augmenter de seulement 1,3 % au sein de l'UE et de 0,8 % dans la zone euro en 2024. Cette révision à la baisse survient après que l'UE ait évité de peu une récession au second semestre de l'année précédente.
A quoi cette baisse est-elle due ?
La Commission européenne, dans sa récente révision des prévisions économiques, pointe du doigt plusieurs facteurs majeurs contribuant à la situation économique délicate de l'Union européenne en 2024.
D’après le rapport une baisse du pouvoir d'achat des consommateurs freine la demande intérieure, tandis qu'une faible demande extérieure, principalement des États-Unis et de la Chine, impacte négativement les exportations. S’ajoute à cela la hausse des taux d'intérêt qui accroît les coûts du crédit, entraînant une diminution des investissements des entreprises.
La Commission prévoit tout de même une reprise progressive de la croissance en 2025, avec une augmentation attendue du PIB d’ 1,7 % au sein de l'UE et d’ 1,5 % dans la zone euro.
La baisse anticipée de l'inflation, influencée par la baisse des prix de l'énergie, devrait jouer un rôle dans cette légère amélioration. La diminution plus rapide que prévue de l'inflation devrait également conduire à une baisse des taux d'intérêt.
Selon la Commission, ces prévisions sont toutefois entourées d'incertitudes, notamment en raison de tensions géopolitiques croissantes.
Oui, les conflits persistants en Ukraine et au Moyen-Orient, ainsi que les problèmes dans la mer Rouge, pourraient assombrir davantage le panorama économique européen. La Commission identifie également d'autres risques, tels que les incertitudes sur la croissance en Chine, les pénuries de main-d'œuvre susceptibles d'entraîner une inflation, le défi climatique ou encore l'augmentation des catastrophes naturelles. En outre, le commissaire à l'économie, Paolo Gentiloni, exprime une inquiétude quant à l’impact d’une possible réélection de Donald Trump aux Etats-Unis sur l’économie mondiale et européenne.
Terminons ce journal en évoquant l’appel de l’Espagne et l'Irlande à une révision urgente de l'accord UE-Israël.
Oui, les Premiers ministres espagnol, Pedro Sánchez, et irlandais, Leo Varadkar, ont demandé à la Commission européenne une "révision urgente" de l'accord UE-Israël. Depuis l'an 2000, l'accord d'association UE-Israël constitue le principal instrument légal régissant les relations bilatérales entre ces deux partenaires.
Dans une lettre commune, les dirigeants ont exprimé leurs inquiétudes face à la violence des opérations militaires israéliennes, appelant à un cessez-le-feu humanitaire immédiat pour éviter des dommages irréversibles à la population civile de Gaza.
Ils ont également demandé à la Commission d'examiner d'urgence si Israël respecte ses obligations dans le cadre de l'accord d'association UE-Israël, qui inclut le respect des droits de l'homme et les principes démocratiques. Si des violations sont constatées, ils demandent à la Commission de proposer des mesures appropriées aux États membres. La Commission a confirmé la réception de la lettre mais n'a pas encore commenté les prochaines étapes.
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.