Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 17 décembre 2025

La Commission européenne a renoncé mardi à la principale mesure du Green deal (CE - Audiovisual Service) Aujourd'hui en Europe - 17 décembre 2025
La Commission européenne a renoncé mardi à la principale mesure du Green deal (CE - Audiovisual Service)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme :

  • l’UE : le Green Deal et les voitures électriques
  • Mercosur : le Parlement adopte protection renforcées ; Pression sur la France ; manifestations prévues à Bruxelles jeudi ; 
  • Donald Trump réclame 10 milliards de dollars à la BBC

On commence ce journal à Bruxelles ; la Commission européenne a annoncé hier renoncer à la principale mesure du Green Deal, sa feuille de route environnementale, qui prévoyait d’interdire la vente des voitures thermiques et hybrides neuves en 2035.

Oui, le mot clé à Bruxelles, c’est “assouplir”. Les constructeurs devront réduire leurs émissions de CO2 de 90% à partir de 2035, au lieu des 100% prévus par le Green Deal - un pas en arrière, dénoncé par les ONG de protection du climat, mais qui pose aussi des questions stratégiques : les 10% d’émissions autorisées devront, selon le texte voté mardi, être compensés par des carburants bio ou synthétiques et un système de calcul de crédits. ; une complexité administrative supplémentaire, contraire, donc, à la dynamique de simplification promue par l’Union européenne.

La raison de ce renoncement écologique, c’est la forte concurrence du marché.

Oui, cela faisait des mois que les constructeurs automobiles demandaient des “flexibilités” ; le secteur, en Europe, peine à se redresser et subit, modèle par modèle, la concurrence de la Chine. Cette année, le prix de l’hybride la plus vendue en Europe a d’ailleurs été remis à un constructeur chinois. 

Bruxelles veut que ses constructeurs restent dans la course à l'électrique alors que les ventes de ces types de véhicules s'accélèrent : 1,5 millions de voitures 100% électriques vendues depuis janvier ; +25% en un an. L’UE veut donner du mou à ses constructeurs pour reprendre le dessus, aux dépens de ses ambitions environnementales. Car, rappelons-le, Bruxelles s’est fixé l’objectif de réduire de 90% l’ensemble de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2040. Or, sur l’ensemble de ces émissions, un quart découle du transport terrestre. 

Et ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle pour le Climat : Bruxelles propose d’autoriser une grande partie des pesticides sans limite de temps.

Oui, et une nouvelle fois, le maître mot est “simplifier”. Le dixième omnibus de l’exécutif prévoit d’accorder à la majorité des pesticides une autorisation d’usage illimitée. Ils étaient jusqu'alors réévalués tous les 10 à 15 ans pour vérifier leur sûreté. Plus maintenant. Même dynamique concernant l’utilisation d’aérosol depuis les airs : pour des raisons évidentes de protection de la santé des agriculteurs et de la faune locale, cela avait été interdit depuis 2009 dans toute l’Union européenne. Plus maintenant. 

Valdis Dombrovskis, commissaire à l’économie, met en avant dans ces décisions “un éventail plus large de produits à disposition” des agriculteurs. Une simplification qui permettra aussi et surtout une économie de 428 millions d’euros par an pour les entreprises européennes, et de 661 millions d’euros pour les administrations de régulation nationales.

On continue ce journal à Strasbourg. Le Parlement européen a approuvé mardi de nouvelles mesures visant à protéger les agriculteurs de l’UE avec l’ambition de limiter l’impact du contesté accord de libre échange avec les pays d’Amérique du Sud, le Mercosur. 

Oui, une série de mesures qui prévoit, entre autres, un suivi des produits sensibles comme le boeuf, la volaille ou le sucre, particulièrement menacée par l’ouverture du marché aux exportations sud-américaines. 431 voix pour ; 161 voix contres ; l’issue du vote ne faisait pas trop de doutes. Il était d’ailleurs demandé depuis longtemps par certains Etats membres, comme la France, qui craignent de voir leur marché agricole inondé par cette nouvelle ouverture.

L’accord prévoit désormais une clause en cas de déstabilisation du marché pour réintroduire les droits de douane européens, en attendant le rééquilibrage entre l’UE et les pays d’Amérique latine. En chiffres : si le prix d’un produit du Mercosur est 5% inférieur à celui de la même marchandise dans l’UE et que le volume d’importations sans taxe augmente de 5%, la Commission interviendra. 

Et alors que Ursula von der Leyen prévoit de signer le traité samedi, au Brésil, elle essaye cette semaine d’obtenir l’aval des Etats membres. 

Oui, mais ce n’est pas gagné. Malgré les récentes avancées pour rassurer les indécis, la mobilisation agricole grandit. Des rassemblements sont prévus à Bruxelles ce jeudi, jusqu’à 10 000 personnes selon les syndicats. Ils viennent également protester contre la Politique Agricole Commune prévue dans le prochain budget - elle sera de moins de 30%, là où elle dépassait les 50% il y a vingt ans. 

Concernant les Etats membres, La France a demandé le report du vote de l’accord avec le Mercosur à 2026. D’autres pays comme l’Allemagne, au contraire, insistent pour signer le traité cette semaine. L’Italie enfin, fait partie des Etats membres que l’on pourrait qualifier de “swing states” - le gouvernement de Giorgia Meloni, qui ne s’est pas encore explicitement prononcé, pourra faire peser la balance. 

On termine ce journal à Pékin, qui a fait un pas hier en direction de Bruxelles. La Chine a décidé de fortement alléger ses taxes sur le porc européen, un signal d’apaisement dans un contexte de crainte d’escalade commerciale. 

Oui, une diminution clairement lisible : là où la Chine évoquait en septembre des droits de douane pouvant dépasser les 60%, elle s’est accordée hier sur des taxes comprises entre, à peu près, 5 et 20%. Une taxe malgré tout conséquente, tout de même, justifiée dans le communiqué du ministère chinois du Commerce par une injustice : les produits européens ont été vendus à des prix anormalement bas, préjudiciables mêmes, pour l’industrie locale. 

La décision met fin à un suspens de 18 mois : en juin 2024, alors que l’Europe vient d’annoncer une taxe sur les véhicules électriques chinois, le ministère du commerce de Pékin ouvre une enquête sur les importations de porc du Vieux continent. Une démarche à haute valeur politique, qui faisait craindre une escalade coûteuse aux deux pays commerçants. 

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.