Depuis septembre 2020, euradio propose, les huit de chaque mois, une journée consacrée aux voix féminines, baptisée " Le 8 des femmes ". Totalement inclusive et toujours à l’image de l’un de nos mots d’ordre : la diversité. À cette occasion, euradio réunit autour d'un thème, huit femmes, groupes, musiciennes, interprètes, vers lesquelles nous tendons une oreille particulière.
Ce mois-ci, " Le 8 des femmes " prend place à Rennes, en direct des 45èmes Rencontres Trans Musicales. Pour cette édition spéciale, nous vous proposons de plonger dans l’histoire du festival et de sa programmation : depuis 1979, Rennes a vu passer moultes artistes et groupes. Quid des artistes féminines ? Remontons le temps à la recherche de 8+1 femmes qui ont marqué l’histoire des Trans.
Si des artistes femmes sont présentes dès les premières éditions, elles sont alors accompagnées au masculin, comme le duo Niagara. Il faudra attendre 1982, les 4èmes rencontres, pour écouter notre premier groupe 100% féminin.
Nos artistes du jour nous emmènent alors au travers non seulement des styles et des pays, mais également des époques. Époques traversées dans 4 langues (français, anglais, portugais, ndebele) et dans 8 pays (France, Angleterre, Belgique, Etats-Unis, Zimbabwe, Autriche, Portugal, Angola).
1. DAISY DUCK, "Betty Boop" (chanté en français)
1982, les 4èmes Rencontres Trans Musicales.
Le premier groupe 100% féminin invité aux Trans est… niçois ! Daisy Duck, un trio ou quatuor selon les périodes, qui sortira deux EP en 1984 et 1985 mais qui ne rencontrera malheureusement pas son public. Derrière des reprises des sixties et des compos rock-bubble gum, on retrouve la chanteuse étatsunienne Diana Eckert, la guitariste Maï Calleja et la bassiste Myriam Escudier. Elles jouaient le vendredi 17 décembre 1982 à La Cité. Psssst, Samantha Cotta, la chanteuse du trio d’électro pop Hyphen Hyphen est la fille de Diana Eckert !
2. DANIELLE DAX, "Tomorrow" (chanté en anglais)
1985, les 7èmes Rencontres Trans Musicales.
Danielle Dax est une musicienne expérimentale qui débute sa carrière musicale au tout début des années 1980 avec le groupe punk The Lemon Kittens, dans lequel elle chante, joue de la flûte, du saxo et du clavier. L’artiste originaire de l’Essex se lance par la suite en solo et sort cinq albums. Elle raccroche tout en 1996 ; date à partir de laquelle Danielle se serait lancée dans une carrière de designer d’intérieur en parallèle de créations plastiques et sonores. Elle est passée à Rennes le jeudi 19 décembre 1985, à 20h dans La Cité.
3. Liza N'Eliaz, "Let The Bassdrum Go"
1987, les 9èmes Rencontres Trans Musicales.
Notre prochaine artiste nous emmène en Belgique ! Changement de pays, changement aussi d’ambiance : née en 1958 à Ostende, Liza N’Eliaz est une productrice et DJ de techno hardcore. D’abord membre de groupes comme Les Tueurs de la Lune de Miel ou Krise Kardiak, celle qui détestait les free parties se lance par la suite en solo dans la techno. Belge, mais aussi bretonne par alliance : elle finira par s’installer en Bretagne après avoir rencontré sa compagne, Yvette -une finistérienne- lors d’une tournée avec Krise Kardiak. Son nom de scène vient d’ailleurs en partie de là : Liza, d’après le surnom donné aux personnes trans en Flandres -la DJ était assignée garçon à la naissance-, et Neliaz, le nom de famille d’Yvette ! Elle meurt en 2001 d’un cancer du poumon mais figure encore comme une référence de la scène techno hardcore. Elle était à Rennes le mercredi 9 décembre 1987 à minuit, dans la salle Le Trap.
4. LUNACHICKS, "Jan Brady" (chanté en anglais)
1990, les 12èmes Rencontres Trans Musicales.
Les Lunachicks jouaient à UBU le jeudi 6 décembre 1990 à minuit. Groupe de punk rock venu tout droit de Brooklyn, Theo Kogan, Gina Volpe, Sydney Silver et Sindi Benezra sortent 5 albums de 1987 à 2001. Lunachicks, c’est alors une musique styleriot grrrrl : paroles engagées et punch du punk ! Sur l’affiche des Trans de l'époque, on peut lire le très vintage : “Attention les gars, rangez vos "joyeuses" voici les Lunachicks, cinq femelles qui nous viennent de Brooklyn“. Honnête de leur part, il permettra peut-être aux réfractaires du changement de saluer le temps qui passe.
5. DOROTHY MASUKA, "Hapo Zamani" (chanté en ndebele)
1991, les 13èmes Rencontres Trans Musicales.
Dorothy Masuka, c’est une vie de musique, d’engagements... et d’exil. Elle naît en 1935 en Rhodésie du Sud (Zimbabwe de nos jours), s’installe en Afrique du Sud par la suite, et commence sa carrière à l’âge de 19 ans. Chanteuse de jazz dans le spectacle African and Jazz Variety qui tourne dans le sud de l’Afrique, Dorothy gagne en visibilité et en succès. Mais dans les années 1960, ses chansons blues-jazz se politisent davantage et attirent l’attention du pouvoir : Dorothy y dénonce l’apartheid et les conditions de vie des populations noires. Condamnée à l’exil en 1961, elle fuit pendant plus de trente ans en Zambie. C'est en icône de résistance qu'elle décède en 2019. Elle était à Rennes le vendredi 6 décembre 1991 à la Cité !
6. MACY GRAY, "Do something" (chanté en anglais)
1999, les 21èmes Rencontres Trans Musicales.
Macy Gray est pour les Trans “l'une des incontestables révélations de l’année 1999”. La chanteuse de soul et r’n’b étatsunienne sort cette année-là son premier album, On How Life Is, qui la propulse sur le devant des scènes américaines d’abord, puis jusqu’à Rennes. Vingt ans et neuf albums plus tard, la salle parisienne Olympia la considère “comme une des figures majeures de la soul contemporaine”. Entre Billie Holiday, Marvin Gaye et des influences hip-hop, la musique de Macy Gray, c’est une capsule solaire. Elle jouait à Liberté Bas le vendredi 3 décembre 1999 à 23h55.
7. CLARA MOTO, "Glove Affair"
2008, les 30èmes Rencontres Trans Musicales.
Clara Prettenhofer, de son nom de DJ Clara Moto, commence les sets alors qu’elle est étudiante en musique classique et jazz : tous les mardis, elle mixe dans le bar étudiant qu’elle fréquente à Graz, en Autriche. La pianiste et compositrice marie avec élégance électro minimale et micro house, des mix spleen-mélodiques qui l’amène à se produire rapidement sur des scènes européennes, comme le festival suisse Montreux en 2007 où elle se fait remarquer par Agoria, le co-fondateur du label InFinéqui produit son premier EP la même année, puis quasiment la totalité de ses sorties depuis. Elle jouait le samedi 6 décembre 2008 au Parc des Expositions à 21h15.
8. PONGO, "Bruxos" (chanté en portugais)
2018, les 40èmes Rencontres Trans Musicales.
Engracia Domingos da Silva, dite Pongo, naît en 1992 à Luanda, en Angola ; la guerre civile y fait cependant rage, et sa famille déménage à Lisbonne, où elle grandit. Difficilement, victime de racisme dans un quartier à prédominance blanche. C’est ado qu’elle commence la musique, alors qu’elle découvre les scènes culturelles des diasporas africaines de la ville. Pongo (d’après la chanteuse congolaise M’Pongo Love) fait ses débuts avec le groupe de techno-kuduro Buraka Som Sistema avant de sortir son premier EP solo en 2018, Baia, qui la propulse sur les devants des scènes européennes. La musique de Pongo, c’est alors un mix entre l’afro-pop, le kuduro et le hip hop. Elle jouait au Parc expo le vendredi 7 décembre 2018 à minuit trente !
9. MURIEL GROSSMANN, "Resonance"
2022, les 44èmes Rencontres Trans Musicales.
Muriel Grossmann, un nom qui résonne depuis 20 ans dans la scène contemporaine de Jazz ! Scène transnationale à l’image de la saxophoniste : l’autrichienne est née en France, a grandi à Vienne, et vit depuis vingt ans à Ibiza, où elle crée son propre groupe. Groupe qui changera souvent de compositions au fur et à mesure des années, et avec lequel elle sortira une dizaine d’albums. Sa musique est parfois qualifiée de “jazz spirituel” par son milieu, des mélodies qui jouent au-dessus du sol. Elle jouait le dimanche 11 décembre 2022 à l’UBU !
Rendez-vous le mois prochain pour d’autres portraits, et d’ici là, écoutez 24 heures non stop de voix féminines européennes et internationales ce vendredi 8 décembre 2023 sur euradio !
Un article proposé par Hannah Tesson.
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Le 8 des femmes est une journée de programmation musicale entièrement consacrée aux voix féminines, qui s’écoute sur les antennes d’euradio en FM et en DAB+ à Nantes, en DAB+ à Nantes, Paris, Marseille, Lyon, Lille, Strasbourg, Toulouse, Bordeaux, Nice, Rennes, Rouen, Le Havre, Angers, Tours, Orléans, Saint-Nazaire, La Roche-sur-Yon, et partout en Europe et dans le monde sur www.euradio.fr
Pour en savoir plus sur “Le 8 des femmes” et sur la programmation musicale d’euradio, c'est par ici.
Un article de Hannah Tesson