Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 1er octobre 2025

L'un des bâtiments de la Global Sumud Flotilla quitte le port de Tunis, le 10 septembre 2025 (IMAGO/NurPhoto) Aujourd'hui en Europe - 1er octobre 2025
L'un des bâtiments de la Global Sumud Flotilla quitte le port de Tunis, le 10 septembre 2025 (IMAGO/NurPhoto)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Gaza : la flottille et le plan de paix à l’approche d’un possible dénouement 
  • Athènes dans le viseur de la justice européenne
  • Afghanistan : la communication sous la coupe talibane

On commence ce journal à quelques miles nautiques des côtes palestiniennes, vers lesquelles les navires de la Global Sumud Flotilla continuent d’avancer. Une affaire de “deux-trois jours” selon eux, avant d’y délivrer l’aide humanitaire chargée dans les soutes des bateaux et tenter de briser le blocus israélien.

Oui, plus d’un mois après leur départ, la cinquantaine de bateaux partis de plusieurs ports méditerranéens s’apprête à entrer dans les eaux palestiniennes - un espace particulièrement critique, puisque la marine israélienne pourrait s’interposer et arrêter les membres de la flottille. Gideon Saar, le ministre israélien des Affaires étrangères a déjà fait savoir qu’Israël, je cite, “n’autorisera pas les navires à pénétrer dans une zone de combat”.

La semaine dernière, au large de la Grèce, un des bateaux a été victime d’attaques nocturnes, pour l’instant imputées à Israël et condamnées par l’ONU et l’Union européenne. L’Italie et l’Espagne ont depuis envoyé des navires militaires pour escorter les embarcations. Plusieurs collectifs, artistes et politiques français et belge ont demandé à leurs gouvernements de faire de même, sans succès. 

Tout s’accélère donc, alors que le Hamas n’a plus que quelques jours pour accepter le plan de paix proposé par Donald Trump lundi 29 septembre. Au risque d’en payer les conséquences.

Oui, c’est un véritable ultimatum imposé par le président américain lundi, qui a précisé que, je cite, “cela se finira de manière très triste” si l’accord n’est pas accepté, et que le Hamas, je cite, “expiera en enfer” s’il rejette son plan. 

Côté Israélien, Benyamin Netanyahou s’est dit d’accord lundi, puis a nié le lendemain avoir accepté le principe d’un Etat palestinien dans une vidéo publiée sur son compte Telegram. C’est pourtant l’une des étape du plan, qui vise, je cite, “à ouvrir une voie crédible vers l’autodétermination et la création d’un Etat palestinien”. Le ministre des finances Bezalel Smotrich a même qualifié l’accord d’échec diplomatique retentissant.

L’UE et l’ONU soutiennent massivement cette feuille de route - les Nations unies se sont dit prêtes à augmenter l’aide humanitaire dès que possible. La France, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie ont tous fait part de leur soutien, et le président du Conseil de l’Union européenne, Antonio Costas, a appelé les pays à, je cite, “saisir ce moment pour donner une véritable chance à la paix”. 

Et le Hamas ? 

Et bien il serait en train d’examiner le plan. Des consultations qui pourraient durer plusieurs jours, alors qu’une première réunion entre la Turquie et le mouvement islamiste palestinien s’est déroulée mardi soir. Plusieurs jours mais pas plus longtemps.

On continue ce journal en Grèce, à Athènes, où a atterri mardi Laura Kövesi, la procureure en cheffe du parquet européen. Depuis plusieurs mois, elle a la république hellénique dans le collimateur, après plusieurs affaires de fraude financières.

Oui, et sa visite intervient à un moment délicat pour le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. Son parti Nouvelle Démocratie a connu une chute massive de popularité dans les sondages. Tenez vous bien - 70% des personnes interrogées considèrent que le gouvernement grec est corrompu ; 74% estiment qu’il dissimule activement des scandales. 

L’idée ne semble pas venir de nulle part, puisque le gouvernement fait l’objet de trois enquêtes pour fraudes majeures, d’où la visite du Parquet européen. A commencer par celle dite du “Contrat 717”, un projet de 41 millions d’euros financé par l’UE et dont le but était de renforcer la signalisation le long du réseau ferroviaire grec. Il n’a jamais été mis en œuvre - alors qu’il aurait peut-être pu sauver, selon la procureure Laura Kövesi, les 57 personnes ayant perdu la vie dans un accident de train en 2022.

Les deux autres affaires sont tout aussi édifiantes : la première concerne l’utilisation frauduleuse de subventions agricoles de l’Union européenne. Un scandale qui avait poussé quatre ministre à la démission et à la dissolution de l’agence chargée de distribuer les subventions. 

L’autre, dite “opération calypso” remonte au 15 septembre. Le parquet européen avait alors ordonné la saisie de plus de 2400 conteneurs dans le port du Pirée. Ils transportaient des marchandises chinoises dans l’UE en fraudant les droits de douane. 

Athènes, qui traverse ce mercredi un appel général à la grève. Les syndicats décrient, je cite, “la plus grande dérégulation du travail en Europe” après que le gouvernement a proposé une réforme faisant passer la journée de travail à 13 heures. 

Oui, le gouvernement de Mitsotakis assure que cette réforme répond aux besoins des employeurs et que ce chiffre de 13 heures ne serait qu’un maximum, fait sur une base de volontariat et limité à 48 heures par semaine. En Grèce les employés peuvent déjà cumuler 13h de travail par jour, mais uniquement auprès de plusieurs employeurs. 

Les salariés et les syndicats craignent que ces journées épuisent les travailleurs et créent une concurrence intenable. Les grecs travaillent déjà quatre heures de plus que la moyenne européenne, pour un salaire minimum bien en deçà de la moyenne, avec 880 euros brut par mois. 

On termine ce journal en Afghanistan, coupé d’internet et de service téléphonique depuis le début de la semaine après que les autorités talibanes ont décidé de mettre fin aux communications sous prétexte de “prévenir le vice”. 

Oui, et les autorités internationales s’inquiètent de ce black out quasi général des communications afghanes. L’ONU a indiqué mardi avoir demandé une dérogation auprès des autorités, elles-mêmes difficiles à joindre d’après le coordinateur de la mission sur place, Indrika Ratwatte. L’ONU a ajouté mardi que ces blocages auront des “répercussions extrêmement graves”, avec un impact sévère sur “l’accès à des services essentiels, de la santé à l’éducation en passant par les services bancaires”. Depuis mardi, les vols internationaux à destination du pays sont tous annulés. 

Ce n’est pas la première fois que les autorités talibanes mettent en place des règles assez ubuesques.

Oui depuis leur retour en 2021, de très larges restrictions entravent le pays, et surtout à l’encontre des femmes. Elles n’ont plus le droit d’aller à l’école au-delà de leur 12 ans, de prendre la parole en public, ni même de marcher dans la rue sans être accompagnées par un homme. Selon l’ONU, 80% d’entre elles sont aujourd’hui sans emploi, ni formation.

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.