Chaque vendredi, l'équipe d'euradio à Bruxelles décrypte l'actualité et le travail d'une institution européenne.
Au programme :
- Prolongation de la protection temporaire dont bénéficient les Ukrainiens
- Accord politique trouvé par les participants du sommet du G7 concernant l’utilisation des avoirs russes gelés.
- Lourde condamnation de la Hongrie par la Cour de justice de l’Union européenne pour son non-respect du droit européen en matière d’asile.
Bonjour, ouvrons ce journal en évoquant cette annonce à l'issue du Conseil des ministres européens : la protection temporaire dont bénéficient les Ukrainiens qui ont fui la guerre sera prolongée jusqu'en mars 2026.
Une protection temporaire qui avait été accordée en mars 2022 - par une décision unanime des 27 - tout juste une semaine après le déclenchement de l'agression militaire de Moscou en Ukraine. Cette directive de 2001 n'avait jamais été utilisée jusqu'alors. L'exécutif européen a estimé qu’une nouvelle prolongation était nécessaire, alors que les forces ukrainiennes peinent à tenir la ligne de front et que les frappes aériennes russes continuent de tuer des civils et de dévaster le réseau énergétique du pays.
Et qu’est-ce que concède ce mécanisme de protection pour les déplacés ukrainiens qui en font la demande ?
Entre autres choses, la protection temporaire leur permet d'accéder à un droit de séjour, au marché du travail européen, au logement, à l'aide sociale ou encore à l'assistance médicale à l’échelle de l’Union européenne.
Alors que selon le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés ils seraient plus de 6 millions de réfugiés ukrainiens dans l'ensemble de l'Europe, d’après Eurostat - il y aurait actuellement, près de 4,2 millions de personnes déplacées provenant d'Ukraine - dont un tiers seraient des enfants - à bénéficier de cette protection.L'intégration de ces derniers reste un défi pour les 27 qui se doivent de fournir un enseignement de qualité aux enfants et de soutenir les adultes dans leur recherche de travail.
Avec plus d’un quart de la population ukrainienne qui a fui la guerre en près de trois ans, avons-nous une idée des pays européens qui accueillent le plus de déplacés ukrainiens ?
Avec une présence de près de 1,2 million d’Ukrainiens sur son territoire, l'Allemagne est l’État membre qui traite le plus de demandes de séjour. Elle est ensuite suivie de près par la Pologne qui en accueille près d'un million, et ensuite de la République tchèque ou près de 400.000 Ukrainiens contraints de fuir la guerre se sont installés en attendant de pouvoir rentrer chez eux.
Poursuivons ce journal en évoquant l’accord politique trouvé jeudi 13 juin par les participants du sommet du G7 concernant l’utilisation des avoirs russes, gelés par les sanctions occidentales depuis le début de la guerre.
Oui, les dirigeants des sept pays occidentaux les plus industrialisés se sont finalement entendus pour débloquer un prêt de 50 milliards de dollars à destination de Kiev sous l’impulsion des États-Unis. Ce “méga-prêt” sera donc garanti par les bénéfices générés par les actifs russes immobilisés. À noter que ce sont près de 300 milliards d'euros d’avoirs qui se trouvent immobilisés sur le marché européen, et qui continuent de générer des intérêts.En marge des discussions du G7, les États-Unis et l’Ukraine ont conclu un accord bilatéral de sécurité sur 10 ans.
Un soulagement pour Kiev alors que depuis plusieurs mois des divergences profondes entre les États-Unis et l’UE empêchaient toute conclusion d’un accord reposant sur une garantie des actifs russes.
Oui, si Bruxelles et Washington s’accordaient sur la nécessité d’utiliser cette manne financière importante, les modalités d’utilisation de ces fonds divisaient jusque là le bloc occidental. Les 27 souhaitaient initialement que les bénéfices de ces actifs russes servent à financer l’envoi d’armes et de munitions à l’Ukraine, dans le cadre de la facilité européenne pour la Paix. Jeudi 13 juin, les réticences européennes - principalement de la France et de l'Allemagne semblent donc avoir été levées, les dirigeants se sont finalement alignés sur la position américaine.
Toutefois il ne s’agit à ce stade que d’un accord de principe, les modalités devant encore faire l’objet de discussions.
Oui, les chefs d'État et de gouvernement du groupe des sept se sont accordés sur les grandes lignes de ce prêt. Objectif : envoyer ce nouveau paquet d’aide à Kiev d’ici la fin de la l’année.
On termine notre tour de l’actualité en mentionnant la lourde condamnation de la Hongrie par la Cour de justice de l’Union européenne. En cause : le non-respect du droit européen en matière d’asile.
Le couperet est tombé jeudi 13 juin pour Budapest. La plus haute instance juridique de l’Union condamne le pays à une amende de 200 millions d'euros, auxquels vient s'ajouter un million d’euros supplémentaires par jour de retard. Depuis plusieurs années, la Hongrie freine le dépôt des demandes d’asiles sur son sol, ce qui a pour effet de transférer la responsabilité aux autres États membres. La Cour estime que le comportement de Budapest "porte une atteinte grave au principe de solidarité”. Un manquement qui avait déjà été pointé du doigt par la Cour dans un arrêt de décembre 2020 et qui explique cette nouvelle condamnation.
Le Premier ministre Viktor Orban, à la tête du pays depuis 2010, n’a d’ailleurs pas attendu pour manifester son indignation face à la décision de la cour qu’il qualifie, je cite “de scandaleuse et d’inacceptable”.
Le dirigeant populiste, ouvertement anti immigration, accuse Bruxelles de se préoccuper davantage des migrants illégaux que des citoyens européens. À noter qu’il est un des plus fermes opposants au pacte asile et migration. Un texte adopté mi-mai qui refonde la politique migratoire européenne autour des principes de solidarité et d’externalisation des demandes d’asile aux frontières de l’UE.
Un journal d'Alizée Lambin et Paloma Biessy