Chaque mois, dans Histoire d'Europe, Thierry Piel, maître de conférence en histoire ancienne, dresse le portrait d’éminents personnages historiques dans une émission ponctuée d’une playlist d’époque !
Le désastre subi par la flotte russe dans les eaux du détroit de Corée à l’est de l’île de Tsushima les 27 et 28 mai 1905 résonna comme un coup de tonnerre dans toutes les capitales occidentales. Pour la première fois depuis longtemps, un État non européen avait militairement eu raison d’un État occidental.
À l’origine de cet affrontement, nous trouvons l’expression de deux impérialismes antagonistes ; tout d’abord celui d’un empire russe en quête d’un accès aux mers chaudes, un objectif devenu atteignable depuis 1858 lorsque la Chine ouvrit les portes de la Mandchourie septentrionale à son puissant voisin. De son côté le Japon, contraint en 1854 à signer un traité commercial inégal avec les U.S.A., réagit en engageant en 1868 une modernisation du pays à marche forcée incluant la création d’une armée moderne à l’européenne.
Lors d’une guerre-éclair contre la Chine en 1894-1895, elle écarte cette dernière de la péninsule coréenne mais ne tarde pas à se heurter à une Russie occupée à priver le Japon des fruits de sa victoire, et tout particulièrement de l’arsenal de Port-Arthur. Le tsar Nicolas II persuadé qu’il vaincra facilement les Japonais pousse ces derniers à lui déclarer la guerre.
La victoire du Japon, en même temps qu’il lui permet désormais de tutoyer les puissances occidentales, sera par ailleurs le cruel révélateur des fragilités d’un Empire russe qu’une autre guerre emportera douze années plus tard.