Artiste européen·ne de la semaine

Marina P. (PARIS) - Artiste européenne de la semaine

Cécile André Marina P. (PARIS) - Artiste européenne de la semaine
Cécile André

Cette semaine, nous nous intéressons à la chanteuse italienne Marina P

 

Chapitre 1. Du jazz au dub, une curiosité éveillée

Marina P,  nom de scène de Marina Peloso, est une artiste italienne basée à Paris depuis maintenant plus de dix ans, qui grandit bercée par le jazz et les musiques noires. Elle se lance très jeune dans l'apprentissage de la musique, en débutant par une formation classique au violoncelle, puis le chant, qui deviendra son instrument principal. Connue pour sa voix soul et puissante, elle commence en s'inspirant des grandes figures du chant telles que Billie Holiday, Sarah Vaughan et Nina Simone. Et plus tard, elle s'ouvre vers de nouveaux genres plus modernes, comme le hip hop des Fugees et d'Erykah Badu, le trip hop de Massive Attack et l'électro-rock hypnotique de Björk. Elle déménage en France dans le début des années 2000. Et à son arrivée à la capitale, elle plonge dans la culture reggae-dub. Elle parcourt le pays avec son groupe Surviv'all, et intègre petit à petit la scène des sound system. En 2007, elle est révélée par son titre Divorce à l’italienne, produit par les écossais de Mungo's Hifi. C'est le début d'une grande aventure au son du dub et de bass music. Aujourd’hui, Marina P. joui d'une renommée internationale sur cette scène reggae-dub encore majoritairement masculine. Elle a une vingtaine de vinyles à son actif, et travaille avec les producteurs et les sound systems parmi les plus actifs de la scène actuelle. Elle participe à de nombreuses collaborations, et monte plusieurs projets en compagnie d'artistes talentueux, de Mungo's Hifi à Stand High Patrol, en passant par Wedding Dub, l'Entourloop, et tant d'autre. Elle se produit sur des scènes d'envergure, dans de grands festivals internationaux comme les Vieilles Charrues, Dour et Dub Camp. Mais il faut attendre 2013 pour qu'elle présente un premier album solo, My Homeys, paru sur son label spécialement créé pour cela, Homeys records.

  

  

Chapitre 2. Au cœur des sound system

Marina P. est une artiste très appréciée de la scène reggae-dub actuelle. C'est en France, lorsqu'elle aménage au début des années 2000, qu'elle plonge dans cette culture et qu'elle séduit son public avec sa voix soul qu'elle pose sur les rythmes dansants de la dub. Aujourd'hui elle est une figure reconnue dans la culture des sound system. Cette culture, qui est née dans le reggae, apparue à la fin des années 40 dans les ghettos de Kingston en Jamaïque. De Kingston à Londres, et aujourd'hui le monde entier, les sound systems se sont développés, et on séduits peu à peu le reste du monde. Du reggae-dub au rocksteady, en passant par la jungle, le drum and bass et le ska, ces styles musicaux sont toujours très appréciés du grand publics, et continuent à faire bouger les foules. Et Marina P., passionnée par cette culture, pose sa voix sur des riddims variés – des instrumentaux qui servent de base à une chanson et sont souvent utilisés par plusieurs artistes dans le monde du reggae et du dancehall. En 2020, le confinement l'empêchant de se produire sur scène, elle passe son temps à fouiller dans les archives à la recherche d'instrus de la vieille époque. Elle décide de composer à partir de ces musiques, et les réunit dans la Controvento Mixtape : vingt-deux minutes de vibes des années 1960 et 1970 à déguster sur la chaîne youtube de Stand High Patrol. On percevrait presque les crépitements des vieux vinyles tant l'ambiance vintage est respectée !

  

    

Vous l'aurez deviné, Marina P. est une musicienne passionnée et très curieuse. Seule et aux côtés d'autres artistes, elle participe à de belles collaborations. En France, elle a travaillé avec, entre autre, Stand High Patrol, L'Entourloop, Weeding Dub, Ondubground, Jahspora et Step-Art. Au Royaume Unis avec les écossais Mungo’s Hifi et Soom T. En Italie, avec Dub All Sense et Cool Runnings. Et puis plus loin, en Australie avec The Radiators ou en Allemagne avec Jahtari. Bien sûr, certaines de ses collaborations furent plus importantes et plus fructueuses que d'autres...

  

Chapitre 3. Des complices de toujours

Dans les chapitres précédents, nous avons exploré le parcours de Marina P., notamment ses nombreuses collaborations. Mais certaines ont été plus important que d'autres, et ont grandement participé au succès de Marina. Par exemple, son travail avec le sound system écossais Mungo's Hi Fi fut déterminante pour la musicienne, puisque c'est eux qui, en 2007, la révèle à leur large public. Né en 2000 à Glasgow, Mungo's Hi Fi est encré dans la tradition du sound system jamaïcain, ils produisent et interprètent leur propre reggae-dub. Un groupe reconnu et prolifique, qui a sorti une dizaine d'album et un certain nombre d'EP et de single, collaborant avec une grande variété d'artistes. Le soundsystem écossais découvre Marina P. en 2005, et décide de la produire. En 2007, ils proposent à Marina de poser sa voix sur leur album Belly Ska Riddim. C'est sur celui-ci qu'elle présente le titre qui lance son succès : Divorce à l’italienne.

  

  

C'est le début d'une belle amitié musicale. Ils s'entendent tellement bien qu'ils décident de travailler ensemble sur un autre album en 2020, Soul Radio, témoignant de leur complicité musicale. Les 10 titres qui font l'album nous embarquent dans un mélange de rocksteady, reggae, bass music qui invite à la danse, notamment avec Mama Was Right, Divorce À L’Italienne et Trouble And Worries. Parmi les pépites musicales de l'album on y trouve Soma, une reprise du titre des Smashing Pumpkins – un groupe de rock américain- en version rocksteady. Et puis deux superbes featuring, en compagnie de deux grands noms du rub-a-dub jamaïcain - un sous-genre du reggae, que sont Tippa Irie et Dennis Alcapone - sur The Beat Goes SKA! qui, comme son nom l’indique, est un mélange de ska et de rub a dub. Un savoureux mélange de reggae, de dub, d'électro, de trip hop et de soul, qui se termine par Wouldn't It Be Something.

  

  

Chapitre 4. Un été extraterrestre

Hier, on l'a vue rencontrer le sound system écossais Mungo's Hi Fi, qui a été déterminant pour la musicienne, car c'est en parti grâce à eux qu'elle doit son succès. D'ailleurs, plus qu'une collaboration, c'est une amitié et une grande affinité artistique qui a émergé entre eux. Mais ce ne sont pas les seuls. Parmi les nombreux artistes avec qui elle a travaillé, elle a aussi trouvé une complicité musicale avec le sound system breton Stand High Patrol. Ils publient en 2018 Summer On Mars, une rencontre du hip Hop Jazzy aux accents G-Funk (gangsta funk) de Stand High Patrol et de son compositeur Pupajim, avec les influences soul de la voix de Marina P. De Working Class, qui ouvre le bal avec son timbre blues, jusqu'à Rosetta, qui clôt l'album avec son dubadub, dont Stand High Patrol est l’inventeur et qui désigne un mélange le dub, le dubstep et le reggae. L'album nous emmène dans des ambiances sombres, comme avec Landlord, qui présente des accents plus minimalistes et obscures que les autres productions. Ils vont aussi dans des ambiances plus légères et lumineuses, comme avec Spring Rain, sublimé par des notes de trompette. Enfin, ils s'écartent du genre, notamment avec la transe hip hop de Summer on Mars, du même nom que l'album.

  

  

Chapitre 5. Un album plein de reconnaissances

Pendant près de 20 ans, Marina P. nous a régalé avec son reggae-dub envoûtant, auprès d'artistes brillants venus des quatre coins de l'Europe. Dans les précédents chapitres, nous avons rencontré la musicienne italienne, et avons jeté un bref regard sur ses nombreux projets en collaboration. Très souvent invitée par d'autres artistes, elle a présenté en 2013 son premier album My Homeys – qui se trouve être son seul album à ce jour - paru sur son propre label Homeys Records. Une autoproduction donc, mais qu'elle a souhaité réaliser avec ses plus proches collaborateurs, ses compagnons de live et de studios, venus de toute l’Europe. 10 titres chargés en basse et en groove, conçus avec des artistes et producteurs réputés sur la scène reggae-dub. Cet album résonne un peu comme un hommage ou un remerciement aux artistes qui l'ont entourés dans sa carrière. Ainsi, en plus de trois instrus maisons signées Homeys – le nom de son label -, elle pose sa voix sur des instrus d'autres musiciens. Chinatownpar exemple, qu'on a écouté en début de chronique, est produit par les écossais Mungo's Hi Fi, avec qui elle partage une grande complicité artistique et à qui elle doit son succès. Et puis Stand High Patrol, avec qui elle a mainte fois collaboré, lui offrent une instru pour Inna Summertimes. Homeland se construit à partir d'une instru de DJ Madd, Got est produit par Ondubground, Soulles se fait avec Soul Vybz - le label du sound system parisien Soul Stereo - et puis Free Mese compose avec une prod de Jahtari. Et fidèle à elle-même, Marina P. continue d'explorer et de revisiter le genre, en proposant des titres originaux comme Youth, une sorte de pop house aux accents dupstep et bass music, une instru produite par Step-Art.

  

  

My Homeysest un bon concentré de ce qu'est Marina P. : une excellente chanteuse à la voix soul et puissante, munie d'une belle plume et nourrie de nombreuses influences. Avec cet album, elle montre qu'elle est à l’aise sur tous les styles de riddim. Un album paru en 2013, rappelons-le, il y a 10 ans donc. La musicienne italienne a par la suite proposé de nombreuses pépites, et n'a pas arrêté de faire bouger la scène dub européenne.

  

Une émission proposée par Mari le Diraison.