Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Dans le contexte de contestations, de tensions sociales, d’une mini crise bancaire et d’inflation, je pensais qu’il était intéressant d’évaluer l’état des marchés financiers. Avec un constat de départ qui peut surprendre, car, depuis le début de l’année leurs performances sont largement positives !
Oui c’est effectivement surprenant. Pour avoir un peu plus de contexte, pourriez-vous nous donner quelques exemples de ces bonnes performances à date ?
Bien sûr. Commençons par les marchés actions. Notre indice national, le CAC40 a fini le premier trimestre en hausse de plus de 13 %, tout comme l’indice Eurostoxx50 d’ailleurs, qui combine les 50 plus grandes sociétés européennes cotées. Aux US, le S&P500 monte de plus de 7 %, l’indice Nasdaq, qui comprend notamment des valeurs technologiques, monte de plus de 16 %.
Côté obligataire, c’est pareil. Les taux ayant bien remontés, il est désormais possible de gagner plus de 3 % en investissant dans des obligations d’État, des deux côtés de l’Océan Atlantique.
Et si on se penche sur des classes d’actifs moins traditionnels, comme l’or, le pétrole ou encore les crypto-devises ?
La situation est similaire. L’once d’or a pris plus de 10 % depuis le début de l’année, et le baril de pétrole est en légère hausse depuis quelques semaines. Le cours du bitcoin a explosé, et a augmenté de plus de 80 % depuis le début de l’année. Il faut dire que son cours avait fortement dégringolé en 2022.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette bonne santé des marchés financiers depuis le début de l’année ?
Il y a plusieurs éléments de réponse à donner. Tout d’abord, l’augmentation des indices boursiers est dans la pratique le résultat de la très forte augmentation des cours de bourse d’une poignée de sociétés. Dit autrement, la performance boursière est plutôt concentrée. Prenons l’exemple du CAC40 qui a pris plus de 30 % depuis son point bas de septembre dernier. Un tiers de cette performance peut être attribuée aux 4 fleurons de l’industrie du luxe que sont Hermès, LVMH, L’Oréal, et Kering. Leurs cours de bourse ont flambé, car ces sociétés bénéficient pleinement de la réouverture du marché chinois, post-Covid.
Même phénomène aux US, où ce sont les mastodontes de la tech, comme Apple, Google, et Microsoft qui ont tiré la bourse vers le haut.
Qu’est-ce qui peut expliquer cet engouement retrouvé pour les sociétés technologiques ?
C’est notamment la perspective d’un ralentissement dans l’augmentation des taux directeurs par la Fed qui stimule les investisseurs. En effet, si le cycle de hausse des taux touche à sa fin, et que le risque d’une récession peut être évité, cela serait sans doute bénéfique pour ces entreprises.
Oui, mais cet argument est vrai pour la plupart des entreprises. Pourquoi ce sont les cours de bourse de ces géants qui en bénéficient le plus ?
Parce que ce sont ceux qui avaient le plus souffert l’année dernière. C’est l’autre phénomène qu’il ne faut pas perdre de vue pour expliquer les bonnes performances de certaines classes d’actifs en 2023. La bonne, voire très bonne performance des premiers mois de 2023 se mesure après une forte correction l’année dernière. Dans la tech américaine, le +25 % de cette année doit se comparer au -36 % de l’année dernière.
Pour le bitcoin, c’est encore plus flagrant. Le +80 % enregistré à date ramène son cours à plus de 27 000 euros, mais nous sommes encore très loin des 57 000 euros atteints à la fin de 2021.
Le mot de la fin ?
J’en aurais deux. Premièrement, un nombre grandissant d’investisseurs perçoivent une plus grande stabilité - certes toute relative - et déploient leur fonds en conséquence, expliquant le rebond notable que nous observons depuis le début de l’année. Deuxièmement, ce rebond est -
pour l’instant - relativement sélectif. Ce qui souligne l’importance pour l’épargnant individuel non spécialiste de diversifier ses placements.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.