Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Margot Klein, Thomas Kox, Giona Melotto, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme:
- Le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères Josep Borrell propose de suspendre le “dialogue politique” entre Bruxelles et Israël.
- Au Bélarus, l’opposante et prisonnière politique Maria Kolesnikova a enfin été autorisée à une visite, après 1 an et demi d’incarcération.
- A Bruxelles, le Parlement européen repousse encore la loi sur la déforestation
Bonjour, commençons ce journal par une proposition choc de Josep Borrell, Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères concernant Israël.
Il a en effet proposé aux 27 pays membres de l’Union européenne de suspendre le “dialogue politique” entre Bruxelles et l'État hébreu sur fond de violations massives des droits humains par Israël à Gaza. Josep Borrell a écrit, dans une lettre adressée aux ministres des Affaires étrangères européens en vue d’une réunion la semaine prochaine, qu’il avait, je cite, “de sérieuses inquiétudes” au sujet d’une possible infraction du droit humanitaire international à Gaza”. Des préoccupations qui n’ont pas été reconnues par le gouvernement israélien.
Ce type de décision requiert un vote unanime de la part des pays membres, ce qui est plus qu’hypothétique.
La lettre de Josep Borrell a été envoyée ce mercredi 13 novembre, et plusieurs pays européens dont l’Italie, les Pays-Bas et l’Allemagne s’y sont déjà opposés.
En quoi consiste ce “dialogue politique” entre Israël et Bruxelles ?
C’est un accord politique, accord d’association, entré en vigueur en juin 2000 vise à fournir un cadre juridique et institutionnel pour le dialogue politique et la coopération économique entre l'UE et Israël. C’est cet accord que le Haut représentant de la diplomatie européenne Josep Borrell voudrait suspendre.
Josep Borrell dont les fonctions se terminent prochainement.
Oui, son mandat de 5 ans se terminera en décembre. La réunion de la semaine prochaine, pendant laquelle les ministres discuteront de cette proposition de Mr. Borrell, sera d’ailleurs la dernière qu’il présidera.
Qui succédera à Josep Borrell?
C’est l’ex-première ministre estonienne Kaja Kallas qui lui succédera à la tête de la diplomatie européenne. L’Estonienne a été entendue lors des auditions du Parlement le 12 novembre dernier. Elle s’est montrée très ferme au sujet de la Russie et de l’Ukraine, plaidant pour un plus grand soutien européen à Kiev. Par contre, Kaja Kallas a été jugée beaucoup plus hésitante concernant la guerre à Gaza. Elle a appelé à un “cessez-le-feu” à Gaza et “à la retenue” mais s’est abstenue de condamner Israël comme l’a souvent fait son prédécesseur Josep Borrell.
L’avis tranché de Josep Borrell crispe certains pays et reflète des divergences au sein de l’Union européenne quant à la position à adopter face au conflit.
Plusieurs pays européens, comme l’Espagne et l’Irlande, ont adopté une position similaire à celle de M. Borrell en reconnaissant l’Etat de Palestine en mai dernier. Parallèlement, d’autres pays européens comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Hongrie sont plus timides dans leur condamnation de l’Etat hébreu. Kaja Kallas, qui ne s’est pas encore prononcée fermement sur le sujet, est donc vue comme capable de créer un consensus sur le sujet au sein de l’UE.
Poursuivons ce tour des actualités au Bélarus, où l’opposante et prisonnière politique Maria Kolesnikova a enfin été autorisée à une visite, après 1 an et demi d’incarcération.
Oui, l’opposante au dictateur Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 30 ans, avait été emprisonnée en 2021. Elle avait été condamnée à 11 ans de prison pour avoir protesté contre la réélection d’Alexandre Loukachenko l’année précédente, en 2020. Une réélection entachée de nombreuses fraudes. Le dictateur biélorusse est accusé de nombreuses violations de droits humains, et a orchestré l’emprisonnement de milliers de prisonniers politiques. Il a été jusqu’à détourner un avion pour arrêter un journaliste opposé au régime en 2021.
Maria Kolesnikova, figure importante de l’opposition, a donc pu voir son père en prison, près de deux ans après avoir donné signe de vie pour la dernière fois.
En 2020, Maria Kolesnikova avait été enlevée suite à ses protestations et amenée à la frontière pour être expulsée mais elle avait déchiré son passeport pour rester dans le pays. Depuis février 2023, elle n’avait eu droit à aucune visite et aucune nouvelle n’était parvenue à ses proches.
Et en octobre, Alexandre Loukachenko a déclaré qu’il pourrait gracier Maria Kolesnikova si elle le demandait.
Le président bélarusse a gracié plusieurs prisonniers politiques depuis cet été, pour tenter d’apaiser son image en vue des prochaines élections de janvier 2025. M. Loukachenko briguera un septième mandat. Une centaine de ces opposants politiques emprisonnés sont dans des états de santé critiques. Au moins sept sont morts, et il en reste plus d’un millier. “La Biélorussie espère aujourd’hui alléger les sanctions occidentales, sortir de l’isolement et ne pas dépendre uniquement de la Russie”, a déclaré au Monde la sœur de Maria Kolesnikova.
Terminons ce journal à Bruxelles, où le Parlement européen repousse encore la loi sur la déforestation.
Ce jeudi 14 novembre, le Parlement européen a approuvé, grâce aux votes de la droite et de l’extrême droite, le report d’un an de la loi sur la déforestation. Cette réglementation interdisait l’import de produits issus de forêts déboisées après 2020.
Le règlement était censé entrer en vigueur le 30 décembre.
Il sera donc reporté à décembre 2025. Plusieurs acteurs poussent pour changer ce texte de loi, jugé peu clair et trop compliqué à mettre en œuvre pour les entreprises. C’est le parti de centre-droit PPE dont est issu Ursula von der Leyen qui a notamment poussé pour l’assouplissement de la loi et pour son report. Les ONG de protection de l’environnement condamnent cette décision, jugée destructrice pour l’environnement.
Un journal d’Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.